
La série franco-belge poursuit son exploration du chaos syrien avec une nouvelle saison très attendue, cinq ans après une première salve remarquée.
Plongeant au cœur du conflit syrien et mettant en lumière les combattantes kurdes des YPJ et les enjeux géopolitiques de la région, No Man’s Land fait un retour remarqué, avec une seconde saison à la hauteur de la première. Arte en diffuse les épisodes depuis le 17 avril, tandis que l’ensemble de la série est déjà disponible sur sa plateforme.
Une quête fraternelle
Diffusé en 2020, le premier volet suivait Antoine Habert, interprété par Félix Moati. Ce jeune Parisien voyait sa vie basculer en croyant reconnaître sa sœur Anna, présumée morte, dans une vidéo de combattantes kurdes. Poussé par l’espoir et la culpabilité, il rejoignait la Syrie en pleine guerre contre Daech.

Au fil de son périple, il croisait la route d’un bataillon féminin des YPJ, mais aussi celle de jeunes djihadistes occidentaux. Mêlant récit intime et fresque géopolitique, la série a su dessiner les contradictions d’un conflit où toutes les frontières – géographiques, idéologiques, émotionnelles – se brouillent. Et où Antoine, figure d’innocence (ou de naïveté ?) européenne, découvrait une réalité qui le dépassait.
De nouveaux visages
La deuxième saison se déroule en 2015. Antoine a disparu de l’intrigue et l’histoire se concentre sur Sarya (Souheila Yacoub), commandante au sein des YPJ. Anna (Mélanie Thierry), alias Shamaran, poursuit sa mission d’infiltration au nom du Mossad. De nouvelles trajectoires viennent épaissir le récit : une Américaine (Leo Hatton) reconnaît la voix de son ancien compagnon dans une vidéo de Daech ; un journaliste français (Thibaut Evrard) enquête sur Anna ; et la jeune Nisrine (Tasnim Cheham), rescapée de l’esclavage, devient un point d’ancrage de la révolte féminine.

Ce nouveau chapitre explore également les fractures internes aux groupes ennemis. On retrouve Nasser (James Krishna Floyd), survivant désabusé d’un trio d’Occidentaux enrôlés dans l’EI. Le désir de vengeance, les idéaux brisés et les stratégies de survie s’entremêlent dans une guerre devenue plus idéologique que territoriale.
Une fresque ambitieuse, parfois éclatée
Les premiers retours critiques convergent dans l’ensemble vers une appréciation positive. Avec une note de 4 sur 5, Le Parisien évoque une saison « toujours aussi haletante et déchirante », portée par « une galerie de personnages bien fournie ». Le journal pointe en revanche une narration « un poil décousue », sans doute affectée par les cinq années écoulées depuis la diffusion initiale.

De son côté, le magazine Télérama lui attribue un 3 sur 5, saluant « une certaine habileté » à jongler entre thriller et espionnage, tout en regrettant des « enjeux dramatiques émoussés » par rapport à la force émotionnelle du premier opus.
Une précision documentaire
Pour L’Humanité, cette nouvelle saison « montre l’État islamique prendre ses aises en Syrie » et suit « toujours l’héroïque combat des femmes kurdes des YPJ pour la liberté ». Le journal note un basculement : la série, autrefois centrée sur le « voyage émotionnel » d’Antoine, se concentre désormais sur « la radicalisation des combats », avec une volonté de précision documentaire intacte. « Tous les personnages sont inspirés de gens que nous avons croisés », révèle le scénariste Amit Cohen au quotidien.

No Man’s Land parvient ainsi à conjuguer intensité dramatique et profondeur humaine en esquivant les archétypes, apportant une sincérité psychologique portée par un regard lucide. « Ces femmes demandent juste à respirer sans qu’on les écrase », rappelait Souheila Yacoub dans un entretien accordé à L’Humanité en 2020.