
Pour son 70e anniversaire, la Fnac célèbre son fonds photographique au moyen de Regards, un beau-livre publié aux éditions Gallimard. À cette occasion, la rédaction de L’Éclaireur revient sur quelques-uns de ces tirages qui ont marqué le 8e art. Ce mois-ci, lumière sur l’un d’eux, signé Luigi Ghirri.
Les célébrations autour des 70 ans de la Fnac se poursuivent. À l’occasion de cet anniversaire commémoratif, l’enseigne a mis en place plusieurs initiatives et a notamment imaginé le livre, Regards aux éditions Gallimard, retraçant 100 ans d’images en noir et blanc ou en couleurs. De Brassaï en Martin Parr, ce beau-livre préfacé par Quentin Bajac, le directeur du Jeu de Paume, retrace un siècle d’œuvres photographiques. Stars, anonymes, moments clés de l’Histoire composent ses diverses pages glacées tout comme plusieurs objets et paysages regroupés dans le chapitre Natures mortes, paysages vivants.
La table de travail de Virginia Woolf à Monk’s House capturée par Gisèle Freund, le désert ardent de Wim Wenders, mais aussi une maison en feu dans un village de Sibérie par Françoise Huguier sont autant de clichés composant ce chapitre passionnant. Parmi eux, également, la photographie de Luigi Ghirri baptisée Modène, Italie, 1978.
À travers les rues italiennes
C’est en arpentant les rues de Modène, dans son Italie natale, que Luigi Ghirri (1943-1992) débute la photographie. L’artiste capture ainsi, à travers son objectif, les rues, les places et faubourgs de la ville dans les années 1970. En s’attardant sur les objets immobiles mais aussi leur lien avec l’homme, l’artiste donne à voir un monde figé mais vivant, à travers un regard affectueux et sans jugement.
C’est d’ailleurs ce qui se dégage du cliché sobrement baptisé Modène, Italie, 1978. Si Luigi Ghirri, paysagiste hors pair s’essaye à sa façon au portrait, il interroge surtout dans cette photographie, le lien entre le passé et le présent ; la connexion entre la pierre et la chair humaine (manifestée grâce à la présence du chapeau sur l’image) voire même entre la vie et la mort.

Cette volonté fait écho à l’ensemble de son œuvre et notamment à son travail sur une « réalité banale » que l’artiste a toujours voulu dépassée, d’après France Info. Ce portrait s’inscrit également dans un ensemble plus large : le travail sur les banlieues que l’artiste a toujours convoqué dans sa carrière.
Malgré cela, Modène, Italie, 1978, apparaît comme une photographie unique dans l’œuvre de Ghirri. Bien que le photographe a, tout au long de sa vie, utilisé la couleur il se dégage une froideur de cette image. Une unicité étonnante quand on connaît le travail sur les ambiances chaudes de l’artiste, mais qui s’explique par le portrait féminin venu d’un autre temps ainsi qu’un cadrage presque déformé. Troublant.