La Voie du Sabre, Thomas Day rêve de Miyamoto Musashi

Miyamoto Musashi…

Personnage historique emblématique du Japon médiévale, auteur du célébrissime Traité des 5 Roues, source intarissable d’inspiration pour nombre d’auteurs, il est probablement le duelliste au sabre le plus connu. Sa vie fut adaptée de manière brillante (mais romancée) dans la Pierre et le Sabre d’Eiji Yoshikawa, roman incontournable de la littérature nippone.

Et, il y a 10 ans, Thomas Day décida aussi de se l’approprier, mais sous une forme un peu différente : La voie du Sabre un roman de Fantasy teinté de culture japonaise… Aujourd’hui, l’adaptation en bande-dessinée de ce même roman remet en lumière un livre et un personnage hors du commun.

Je vais me contenter ici de parler de cette adaptation. Je pourrais passer des heures à décrire la vraie vie de Musashi, à détailler son traité, ou encore à débattre des nombreuses œuvres qu’il a inspirées. Ici, même si le lieu de l’histoire semble réaliste, il n’en est rien. Il s’agit d’un Japon rêvé, qui n’a existé que dans nos imaginations, comme la photographie retouchée que l’on peut avoir d’une époque lointaine et idéale. Thomas Day confond les univers par l’ajout d’une dose de Fantasy, de monstres fabuleux et d’empereur-dragons.

Mikédi, fils et futur héritier du seigneur Nakamura Ito, bénéficie d’une vie aisée et protégée au sein de la forteresse. Promis à un avenir facile, son arrogance lui vaut le surnom de Oni (monstre). Mais tout va changer lorsqu’un étranger passe les murailles du château. Selon ses dires, il cherche l’homme qui sera capable de le désarmer.

Après avoir vaincu deux des samouraïs de Nakamura et déshonoré ses archers, il se présente sous le nom de Miyamoto Musashi, ronin écumant les routes du pays à la recherche d’un combattant digne de lui…

Intrigué par cet étranger, le seigneur Nakamura ordonne de lui enseigner son art du sabre, ce que Musashi refuse bien entendu. Par contre, il accepte d’emmener Mikédi pour faire de lui le réceptacle de ses techniques. Il est encore jeune, modelable, bref influençable et Musashi pourra faire de lui un duelliste d’exception… Nakamura accepte.

Et c’est à contre cœur que Mikédi suit l’étranger et commence à recevoir son enseignement.

Evidemment, il y a des trahisons, des histoires d’amour, des batailles, mais je préfère vous laisser le plaisir de découvrir cette fantastique épopée. Fidèle au roman d’origine de Thomas Day, le scénario se développe sur un rythme bien calibré, ni trop lent, ni trop rapide, donnant au lecteur le temps d’apprécier le dessin et les mises en pages.

Le travail graphique effectué par Federico Ferniani est tout à fait impressionnant. Beaucoup de planches ont un panorama grand format faisant office de fond aux vignettes. L’œil a beaucoup à voir et à détailler. Ajoutons une colorisation riche et très variée (Jean-Paul Fernandez) évitant totalement la sensation de lassitude. L’album se découvre à chaque nouvelle planche. On passe ainsi de scènes aux dominantes chaudes (jaune-rouge) aux flashbacks plus froids (noir-vert) pour arriver sur des tons bleus très lumineux. La Voie du Sabre est une vraie réussite graphique, qui ravit les yeux.

Prévue en trois volumes, j’attends la suite avec impatience, car ce début semble très prometteur. L’avantage : ce volume forme un scénario à lui tout seul avec une fin qui ne nous laisse pas au bord du gouffre. Même si l’on sait que l’aventure ne fait que commencer…