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Pourquoi le déploiement de la 5G continue-t-il d’inquiéter les acteurs du secteur aérien

22 décembre 2021
Par Thomas Estimbre
Pourquoi le déploiement de la 5G continue-t-il d’inquiéter les acteurs du secteur aérien
©Creative Commons

Aux États-Unis, les dirigeants de Boeing et d’Airbus demandent un report du déploiement de la 5G. lls estiment en effet que le réseau de nouvelle génération pourrait entraîner des perturbations. Une « inquiétude » partagée par le régulateur américain des transports.

La 5G continue de susciter la méfiance des acteurs du secteur aérien, qu’ils s’agissent des compagnies aériennes, des avionneurs et des régulateurs. Reuters rapporte que les dirigeants d’Airbus et de Boeing ont demandé à l’administration Biden de retarder le déploiement de la 5G aux États-Unis. Ils estiment que cela pourrait nuire à la sécurité aérienne.

Les avionneurs européen et américain ont demandé au secrétaire américain aux Transports, Pete Buttigieg, de soutenir le report du déploiement de la technologie 5G dans la bande C, prévu par les opérateurs AT&T et Verizon le 5 janvier. Cette « C-Band », qui va de 3,4 et 4,2 GHz (et vise plus particulièrement la page de 3,7 à 3,98 GHz), est proche de la « bande-cœur » française (3,4 à 3,8 GHz).

Les directeurs généraux Dave Calhoun (Boeing) et Jeffrey Knittel (Airbus Americas) ont fait part de leur requête dans une lettre commune consultée par Reuters. « Les interférences 5G pourraient nuire à la capacité des avions à fonctionner en toute sécurité », indique la lettre, ajoutant qu’elles pourraient avoir « un énorme impact négatif sur l’industrie aéronautique ». Cette décision est confirmée par l’AFP qui a pu s’entretenir avec un porte-parole d’Airbus. « Nous confirmons que le directeur général d’Airbus Americas, Jeff Knittel, et le PDG de Boeing, David Calhoun, ont cosigné une lettre adressée au secrétaire aux Transports américain Pete Buttigieg, détaillant les inquiétudes partagées du secteur de l’aviation sur le déploiement de la 5G aux États-Unis ».

La source précise au passage que les deux avionneurs « travaillent, avec d’autres acteurs du secteur aéronautique aux États-Unis, à comprendre les interférences potentielles de la 5G avec les radioaltimètres ». Cette sortie vise à renforcer la pression sur les régulateurs américains dans cette affaire qui oppose le secteur aérien aux opérateurs de téléphonie mobile.

L’agence américaine de l’aviation (FAA) avait déjà fait part de ses inquiétudes concernant de potentiels problèmes d’interférences entre la 5G et les radioaltimètres, des appareils utilisés pour mesurer l’altitude d’un avion. Elle avait également émis un bulletin spécial afin de demander des informations supplémentaires, puis publier des consignes de navigabilité en début de mois.

Dans le même temps, les opérateurs Verizon et AT&T ont accepté de repousser le déploiement de leurs réseaux 5G. Des informations supplémentaires ont été fournies et les opérateurs ont décidé d’adopter des mesures de précaution pour que la FAA procède à des analyses. L’objectif était également de faire retomber la tension entre le gendarme américain de l’aviation (FAA) et le régulateur des télécoms (la Federal Communications Commission (FCC)), mais le conflit dure entre les deux autorités et ne profite pas à la 5G.

L’inquiétude retarde la mise en service de la 5G aux États-Unis

Les États-Unis, qui ont joué un rôle pionnier dans le déploiement de la 5G, pourraient prendre du retard. Une situation délicate alors que la 5e génération de télécommunication est au cœur de la bataille technologique que se livrent le pays de l’Oncle Sam et la Chine.

En France, le sujet divise aussi. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a d’ailleurs émis des réserves en début d’année (PDF). Elle a « alerté » les opérateurs sur « le risque potentiel de perturbations des radioaltimètres » et recommandé une série de mesures. L’autorité conseille notamment d’éteindre les appareils compatibles 5G à bords des appareils.

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Thomas Estimbre
Thomas Estimbre
Journaliste
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