Entretien

Les livres d’Amélie Nothomb : « La Princesse de Clèves, c’est la plus grande réussite littéraire de tous les temps »

03 octobre 2022
Par Sophie Benard
Les livres d'Amélie Nothomb : "La Princesse de Clèves, c’est la plus grande réussite littéraire de tous les temps"
©DR

Chaque mois, un·e auteur·rice partage avec L’Éclaireur la dizaine de livres qui l’ont particulièrement touché·e, pour différentes raisons, à différentes époques de sa vie. Ce mois-ci, c’est Amélie Nothomb qui se prête au jeu.

Alors qu’elle vient de faire paraître Le Livre des soeurs (Albin Michel, 2022) pour la rentrée littéraire, l’autrice emblématique qui confie que les livres et la lecture « occupent une grande place dans [s]a vie » a accepté de se raconter par le biais de ses propres lectures.

Le premier livre qui vous a marqué ?

Livre au sens large du terme, d’accord ? Parce que je voudrais parler d’une bande dessinée ; de Tintin en Amérique, parce que c’est le livre dans lequel j’ai appris à lire. C’est en le parcourant que je me suis aperçue que je savais lire… au moment précis où la vache sort du robinet sous forme de saucisse, d’ailleurs. [Rires]

Celui qui parle le mieux d’amour ?

Ça, c’est une question ! Il y en a beaucoup qui me viennent à l’esprit, à vrai dire. Disons Martin Eden de Jack London, parce qu’il montre ce qu’on est capable d’accepter par amour, mais aussi à quel moment on n’accepte plus.

Celui qui vous fait rougir ?

Rougir de honte, de désir ? Je pense que la seule fois où j’ai vraiment rougi en lisant, c’était avec Vénus erotica d’Anaïs Nin. J’avais 12 ans, je le lisais en cachette, évidemment… et je me souviens avoir eu  les joues en feu !

Celui qui vous dérange ?

Belle du seigneur, d’Albert Cohen. C’est à la fois un très très beau livre, bien sûr, mais en même temps, on sent que le narrateur est très malsain… Il y a quelque chose de très dérangeant : il y a des moments où on a envie de vomir en voyant ses considérations. C’est le seul livre qui a failli me dégoûter de l’amour !

Celui qui vous obsède ?

Ah, La Princesse de Clèves, de Madame de La Fayette ! C’est la plus grande réussite littéraire de tous les temps, le seul livre véritablement érotique jamais écrit : il suscite du désir dès qu’on l’ouvre.

Celui qui vous fait rire ?

Il y a en quelques uns… Bill Bryson ! Tout Bill Bryson me fait rire, mais cet été j’ai lu L’été où tout arriva ; c’est merveilleux !

Celui qui vous fait pleurer ?

La dernière fois que j’ai pleuré en lisant un livre c’était avec La Petite Fille sur la banquise, d’Adélaïde Bon.

Celui qui vous console ?

Alors, c’est très paradoxal parce qu’il il n’y a pas de rapport direct, mais je dirais Robinson Crusoé, de Daniel Defoe. Quand ça va très mal, il faut lire ça, parce qu’on y voit un homme dans une situation de très grande précarité… mais qui s’en sort !

Celui que vous n’avez pas compris ?

Ce n’est pas à ma gloire, mais Ulysse, de James Joyce ; je vois le délire hein, mais je ne suis pas vraiment entrée dedans…

Celui que vous voulez lire depuis des années, sans jamais y parvenir ?

Bon, alors Ulysse j’ai renoncé depuis longtemps ! Mais je pense que je voudrais lire Genji Monogatari, de Murasaki Shikibu ; je pense que c’est assez vertigineux de le lire en entier de façon suivie, pour le moment je n’en ai lu que des extraits. J’ai conscience que c’est un livre dans lequel il faut entrer, ça doit être un énorme trip de lire ça… J’attends un nouveau confinement !

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Article rédigé par
Sophie Benard
Sophie Benard
Journaliste