Décryptage

Mais au fait, ça vient d’où le disco ?

14 février 2025
Par Christophe Augros
Mais au fait, ça vient d'où le disco ?
©Arnaud Baumman

Dans la deuxième moitié des années 1970, la musique disco emporte tout sur son passage. Clubs, radios, rues… Ce nouveau genre musical est partout. Une durée de vie courte, mais un impact long et puissant. Comment est-il né ? Qui en étaient les artistes majeur·e·s ? Quelles traces a-t-il laissées ?

Le disco puise ses racines dans la musique noire au début des années 70. Et notamment au sein de la ville de Philadelphie. Là, les producteurs afro-américains Kenneth Gamble et Leon Huff produisent une musique soul qui va servir de base au genre. Basse mise en évidence, section de cordes pour les mélodies, raffinement des arrangements et des orchestrations : la soul de Philadelphie de Gamble et Huff est immédiatement identifiable. Et elle porte en elle tous les codes du disco. Il suffit d’écouter MFSB, Harold Melvin & the Blue Notes ou les Trammps pour en prendre conscience.

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A cette influence s’ajoute le funk de Sly and the Family Stone et ses sons de claviers si particuliers, ainsi que l’esprit et le look psychédélique de la communauté LGBT de l’époque. Le disco explose à partir de 1975, porté par des artistes comme Donna Summer (Love to Love You Baby) ou encore Van McCoy (The Hustle).

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L’influence de la communauté gay

Le disco marque le début de l’ère moderne pour la culture de clubs et la dance music. Cette musique hédoniste met en avant le groove, plus qu’aucune autre musique, ainsi que la voix de l’artiste. Avec le disco, les « discothèques » jouent une musique conçue pour danser et uniquement pour danser. Voilà l’une des origines de son nom.

À New York, une grande majorité des discothèques sont des lieux fréquentés par les gays. Si les DJ jouent des musiques soul et funk, les productions disco font peu à peu leur entrée sur le dancefloor. La communauté LGBT s’approprie cette musique qui leur permet de revendiquer leur identité et de lutter contre l’invisibilisation. C’est ainsi que le flamboyant chanteur Sylvester est devenu l’un des porte-drapeaux de la culture disco.

© Bill Bernstein PARADISE GARAGE_1979(1)

Les Français joueront également un rôle majeur dans le succès du disco. Le plus bel exemple est sûrement celui des deux producteurs français Jacques Morali et Henri Belolo, âmes et producteurs des Village People, puis de Richie Family, entre autres. Les deux hommes avaient passé du temps dans les studios de Philadelphie avant de débuter à New York. Citons aussi Marc Cerrone ou François Kevorkian. Ce dernier sera directeur artistique du fameux label Prelude, maison de France Joli, de Musique ou de Gayle Adams, entre autres.

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Une affaire de producteurs

Le disco, c’est aussi une « formule ». Berry Gordy avait installé cette méthode avec son label Motown : quelques producteurs pour une multitude d’artistes. Le disco va s’en inspirer. Une poignée de producteurs va ainsi trouver le son qui plaît et le dupliquer à l’infini. Quel meilleur exemple que celui de l’Italien Giorgio Moroder ? Ce compositeur et producteur a assuré le triomphe de la reine disco Donna Summer. Mais aussi celui de Cher (Bad Love), de Blondie (Call Me), d’Irene Cara (What a Feeling de la B.O. de Flashdance) et de tant d’autres. Une influence majeure dont les Daft Punk se souviendront en 2013 pour leur album Random Access Memories.

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Citons aussi Patrick Cowley dont le travail avec l’artiste Sylvester lui apportera gloire et richesse. L’impact de son travail sur des groupes comme les Pet Shop Boys ou New Order sera majeur.

Parmi les autres producteurs influents du disco, on note The Trammps (Harris, Felder, Kersey) dont le succès du titre Disco Inferno en 1976 entraînera une forte demande d’autres artistes et labels. Impossible de ne pas citer les frères Gibb (Bee Gees) qui écriront pour Barbara Streisand et Diana Ross, Joe Montana Jr (membre des MFSB et créateur du Salsoul Orchestra), dont le succès de You Know How Good It Is mènera à la production de titres pour Grace Jones, Jocelyn Brown, les Whispers et tant d’autres.

Enfin, Nile Rodgers et Bernard Edwards, section rythmique et âmes du groupe Chic, dont le titre Le Freak est un hymne de cette époque.

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La vague disco créée par ces producteurs imposera aux artistes pop réputés de se plier à cette musique pour durer. C’est ainsi que les Rolling Stones ou Rod Stewart, pour ne citer qu’eux, joueront du disco. Les albums Black And Blue (1976), Emotional Rescue (1980) et Tattoo You (1981) des Stones sont des exemples de ces concessions faites par le rock au disco.

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Le marketing roi

Avec le disco, le marketing devient central : on peut adapter le rythme et la durée d’un titre en fonction de la cible, en changer la rythmique, ne mettre qu’une version instrumentale ou qu’une version a cappella sur les maxis. A la naissance du genre, les albums disco sont rares. La priorité est donnée au maxi.

Les DJ jouent des versions longues des titres et deviennent des pivots de toute une industrie : celle des remixes et des maxis 45 tours. Versions courtes pour les radios, versions longues et déclinées dans différentes versions pour les clubs. Une chanson était d’abord testée en discothèque. Si succès il y avait, elle passait en radio et les ventes étaient alors très importantes.

Après le règne du disco, ces processus perdureront durant les années 1980, et jusqu’au début des années 1990. Le rap reprendra la méthode. Des maxis seront commercialisés avant un album éventuel.

Danseur disco à New York en 978

L’héritage du disco

Dans l’immédiat après-disco, de nouvelles technologies- comme les nouveaux claviers- transforment le son du disco en une musique funk, encore hybride. À New York, le producteur Randy Muller prend le relais avec ses groupes Skyy et Brass Construction, le producteur italien Mauro Malavasi et l’Antillais Jacques Fred Petrus avec le groupe Change, Chic enchaîne hit sur hit…

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Le rap s’avère une très efficace alternative au disco pour danser en club. Le paysage musical change, mais l’industrie musicale conserve la « méthode disco » d’une efficacité redoutable. Les DJ et spécialistes du remix dominent encore plus avec l’arrivée du hip hop. L’esprit de fête et la culture de la dance music perdurent encore de nombreuses années. Le funk, le rap des Sugarhill Gang, Positive Force ou Funky 4 + 1, puis la house music de Chicago prennent le relais. Il restera de cette période une indécente insouciance, le sentiment d’une fête perpétuelle.

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Article rédigé par
Christophe Augros
Christophe Augros
Disquaire à Fnac Chambéry
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