Enquête

Ces 13 grandes tendances tech et numériques à suivre en 2022

17 janvier 2022
Par Kesso Diallo, Thomas Estimbre
Les sujets qui feront parler d’eux cette année.
Les sujets qui feront parler d’eux cette année. ©Shutterstock

Metaverse, cryptomonnaies, greentech, santé connectée… De nombreux sujets et défis attendent l’industrie de la tech et du numérique en 2022. Focus sur les grandes tendances qui vont marquer cette nouvelle année, et dont on va entendre parler.

Quelques jours après un CES dans une version hybride, on fait le point sur les sujets et défis qui attendent le secteur du numérique et des nouvelles technologies dans les 12 prochains mois. Les thématiques sont nombreuses et reflètent les préoccupations de notre société : santé connectée, greentech, régulation numérique, pénurie de composants… On y retrouve également les tendances qui poursuivent leur développement – comme les réalités virtuelle et augmentée, l’IA, la 5G, les cryptomonnaies, la cybersécurité, les voitures autonomes ou encore les NFT – et celles, plus récentes, qui vont faire parler d’elles, telles que le metaverse et le Web 3.0, qui devraient occuper (pour longtemps ?) le devant de la scène. Autant de sujets qui transforment déjà le monde d’aujourd’hui et façonnent celui de demain.

La régulation européenne du numérique

Depuis décembre 2020, l’Union européenne (UE) entend réguler les plateformes numériques avec deux règlements : le Digital Services Act (DSA) et le Digital Markets Act (DMA). Ensemble, ils sont censés mettre fin à l’irresponsabilité des géants du numérique. Le premier en protégeant davantage les consommateurs et leurs droits fondamentaux en ligne, et en luttant contre les contenus illicites tels que la pédopornographie en imposant de nouvelles règles aux plateformes. Le but du second est de garantir que certaines d’entre elles, qualifiées de « contrôleurs d’accès », se comportent équitablement en ligne. C’est un moyen d’empêcher les grandes sociétés d’abuser de leur position dominante sur le marché.

Les deux règlements devraient être adoptés de manière définitive cette année. Fin novembre, les pays membres de l’UE ont adopté une position commune sur les deux textes. En décembre, ce sont les députés du Parlement européen qui ont approuvé leur propre version du DMA. Ils devraient en faire de même pour le DSA en janvier. Cette étape est suivie des négociations entre les eurodéputés et le Conseil de l’UE, avec la présence de la Commission, afin de parvenir à un accord sur une seule et même version des deux textes. Ce processus, connu sous le nom de trilogue, a démarré le 11 janvier pour le DMA. La France, qui préside l’UE depuis le 1er janvier pour une période de six mois, a l’ambition de faire aboutir ces règlements pendant son mandat.

Les cryptomonnaies

15 800 milliards de dollars. Ce montant représente l’ensemble des transactions de cryptomonnaies effectuées en 2021. Ces monnaies numériques ont attiré des investisseurs, mais elles ont aussi intéressé plusieurs secteurs, de l’art aux jeux vidéo, en passant par le cinéma. Des pays ont par ailleurs choisi de les inclure dans leur système financier. C’est le cas du Salvador qui, après avoir fait du bitcoin une monnaie légale en septembre dernier, a dévoilé son projet de construire une ville entièrement dédiée à ce célèbre actif numérique.

L’engouement pour les cryptomonnaies ne devrait pas s’arrêter en 2022, malgré les risques y étant associés. Elles peuvent en effet faire l’objet d’usages criminels. Les transactions illégales auraient d’ailleurs représenté 14 milliards de dollars en 2021, avec des vols ou des arnaques. Ces dangers sont principalement dus au manque de régulation, sujet qui devrait revenir sur la table cette année. Plusieurs acteurs sont en faveur d’une réglementation de ces actifs. L’Inde, par exemple, prépare une loi pour interdire les cryptomonnaies privées et créer sa propre monnaie numérique officielle. Inquiet des risques que présente cet écosystème, le Fonds monétaire international a appelé à une régulation mondiale le mois dernier.

Lire aussi

Les NFT

Début 2021, les jetons non fongibles (NFT) étaient inconnus de la plupart des gens. À la fin de l’année, 40 milliards de dollars ont été dépensés dans ces objets numériques certifiés par la blockchain selon une étude de Chainalysis. Très présents dans le monde de l’art, notamment avec une œuvre de l’artiste Beeple vendue pour 69,3 millions de dollars, ils ont également permis la vente de plusieurs objets historiques sous forme numérique et à des prix élevés l’année dernière. La première page de l’encyclopédie Wikipédia a ainsi été achetée aux enchères pour 750 000 dollars, le premier tweet de l’ancien PDG de Twitter Jack Dorsey a été vendu pour 2,9 millions de dollars, le premier SMS au monde pour 107 000 euros…

Les NFT ont été tellement évoqués en 2021 que les Français ont été nombreux à questionner Google sur le sujet. Depuis peu, des marques célèbres comme Adidas investissent dans ces actifs afin de vendre des vêtements réels et virtuels. Cela leur permet de se développer dans le… metaverse, un concept de monde virtuel qui a été tout aussi populaire en 2021 et dans lequel les NFT pourraient constituer un élément important.

Lire aussi

Le metaverse

Ce terme inventé par Neal Stephenson dans un roman de science-fiction en 1992 a connu un regain de popularité en 2021. Utilisé pour désigner un monde virtuel accessible grâce aux réalités virtuelle et augmentée, il est considéré par certains comme la prochaine révolution numérique. Depuis quelques mois, les entreprises sont nombreuses à s’y intéresser, à commencer par Meta (ex-Facebook), qui est allée jusqu’à changer de nom pour refléter son projet de metaverse. Chaque société partage sa vision de ce monde virtuel, censé permettre aux futurs utilisateurs de se divertir, de travailler ou encore de socialiser. Ces derniers temps, ce terme est surtout évoqué par rapport aux marques et aux célébrités qui s’y intéressent.

Un aperçu du metaverse de Meta.©Meta

2022 ne sera pas l’année où tout le monde abandonnera le monde réel pour le monde virtuel, mais elle sera l’occasion pour les marques de continuer à expérimenter dans le metaverse et pour les entreprises de développer leur vision. Cette année devrait aussi voir émerger des règles, d’autant plus que les problèmes tels que le harcèlement sexuel ont déjà commencé à se manifester. Enfin, le metaverse devrait être mentionné avec le développement des équipements de réalité virtuelle.

Le contrôle parental

Fin 2021, le contrôle parental s’est annoncé comme un moyen pour les plateformes de prouver qu’elles veulent protéger les jeunes alors qu’elles sont justement accusées de nuire à leur santé mentale. 2022 permettra de voir si leurs efforts sont concrets. Adam Mosseri, PDG d’Instagram, a déclaré que des outils censés permettre aux parents de surveiller et de bloquer le temps d’utilisation de leurs enfants sur la plateforme seraient introduits dès le mois de mars. Snapchat a également indiqué travailler sur un outil fonctionnant comme un « centre familial » et offrant aux adultes une plus grande visibilité sur les activités de leurs enfants sur l’application afin de les protéger. D’autres plateformes comme YouTube ont indiqué l’arrivée de fonctions similaires, mais sans fournir plus de détails.

Outre les réseaux sociaux, le contrôle parental est considéré comme un moyen de protéger les mineurs sur Internet par les législateurs. En France, l’Assemblée nationale examine une proposition de loi pour encourager l’usage de ce système sur les smartphones, ordinateurs et autres objets connectés depuis le 12 janvier. Ce serait par ailleurs un moyen d’éviter aux enfants de tomber sur des contenus inappropriés comme la pornographie.

Lire aussi

Intelligence artificielle et cybersécurité

Bien évidemment, l’intelligence artificielle (IA) sera d’actualité en 2022, avec les algorithmes, les robots et d’autres développements. Elle sera notamment abordée à travers la question de l’éthique. Cette technologie suscite en effet toujours des inquiétudes par rapport aux éventuels préjudices liés aux données utilisées pour l’entraînement d’un système, à l’image de la reconnaissance faciale. L’éthique était déjà un sujet important fin 2021, l’Unesco ayant publié une recommandation mondiale sur le sujet ou la Chine ayant présenté des lignes directrices à ce propos.

L’IA sera aussi mentionnée en 2022 avec les voitures autonomes. Celles-ci ont d’ailleurs fait parler d’elles au CES en début d’année, où plusieurs entreprises ont annoncé leur intention de commercialiser des modèles pour un usage personnel. La technologie n’est, certes, pas encore parfaite, mais certaines marques ont connu des avancées en 2021. Les marques Waymo et Cruise ont été autorisées à commercialiser leurs services autonomes en Californie, Mercedes-Benz prévoit de vendre un véhicule de ce genre en Allemagne cette année après avoir obtenu l’approbation du pays sur son système de niveau 3, et la France, qui en est au stade d’expérimentation, a pour objectif de faire circuler des voitures autonomes sur des zones prédéfinies dès septembre 2022.

Côté cybersécurité, la fin de l’année a été marquée par un vent de panique sur le Net à la suite de la découverte d’une faille dans un logiciel utilisé par plusieurs services et applications. Une inquiétude justifiée par le fait que les cybercriminels exploitent généralement ces vulnérabilités pour s’en prendre à leurs victimes. Les entreprises, hôpitaux et autres organisations ont d’ailleurs été nombreux à être ciblés par des rançongiciels en 2021. Très lucrative, cette technique consistant à bloquer l’accès aux systèmes informatiques jusqu’au paiement d’une rançon sera toujours employée par les cybercriminels en 2022. Ces derniers continueront également de miser sur la popularité des cryptomonnaies pour se faire de l’argent en élaborant des arnaques plus ou moins sophistiquées comme ils l’ont fait l’année dernière. Face à la montée de ces délits informatiques, les efforts des pays pour renforcer leur cybersécurité devraient se poursuivre.

Lire aussi

La réalité virtuelle et la réalité augmentée

La réalité augmentée et la réalité virtuelle sont deux technologies différentes qui tentent de s’imposer depuis quelques années. Elles ne sont d’ailleurs pas nouvelles et de nombreux acteurs ont tenté de les imposer auprès du grand public ou du monde de l’entreprise, avec plus ou moins de succès. En 2022, elles pourraient enfin s’imposer avec l’aide du metaverse. Le sujet (voir plus haut) est au cœur d’une bataille féroce entre les géants de la tech, prenant la forme d’un univers dans lequel le réel et le virtuel finissent par se confondre. Ce résultat est obtenu par l’intermédiaire des technologies de la réalité virtuelle, qui favorise l’immersion, et de la réalité augmentée, qui enrichit le monde réel en ajoutant divers éléments virtuels.

Très attendues, elles vont continuer à accompagner les casques et autres lunettes connectées au cours des prochains mois. Plusieurs fabricants se sont récemment distingués (Meta, Xiaomi, Oppo, Huawei…) et la compétition risque de s’accentuer. Apple pourrait également entrer sur le marché, qui attend un signal fort pour enfin décoller. Une arrivée qui changerait beaucoup de choses, à commencer par le regard des utilisateurs.

Lire aussi

La pénurie des composants

Sujet brûlant ces derniers mois, la pénurie de composants électroniques va encore faire l’actualité en 2022. Il ne fait guère de doute que cette crise des semi-conducteurs continuera à perturber de nombreuses industries comme la tech ou l’automobile. Si certains fabricants et experts tablent sur une légère amélioration de la situation, d’autres se montrent plus prudents et anticipent en faisant évoluer leur stratégie. Cela conduit certains à prendre des décisions surprenantes, comme Sony, qui prévoit de relancer la production de PlayStation 4 pour pallier l’absence de PlayStation 5 sur les étals.

Au cours des 12 prochains mois, la situation devrait rester tendue et les problèmes vont persister. Cette crise perturbe les livraisons de produits électroniques alors que la demande progresse, entraînant une hausse des prix au moins jusqu’à la mi-2022. En fin d’année, la situation pourrait enfin s’améliorer, au grand soulagement des fabricants et des consommateurs.

Lire aussi

La 5G

En France, la 5G est devenue une réalité à la fin de l’année 2020 après avoir connu un retard au démarrage en raison de la crise sanitaire. Dans l’Hexagone comme sur les autres continents, le bilan est mitigé et la technologie n’emballe pas vraiment les utilisateurs. Ce constat n’est pas une surprise et s’explique par la jeunesse de ce réseau mobile de cinquième génération, dont les usages restent à développer. En cours de déploiement aux quatre coins du monde, la 5G n’a pas encore libéré son potentiel et cela ne devrait pas forcément changer dans les mois qui viennent. La priorité reste de rendre la 5G accessible au plus grand nombre et de laisser le temps aux utilisateurs de s’équiper. Si la plupart des smartphones sont désormais compatibles, il faut encore qu’ils soient renouvelés et s’accompagnent d’un forfait 5G. Or, les offres 5G sont généralement plus onéreuses que les abonnements en 4G, pour un intérêt qui peut sembler limité.

On prévoit néanmoins que la 5G progresse dans les années à venir et il faudra attendre la fin de l’année 2022 voire 2023 pour voir cette technologie prendre complètement son envol. « Dans l’usage quotidien du mobile, on ne perçoit pas la différence. Les vrais usages de la 5G arriveront avec la deuxième étape, fin 2022 début 2023 », expliquait Olivier Roussat, directeur général de Bouygues Telecom, il y a quelques mois. Le rendez-vous est pris.

Lire aussi

Le Web3

Si Elon Musk n’est pas un grand fan du Web3, qu’il qualifie de « connerie », force est de constater que le Web arrive à un nouveau tournant de son histoire. Dans nos colonnes, nous sommes récemment partis à la découverte de Web 3.0 qui s’annonce comme la prochaine révolution d’Internet. Ses premiers contours se dessinent et évoquent une nouvelle génération s’appuyant sur la blockhain pour créer un Web décentralisé. Un retour aux sources pour un World Wide Web dont les dérives inquiètent son inventeur depuis de nombreuses années.

Le Web 3.0 est prêt à prendre son envol.©Olivier Le Moal/Shutterstock

En 2022, cette notion de Web3 – parfois utilisée comme un buzzword – devrait continuer à animer les débats. Comme pour le Web 2.0, il est pourtant difficile de prédire à quelle date nous entrerons dans le Web 3.0. Évoqué depuis quelques années, l’anti-Web 2.0 existe déjà avec la Web3 Foundation et interpelle tout particulièrement l’univers des cryptomonnaies. S’il semble avoir déjà entamé sa mutation, le Web de demain pourrait attendre le metaverse promis par les géants actuels du numérique pour devenir plus concret.

La santé connectée

Sujet phare des différents salons comme le CES, la santé connectée occupe une place encore plus grande depuis la pandémie. Derrière la forte progression des objets connectés, tout un écosystème de produits dédiés à la santé est en train de se développer. Montres connectées, trackers d’activité, balances connectées, tensiomètre… Les dispositifs pour surveiller sa santé se multiplient et deviennent toujours plus intelligents.

La crise du Covid-19 a également aidé l’e-santé à connaître une progression sans précédent, via notamment la démocratisation de la téléconsultation. En 2022, le secteur voudra continuer à surfer sur la vague et de nombreux éléments plaident à sa faveur. La santé connectée se présente plus que jamais comme une solution pour désengorger les salles d’attente, apporter une solution aux déserts médicaux ou simplement faciliter les consultations médicales. Du côté des appareils, on s’attend à de nouvelles fonctionnalités sur les appareils grand public comme la mesure de la glycémie. Souvent présenté comme la maladie ou le fléau du XXIe siècle, le diabète intéresse de nombreux constructeurs de montres connectées qui pourraient renforcer les fonctions santé de leurs futurs produits.

Lire aussi

La greentech

Les technologies vertes ont le vent en poupe dans l’univers des technologies depuis quelques années. La crise climatique inquiète le secteur et de plus en plus d’entreprises cherchent à agir concrètement en faveur de l’écologie. Les promesses de neutralité carbone se multiplient chez les géants du numérique, même si ces discours divisent. Face au « greenwashing », les initiatives s’enchaînent et de nouveaux acteurs tentent d’émerger. Pour Bill Gates, cofondateur de Microsoft, il ne fait aucun doute que les entreprises spécialisées dans les technologies vertes sont l’avenir.

L’année 2022 devrait continuer d’aider ce secteur, même s’il faudra encore patienter avant de découvrir des géants. « Il y aura des entreprises du type Microsoft, Google, Amazon qui sortiront de cet espace [greentech ou cleantech] », estime Bill Gates. Le secteur « vert » est notamment celui de la voiture électrique qui continue de se développer, mais aussi de technologies comme la capture du CO2 dans l’air, de l’hydrogène vert ou encore des carburants durables d’aviation. Le stockage d’énergie de longue durée apparaît également comme un secteur d’avenir. Plus proches de nous, les objets connectés permettant de réduire sa consommation et les émissions de carbone – comme les thermostats – vont continuer d’être mis en avant.

À lire aussi

Lire aussi

Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste
Thomas Estimbre
Thomas Estimbre
Journaliste