Décryptage

Motown : success-story du label incontournable de la soul

05 janvier 2023
Par Mathieu M.
Motown : success-story du label incontournable de la soul

Marvin Gaye, Stevie Wonder, Diana Ross et les Supremes, ou encore les Temptations… Les plus grands noms de la soul des années 1960-1970 ont bénéficié de l’ambition de la Tamla-Motown. Une maison de disque afro-américaine qui devait donner au genre ses lettres de noblesse.

Tamla-Motown : un label ancré dans la ville de Detroit

C’est à Berry Gordy qu’on doit la fondation de la Motown. L’homme a grandi dans la ville de Detroit, ancienne colonie française devenue la cité reine de l’automobile. Dans les années 1950, la prospérité des usines de General Motors attire de nombreux Afro-Américains, qui fuient le Sud des États-Unis, où la ségrégation est plus féroce. Ainsi, en marge de Chicago, une scène blues, gospel et rhythm and blues s’épanouit le soir à Detroit, divertissant les ouvriers après leur journée de labeur.

Ouvrier chez Chrysler, ancien disquaire, Berry Gordy a un certain don pour la composition. En 1959, après avoir écrit deux tubes pour Jackie Wilson et produit un autre pour les Miracles, il se décide à lancer sa propre structure : la Tamla Motown était née. Très vite, Berry Gordy s’associe avec une équipe de compositeurs et d’arrangeurs de Detroit, Lamont Dozier ainsi qu’Eddie et Brian Holland. Le trio Holland-Dozier-Holland va figurer rapidement sur tous les 45-tours de la jeune maison de disque, leur formule mélodique étant à l’origine de la soul moderne.

Motown : le son de la « Detroit Soul »

The Contours - 1

En quelques mois, la Motown réussit à devenir l’une des maisons de disques les plus célèbres des États-Unis. Pour ce faire, le label développe des artistes inconnus, auxquels elle fait interpréter des tubes en puissance signés Holland-Dozier-Holland. Smokey Robinson & The Miracles, puis The Contours (Do You Love Me) importent dans les charts pop ce qu’on commence à appeler la musique soul, qui reprend l’instrumentation du rock et de la pop ainsi que le groove lancinant du rhythm and blues et du doo-wop. De nombreux chanteurs de gospel découvrent ce style et s’y adonnent.

Surtout, le label se dote d’un orchestre maison, les Funk Brothers, qui sert de section rythmique à l’ensemble des groupes et artistes maison. Ainsi, les plus grands tubes de Motown, comme My Girl des Temptations, Baby Love des Supremes, ou (Love is Like a) Heat Wave de Martha & the Vandellas, partagent les mêmes musiciens. De 1962 à 1970, la Motown concourt contre les stars du rock anglais (les Beatles, les Rolling Stones) et les génies de la pop américaine (Phil Spector, les Beach Boys). Et, fait remarquable, elle démocratise le son noir auprès des oreilles noires, grâce à une production léchée, où les sections de corde et les vocalistes talentueux abondent.

Succès planétaire et déclin de la Motown

Marvin Gaye “I Heard it Through the Grapevine [Purple Vinyl]”

L’un des membres éphémères des Funk Brothers sera Marvin Gaye, batteur à ses débuts. Avec sa voix douce et son sens du rythme, il deviendra l’authentique star de la Motown dans les années 1960, grâce à son tube I Heard It Through the Gravepine, puis son album What’s Going On. Au sein de la maison de Berry Gordy, Diana Ross tient également le haut du pavé : leader des Supremes, elle continuera en solo une brillante carrière, et œuvrera pour la découverte d’un autre groupe maison, les Jackson 5, d’où émergera un certain Michael Jackson.

Stevie Wonder bénéficiera dès son adolescence des bons soins de la firme de Detroit. D’abord sous le nom de Little Stevie Wonder, cet incroyable artiste aveugle multi-instrumentiste et chanteur émérite fait le bonheur de Berry Gordy, avec des tubes comme I Was Made to Love Her ou Fingertips. Dans les années 1970, il sera la dernière grande vedette du label : après avoir déménagé de Detroit à Los Angeles en 1971, la Motown connaît un certain déclin dans les années qui suivent. La domination dans les charts des artistes blancs californiens (des Eagles à Fleetwood Mac), la radicalisation de la musique noire (plutôt observable chez leur label rival, Stax) puis la vague disco, ont raison de l’omniprésence de la Motown dans les charts américains. Cependant, grâce à Lionel Richie, ou les Boyz II Men, la maison survivra jusqu’à nos jours, où elle est actuellement une filiale dédiée aux musiques noires d’Universal.

A écouter : Motown Soul Giants

Article rédigé par
Mathieu M.
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