
Dans le sillage du succès de séries comme Yellowstone et Virgin River, Netflix invite les aspirants cowboys et cowgirls à un nouveau rodéo ce 17 avril, avec Ransom Canyon.
Genre tombé en désuétude dans les années 1990-2000, le western se refait une santé sur le petit écran ces dernières années. La faute à Taylor Sheridan, le showrunner derrière le carton de Yellowstone. Lancée en 2018, la série suit depuis cinq saisons déjà les aventures de la famille Dutton, menée par un patriarche à la trogne bien connue, puisqu’il s’agit de celle de Kevin Costner.
Les épisodes sont rythmés par les trahisons et rivalités au sein de la tribu, avec les autres éleveurs ou avec les membres de la réserve indienne attenante. Faute d’une diffusion grand public en France, Yellowstone est restée un phénomène très américain durant ses premières saisons. En 2022, l’œuvre est diffusée une première fois sur feu la plateforme Salto et la chaîne TMC.
En mars 2025, elle débarque sur Netflix, en compagnie de son spin-off, 1883, qui raconte le voyage des premiers Dutton vers l’Ouest et leur installation dans l’Oregon. Le géant du streaming surfe aussi depuis quelques années sur la résurgence du western sériel. Depuis 2019, elle peut compter sur un succès au long cours : Virgin River.

Basée sur la saga littéraire éponyme de Robyn Carr, la série développée par Sue Tenney nous immerge dans une petite ville reculée de la Californie, où Mel (Alexandra Breckenridge), une infirmière en deuil, va retrouver un sens à sa vie. Point de ranchers dans Virgin River, mais beaucoup de Stetson et de ceinturons qui en jettent.
On retrouve aussi un bar QG tenu par Jack (Martin Henderson), un ancien soldat aussi musclé que traumatisé, des chevaux à la crinière impeccable et une petite communauté soudée au sein de laquelle il fait bon vivre. Plus tendre et sentimentale que Yellowstone et son univers impitoyable, elle a conquis le cœur du public grâce à des personnages attachants, plein de bons sentiments et des paysages à couper le souffle.
Bienvenue à Ransom Canyon
Quelque part entre les coups bas des protagonistes avides de pouvoir de Yellowstone et les romances qui guérissent de Virgin River, Netflix nous propose une nouvelle plongée dans les grands espaces américains avec Ransom Canyon. Basée sur les romans de Jodi Thomas, la nouvelle venue nous embarque au grand galop vers les mesas ocres du Texas, dans la petite ville de Ransom où tout le monde se connaît… pour le meilleur et pour le drama.
On suit les rivalités entre plusieurs familles d’éleveurs, qui voient leur héritage menacé. Parmi elles, Staten Kirkland, un rancher endeuillé et têtu comme une mule, voit revenir dans sa vie son crush de toujours, Quinn O’Grady, une brillante pianiste qui a décidé de mettre sa carrière sur pause et de revenir dans sa ville natale pour gérer le bar local et fabriquer des savons à la lavande (si, si !).
Ah, la citadine qui revient à ses origines, c’est le genre de pitch, sublimé par le film L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, dont on ne se lasse pas… La première saison du show promet des embrouilles autour de la construction d’un nouveau pipeline, des troupeaux de vaches lâchés dans la nature pour embêter un éleveur (vu dans Yellowstone également), des romances sirupeuses sur fond de musique country, des deuils mal digérés ou encore le passage d’une tornade dévastatrice.

On n’a pas le temps de s’ennuyer à Ransom Canyon. Les événements du premier épisode, qui comprend un surprenant saut dans le temps, s’enchaînent d’ailleurs un peu vite. Mais par la suite, la série parvient à trouver un rythme moins saccadé. Tout western romantique qui se respecte a son couple d’amoureux phare, comme Jack et Mel dans Virgin River.
Notre programme texan a misé sur Minka Kelly (découverte dans la série culte Friday Night Lights, qui se déroulait déjà dans une petite ville du Texas) et Josh Duhamel (de la saga Transformers) pour assurer le service « romance sexy ». Dans les rôles de Staten et Quinn – un couple contrarié depuis leur adolescence, qui joue au jeu du chat et de la souris durant cette première saison –, les deux interprètes à l’alchimie palpable s’en sortent très bien.

Ils sont entourés de personnages secondaires, certes archétypaux, mais assez bien développés pour qu’on ait envie de les suivre. Il y a Yancy (Jack Schumacher), un mystérieux cowboy aux motifs cachés et aux muscles proéminents qui va tomber sous le charme d’Ellie (Marianly Tejada), la serveuse sexy du coin.
Il y a aussi Cap (James Brolin), le vieux cowboy qui ne veut pas lâcher ses terres parce qu’il est un « vrai rancher » ; Davis (Eoin Macken), le businessman et grand rival de Staten ou encore Lauren (Lizzy Greene), la cheerleadeuse et fille du shérif de la ville, dont le cœur balance entre Reid (Andrew Liner), un fils à papa, et Lucas (Garrett Wareing), un white trash au grand cœur.

Ransom Canyon ne vient pas révolutionner le genre du western soapesque, mais il se passe assez de choses (les romances, les amitiés, les enjeux liés aux terres, un ou deux mystères criminels) pour qu’on ait envie de regarder l’épisode suivant. Après une entrée en matière un poil caricaturale, les personnages gagnent rapidement en nuance, et peu d’entre eux restent coincés dans des rôles statiques de « méchant » ou de « gentil ».
La plus country des romances
Si vous aimez le genre du western romantique, les péripéties des habitants de Ransom Canyon devraient combler vos soirées printanières. La série coche toutes les cases du genre et n’oublie presque aucun des tropes attendus : les matchs de foot américain avec bonus cheerleadeuses, les concours de rodéo où flottent les drapeaux américain et texan, des scènes de sexe mi-hot, mi-cheesy, des flics suspicieux et des plans de coupe somptueux sur les vallées texanes, où s’ébrouent de splendides chevaux aux crinières reflétant le coucher du soleil. Sans atteindre l’esthétisme instagrammable de Virgin River, la réalisation de Ransom Canyon satisfait largement notre désir d’évasion vers les grands espaces américains.

Plus country et rugueuse que la douce et lumineuse Virgin River, mais tout de même plus tendre qu’un Yellowstone, Ransom Canyon parvient, au fil de sa première saison, à trouver une tonalité qui lui est propre. Par une narration centrée sur le thème du deuil impossible, elle est empreinte d’une tristesse qui colle avec son univers musical country (le chanteur country Charley Crockett vient même y faire une apparition dans l’épisode 3).
Facile à binge-watcher, le show s’inscrit pleinement dans le renouveau du western des années 2020, mais peinera à rester dans les annales. La faute à un récit et des personnages très classiques. Sans parler ouvertement de politique, bien sûr, on ne peut pas non plus ignorer le fait qu’elle promeut un style de vie pour le moins conservateur et perpétue une hiérarchie raciale et genrée implicite, mais bien présente, à travers un casting majoritairement blanc et masculin.

De leur côté, Yellowstone laisse une belle place aux personnages natifs-américains, et Virgin River possède un casting plus diversifié et prend le temps d’aborder des thèmes forts (les violences conjugales, le deuil périnatal, le syndrome du stress post-traumatique, etc.), là où Ransom Canyon s’en lave les mains pour le moment. En temps de crise, le public se tourne vers des valeurs refuges et des récits qui évoquent ceux de leur enfance. Avec son imagerie présente depuis les débuts du cinéma, le western américain reste un genre définitivement lucratif.