Entretien

Myd pour MYDNIGHT : “N’est-ce pas quand on vient de se faire larguer qu’on fait le mieux la fête ?”

05 juillet 2025
Par Benoît Gaboriaud
MYD.
MYD. ©Alice Moitié

Après le succès de Born a Loser (2021), Myd revient en vainqueur et s’apprête à faire vibrer tout l’été. La saison se ponctuera fin août avec la sortie de son deuxième album, MYDNIGHT, qu’il défendra sur la scène du Zénith de Paris en février, le temps d’une fête qu’il promet mémorable.

Armé de sa musique solaire, Myd est prêt à réchauffer les festivals de l’été. Nous l’avons d’ailleurs rencontré à Solidays pour évoquer sa tournée et la sortie de MYDNIGHT : un deuxième album truffé de good vibes, dansant et qui invite au lâcher-prise. Chanteur, auteur-compositeur, producteur et DJ, membre de la famille Ed Banger, l’artiste – toujours vêtu de jaune – se définit avant tout comme un musicien jouant la carte de la spontanéité.

MYDNIGHT est résolument festif. Comment s’est dessinée cette orientation ?

J’essaie de ne pas trop conceptualiser mes albums ni d’y réfléchir excessivement avant de commencer à vraiment travailler dessus. Je suis adepte de l’écriture automatique. Je me laisse porter par l’inspiration du moment, que je ne contrôle pas toujours. Quand j’ai commencé à écrire cet album, je revenais de trois ans de tournée dans des clubs et des festivals, qui m’ont mené d’une plage à Ibiza à un club underground à Tokyo. Cette ambiance festive a forcément imprégné ces nouveaux titres. Ma musique est souvent qualifiée de solaire. MYDNIGHT est donc comme un soleil dans la nuit !

So High, de Myd.

Je suis d’abord allé chercher l’inspiration à Londres, une des capitales de la musique électronique, plus exactement dans des clubs réputés comme La Fabric ou le Night Tales, où je joue régulièrement. J’y fais des sets All Night Long, qui me permettent de revisiter ma discothèque, de revenir aux sources de mes inspirations, de faire le tri… Un peu comme si je rangeais ma bibliothèque. Ensuite, je suis allé réchauffer tout ça à Los Angeles. La folk californienne m’a beaucoup inspiré pour composer Born a Loser (2021). Ici, je m’en détache, mais elle réapparaît par petites touches : quelques guitares, des chorus, des enregistreurs à bande… Enfin, je suis rentré dans mon studio parisien pour tout finaliser. J’avais besoin de me couper du monde pour rester en accord avec mes envies.

Pour nous, le titre qui résumerait le mieux cet état d’esprit festif serait le tube So High, êtes-vous d’accord ?

En effet ! C’est le morceau le plus décomplexé de l’album. Il a été pensé pour faire danser les gens, mais je n’aime pas trop le mot “les gens”, que je trouve vague, un peu comme le pronom “on”. Je préfère m’adresser à quelqu’un de précis, en l’occurrence, ici, à une foule. J’avais envie de l’emmener plus haut, de lui transmettre l’énergie de la fête. Les paroles sont volontairement simples, mais ce sont souvent celles-là qui résonnent le plus. Je dis que je ne me suis jamais senti aussi bien depuis que nous sommes ensemble.

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Il y a un soupçon de mélancolie dans certains de vos morceaux, pensez-vous que fête et mélancolie fassent bon ménage ?

Bien sûr ! C’est même une spécialité de la musique française, une de ses signatures. Je pense notamment à Daniel Balavoine, dont certaines chansons passent encore dans des mariages. En tant que Français, je ne déroge pas, malgré moi, à cette règle. Je perpétue même cette tradition, qui peut apporter du relief à des morceaux parfois trop édulcorés ou trop sucrés. Je ne suis pas fan du ton sur ton, alors j’insuffle dans mes morceaux un peu de mélancolie, naturellement, et ainsi un peu plus de profondeur. Finalement, n’est-ce pas quand on vient de se faire larguer qu’on fait le mieux la fête ?

Justement, vous êtes en ce moment en tournée, qui fera escale au Zénith de Paris en février 2026. Comment allez-vous donc faire la fête sur scène lors de ces prochaines dates ?

Je vais commencer par me faire larguer… [Rires] Non ! Ce nouveau live est presque naturaliste. L’idée était de rassembler le public et de l’emmener à la source de la fête. Pour cela, je leur ouvre les portes de mon studio, que j’installe sur scène. Et pour créer une vraie proximité, je me suis entouré de six caméras mobiles. L’opérateur qui les gère est avec moi sur scène. Je ne voulais rien cacher, par souci d’authenticité. Mon but était de mettre le public en confiance pour qu’il puisse se laisser porter.

Song for you, de Myd.

Étant sur le label Ed Banger, les médias vous rangent souvent dans la catégorie French Touch, qu’en pensez-vous ?

Je suis très fier qu’en France, un mouvement ait tellement rayonné qu’on lui ait donné un nom. Pour moi, ce qu’on appelle la French Touch, c’est un mélange de disco et de musique électronique qui raconte une époque. Aujourd’hui, il y a plein de producteurs très talentueux, et même des rappeurs particulièrement créatifs qui écrivent une autre histoire. J’invite donc les journalistes du monde entier à inventer un nouveau mot !

Votre album fourmille de bruits du quotidien comme des sirènes ou des sons de jeux vidéo…

Pour être honnête, je déteste les sons de jeux vidéo 8-bits, mais ce n’est pas grave ! [Rires] J’adore le cinéma de David Lynch. Je ne compare pas mon travail au sien, mais j’aime cette idée que chacun puisse s’approprier mes chansons : c’est le meilleur moyen de les faire vivre. Concernant ces sons de sirènes, j’en ai beaucoup entendu dans les clubs londoniens. Ils viennent du dub jamaïcain, une musique très solaire, parfaite pour créer une ambiance de fête.

Sur le titre All That Glitters is not Gold, vous avez invité deux rappeurs : l’américain Channel Tres et l’argentin Trueno

All That Glitters is not Gold est le titre le plus pop de l’album. J’avais composé ce morceau en pensant que ce ne serait pas moi qui le chanterai. À l’époque, j’avais invité Mac DeMarco sur Moving Men, pour son côté solaire. Cette fois-ci, je voulais me renouveler. Channel Tres et Trueno ont ce sens de la fête dont j’avais besoin : le premier a réinventé la house de Chicago, le second est un porte-parole de la scène rap sud-américaine.

All That Glitters Is Not Gold, de Myd.

Quel est l’artiste avec qui vous aimeriez collaborer prochainement ?

Moby, pour son mélange du sampling et de la rave qui m’ont profondément marqué : un vrai génie en la matière !

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