Entre la réforme des retraites, la généralisation du télétravail, la redéfinition des rapports hiérarchiques et la quête de sens, notre vision du travail est en plein bouleversement. Depuis presque 100 ans, la pop culture illustre ces questionnements, plus intemporels qu’on pourrait le croire.
1 Les Temps modernes, du capitalisme à la chaîne
Produire, toujours plus, le plus rapidement possible. Dans Les Temps modernes, réalisé par Charlie Chaplin en 1936, l’industrialisation efface toute humanité. Charlot, employé d’usine sur une chaîne de production, lutte pour survivre. Un seul mot d’ordre : l’efficacité.
L’ouvrier doit respecter des cadences infernales, nourri par une machine qui lui fera même avaler des boulons… L’homme, devenu robot, perd la raison. Atteint de dépression nerveuse, il est envoyé à l’hôpital avant de tout faire pour être envoyé en prison plutôt que de finir broyé par l’usine. Une satire du capitalisme qui n’a pas pris une ride.
2 Gaston Lagaffe : la flemme, c’est la santé
En recherche de coaching pour éviter le burn-out ? Ressortez vos bandes dessinées de Gaston Lagaffe. Flemmard professionnel depuis 1957, le personnage imaginé par André Franquin peut devenir une grande source d’inspiration pour éviter le stress. Apparu dans Le Journal de Spirou, et ensuite publié en album à partir de 1960, Gaston Lagaffe est employé de bureau au service Courrier, puis responsable du service Documentation du journal. Enfin, officiellement.
En réalité, son énergie est plutôt dédiée à la recherche de stratégies pour éviter de travailler. Entre deux siestes, il provoque quand même quelques catastrophes. Parfois même, il parvient à faire tomber à l’eau la signature de quelques contrats… D’ailleurs, vous, là, en train de scroller sur le site de L’Éclaireur, il en est où ce rapport ?
3 Stupeur et Tremblements d’Amélie Nothomb, quand la hiérarchie n’a plus de sens
« Monsieur Haneda était le supérieur de monsieur Omochi, qui était le supérieur de monsieur Saito, qui était le supérieur de mademoiselle Mori, qui était ma supérieure. Et moi, je n’étais la supérieure de personne », se souvient Amélie Nothomb en 1999, dans Stupeur et Tremblements (Albin Michel). Récit autobiographique, le roman retrace l’expérience de l’autrice lorsqu’elle décide de retourner au Japon, où elle a vécu petite, comme employée de bureau.
Au sein d’un système rigide, la Belge ne parvient pas à trouver sa place. Exclue, humiliée, poussée à la démission à grand coup de tâches absurdes, elle dégringole les échelons jusqu’à devenir préposée au nettoyage des toilettes. Une brillante représentation du harcèlement moral au travail, dans un système érigeant la perfection en objectif ultime.
4 The Office, on ne choisit pas ses collègues
Quand l’open-space devient un foyer dont le crépitement de cheminée est remplacé par les sonneries de téléphone… C’est probablement que vous passez trop de temps au travail. Ou que vous regardez un épisode de The Office. Sitcom britannique diffusée sur la BBC puis adaptée aux États-Unis, la série est diffusée sur NBC de 2005 à 2013, pendant neuf saisons.
Description hilarante de la vie quotidienne d’employés de bureau normaux, la production version américaine suit, sous forme de mockumentaire, les tribulations de la filiale Dunder Mifflin Paper Company de Scranton, en Pennsylvanie. Entre ennui et stress face aux menaces de licenciements et de fermeture de branche, les salariés gravitent autour de Michael Scott, incarné par le fantastique Steve Carell, patron lourdingue qui voit en eux sa famille de substitution. Que ce soit avec Stanley, vendeur grincheux et je-m’en-foutiste, ou avec Dwight, commercial totalement dévoué à son boss, vous reconnaîtrez forcément quelqu’un – si ce n’est vous-même.
À lire aussi
5 Severance, dissocier vie privée et vie professionnelle, ça se travaille
Envie que votre vie privée et vos responsabilités professionnelles n’empiètent jamais l’une sur l’autre ? L’année dernière, une petite pépite produite par Apple TV+ a peut-être trouvé la solution. La série Severance, réalisée par Ben Stiller, met en scène une entreprise proposant une opération chirurgicale à ses employés. Celles et ceux qui acceptent de se faire insérer un implant dans le cerveau ont leur mémoire divisée spatialement.
À l’extérieur des bureaux, ils n’ont aucun souvenir de leur journée de travail. Et, au travail, ils oublient tout ce qui concerne leur vie privée. Mais, bien vite, le miracle se mue en vision orwellienne du monde du travail. Au service du raffinement des macrodonnées, Mark Scout (Adam Scott) réalise peu à peu qu’il s’est enfermé dans une prison mentale, le condamnant à la dépression. De quoi vous rappeler que votre « moi » du travail a, lui aussi, besoin de faire des pauses.