
Fraude, influence et chute spectaculaire : sortie le 6 février sur Netflix, Apple Cider Vinegar s’inspire d’un scandale bien réel. Un récit aux premiers abords fascinant, qui ne fait pourtant pas l’unanimité chez les critiques.
En six épisodes, la série australienne Apple Cider Vinegar retrace l’ascension fulgurante et la chute brutale d’une influenceuse gourou du bien-être. Portée par Kaitlyn Dever et diffusée depuis le 6 février sur Netflix, l’histoire met en lumière une jeune femme ayant bâti un empire sur un mensonge : une prétendue guérison miraculeuse d’un cancer grâce à des traitements naturels.
Un mensonge viral
Inspirée d’un vrai scandale, la série s’appuie sur l’histoire de Belle Gibson, une influenceuse australienne qui, au début des années 2010, a affirmé souffrir d’un cancer du cerveau en phase terminale et s’être soignée grâce à un régime naturel. Grâce à ses publications, elle fédère une communauté, lance une application, un livre à succès.
Mais en 2015, l’affaire éclate : Belle Gibson n’a jamais été malade. L’imposture, révélée par des journalistes, scandalise l’opinion publique. Derrière ses discours sur la santé alternative, ses « conseils » ont eu des conséquences réelles, notamment sur des patients qui ont abandonné leur traitement en suivant ses recommandations.

Dans le show, ce récit est transposé avec quelques ajustements fictionnels. Kaitlyn Dever incarne Belle Gibson sous le nom de Belle Garrett, tandis qu’Alycia Debnam-Carey joue Milla Blake, une autre influenceuse du bien-être atteinte d’un (réel) cancer. À travers plusieurs points de vue, la production explore comment ces deux trajectoires s’entremêlent et opposent croyance sincère et manipulation.
Une réception critique divisée
Si la série suscitait une grande attente, les premiers avis de la presse spécialisée divergent. Certains saluent une mise en scène brillante et une critique féroce des dérives du bien-être numérique, tandis que d’autres regrettent une exécution parfois trop classique.

Avec quatre étoiles sur cinq, The Guardian voit dans Apple Cider Vinegar une œuvre « rapide, pleine d’esprit et furieuse » qui offre un commentaire « acéré, intelligent, compatissant et furieux sur la cupidité, le besoin, l’illusion collective et l’auto-illusion ».
Le journal britannique met en avant la performance de Kaitlyn Dever, affirmant qu’elle « marche magnifiquement sur la ligne entre la compréhension et le fait de nous demander pardon », tout en rappelant que la série « n’oublie jamais les torts causés par l’industrie du bien-être aux désespérés ».

CSAT salue aussi une production percutante, évoquant une œuvre qui « ne se contente pas de retracer les faits ; elle explore les mécanismes de la crédulité et la façon dont les réseaux sociaux amplifient les discours dangereux ». Le média met en avant la pertinence du scénario, qui s’attarde autant sur l’ascension de Belle que sur l’écosystème médiatique et commercial ayant permis son succès.
Une série qui manque de profondeur
Un avis totalement contraire à celui du Hollywood Reporter, qui juge le show trop inégal et convenu. Le journal estime que la série « change radicalement de ton et de thème, servant un peu de tout, mais pas assez de quoi que ce soit pour que nous puissions nous y plonger pleinement ».
Il regrette un portrait psychologique insuffisamment approfondi, rendant l’évolution de Belle moins marquante que dans d’autres productions du même genre : « Il n’est pas particulièrement intéressant de la voir élaborer ces stratagèmes, ni éclairant de la voir s’en tirer ». Malgré la prestation convaincante de Kaitlyn Dever, la série peine, selon eux, à proposer une approche réellement innovante.