
Pour son 70e anniversaire, la Fnac célèbre son fonds photographique au moyen de Regards, un beau-livre publié aux éditions Gallimard. À cette occasion, la rédaction de L’Éclaireur revient sur quelques-uns de ces tirages qui ont marqué le 8e art. Ce mois-ci, lumière sur l’un d’eux, signé Benedict Fernandez.
Pour son 70e anniversaire, la Fnac célèbre la photographie. À cette occasion, l’enseigne a fait paraître en 2024, Regards aux éditions Gallimard qui retrace 100 ans d’images en noir et blanc ou en couleurs. De Brassaï en Martin Parr, ce beau-livre préfacé par Quentin Bajac, le directeur du Jeu de Paume, retrace un siècle d’œuvres photographiques, notamment celles qui ont marqué l’histoire.
Ainsi dans ce chapitre saisissant, Léon Blum après la victoire de la gauche en 1936 côtoie les grévistes de Liverpool capturés par Marc Riboud en 1954, tandis que le portrait en noir et blanc de Martin Luther King saisi par Benedict Fernandez se distingue par la force de son regard. Cette photographie a une histoire et s’insère dans l’œuvre fleuve du photographe qui entre 1967 et 1968 a suivi le pasteur américain avant son assassinat à Memphis.
Un symbole anti-guerre
Le cliché en date du 15 avril 1967, occupe une large page dans Regards, symbole non seulement de la grandeur de l’homme politique, mais aussi des valeurs qu’il a défendu tout au long de sa vie. Ici, Benedict Fernandez ressert la focale sur Martin Luther King alors que l’activiste se trouve au milieu de la foule près du siège des Nations-Unies, à New York.
Ce jour-là, une grande mobilisation est organisée afin de dénoncer la guerre du Vietnam. Une vague de manifestants s’est rassemblée entre Central Park et l’ONU. En tête, Martin Luther King. Ce dernier dirige le cortège bien que plusieurs de ses conseillers l’aient découragé de prendre position contre la guerre du Vietnam. En effet, certains redoutent la présence de pacifistes marginalisés ainsi qu’une détérioration du lien avec le Président Johnson. Pour d’autres, cela risquerait de ruiner les efforts accomplis autour de la lutte pour les droits civiques.

Malgré cela, et à travers le travail de Benedict Fernandez, on sent dans cette image toute la détermination de Martin Luther King à mener ce combat. Ses yeux témoignent ainsi de son engagement alors que des milliers d’américains sont envoyés en Asie du Sud-Est. Cette photographie symbolise également le conflit interne de l’homme politique ainsi que les obstacles qui se sont dressés devant lui en 1967.
Martin Luther King, véritable symbole d’espoir, apparaît ainsi d’une humeur sombre. Le détail de sa posture et le plan serré apportent, par ailleurs, une certaine puissance à cette image. Le visage serré, le menton haut, le regard grave… On découvre l’activiste tel qu’on ne l’avait encore jamais vu. Ainsi, Benedict Fernandez a su saisir une nouvelle facette du pacifiste, son charisme mais aussi ses tourments dans une œuvre puissante et historique.