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Malditos : la nouvelle série française de Max s’inspire-t-elle d’une histoire vraie ?

05 mai 2025
Par Sarah Dupont
“Malditos”, le 2 mai sur Max.
“Malditos”, le 2 mai sur Max. ©Max

Derrière ce thriller tendu se dessine un autre récit, plus discret : celui d’une communauté peu représentée à l’écran, les Yéniches, et d’un réalisateur qui leur donne enfin voix, entre fiction et écho du réel.

Dans une Camargue rongée par les eaux, une mère gitane et ses deux fils se battent pour sauver leur clan de l’expulsion. Entre trafics, conflits interclaniques et poids d’un secret enfoui depuis sept ans, ils n’ont plus d’autre choix que de franchir la ligne. Voilà le point de départ de Malditos, la nouvelle série française disponible sur Max depuis le 2 mai, portée par Céline Sallette et réalisée par Jean-Charles Hue.

Une fiction réaliste

Comme souvent face à une œuvre dramatique ancrée dans le réel, le spectateur peut s’interroger : Malditos s’inspire-t-elle d’une histoire vraie ? La réponse est non. Aucun fait divers, aucun récit documentaire n’a servi de base à cette production. Elle relève pleinement de la fiction.

Mange tes morts (2014).©Capricci Films

Pour autant, la série ne surgit pas ex nihilo. Jean-Charles Hue, son réalisateur, connaît intimement les milieux qu’il dépeint. Depuis plus d’une décennie, il consacre son œuvre à la communauté yéniche, dont il est lui-même en partie issu. Dans La BM du Seigneur (2010) et Mange tes morts (2014), il filmait déjà ceux qu’on ne regarde jamais : des figures marginales, écartelées entre héritage familial et tentations hors-la-loi.

Une communauté longtemps restée dans l’ombre

Parmi les peuples du voyage, les Yéniches demeurent peu connus. Moins visibles que les Roms ou les Manouches, ils constituent une minorité semi-nomade présente en France, en Suisse et en Allemagne. Leur langue, le yéniche, mêle des influences allemandes, romani et hébraïques.

Malditos©WILLIAM DUPUY WARNER BROS. DISCOVERY

Longtemps marginalisés et réduits à des stéréotypes, ils ont été exclus du récit national. Sous le régime de Vichy, plusieurs milliers de nomades, dont de nombreux Yéniches, furent internés par l’État français. Le camp de Saliers, installé près d’Arles entre 1942 et 1944, en fut l’un des symboles.

La Camargue, entre enracinement et précarité

Jean-Charles Hue ne choisit donc pas la Camargue au hasard. La région est marquée par une histoire ancienne des communautés nomades, notamment à travers le pèlerinage annuel aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Gitans, Manouches, Roms et Yéniches s’y réunissent chaque mois de mai pour rendre hommage à Sara la Noire, figure centrale de leur spiritualité.

Céline Sallette et Damien Bonnard dans Malditos.©WILLIAM DUPUY WARNER BROS. DISCOVERY

Avec ses paysages instables et ses limites sans cesse redessinées, la Camargue reflète les fragilités du mode de vie itinérant. Le choix de ce décor donne à Malditos une portée supplémentaire, nourrie par les tensions réelles entre enracinement et précarité. Sans illustrer directement des faits historiques, la série s’inscrit dans une mémoire collective marquée par l’exclusion.

Comme dans ses précédents films, Jean-Charles Hue s’appuie sur une approche quasi documentaire, mêlant acteurs professionnels et interprètes issus des communautés représentées. Plus que de reconstitution, il s’agit ici d’une immersion dans un univers social rarement mis en lumière.

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