Décryptage

C’est quoi le furyô, ce genre ancien qui fait toujours recette ?

12 juin 2025
Par Vincent Bresson
“Tokyo Revengers” est publié aux éditions Glénat depuis 2019.
“Tokyo Revengers” est publié aux éditions Glénat depuis 2019. ©Glénat

Avec ses protagonistes aspirant à la liberté et distribuant les coups de poing, le furyô a conquis le marché japonais depuis longtemps. Même en France, il a fini par se faire une place de choix.

La haine, La fureur de vivre, Grease… Les histoires de jeunes rebelles et bagarreurs ont fait leur temps au cinéma, où les loubards à la coiffure soignée n’ont plus trop la cote. Dans l’univers des mangas, en revanche, elles trouvent toujours leur public avec le furyô – « délinquant » ou « mauvais garçon » en français.

Ce genre met en scène de jeunes voyous au grand cœur, souvent incompris, pour qui un bon coup de poing vaut parfois mieux que mille mots. Une trame narrative intemporelle et efficace. Encore aujourd’hui, de nombreux titres de la bande dessinée japonaise s’inspirent de ses codes très virilistes.

C’est notamment le cas de la série à succès Tokyo Revengers. Le 31e et dernier tome publié en juillet dernier est venu clore l’histoire de Takemichi Hanagaki, un jeune de 26 ans qui cherche à changer son passé pour sauver sa petite amie du collège, morte dans un conflit entre gangs. Lancée en 2017, cette saga originale est rapidement devenue l’un des best-sellers de ces dernières années, redonnant un nouveau souffle à ce genre qui s’exporte dorénavant très bien de l’autre côté du globe.

Un genre longtemps méconnu en France

Tokyo Revengers a permis au furyô de se faire une place de choix en France. Jusqu’ici, l’une des incarnations les plus connues de ce genre très apprécié au Japon était un certain Eikichi Onizuka. Un nom qui rappellera de bons souvenirs aux jeunes des années 1990, mais aussi aux fans de PNL – un groupe de rap qui lui a dédié un morceau.

Tout le monde ne connaît cependant pas la facette de « mauvais garçon » d’Onizuka. Avant de devenir le professeur fantasque et pervers du manga GTO, le héros aux cheveux blonds était le personnage principal de Young GTO.

Alors lycéen, il affrontait des bandes rivales à longueur de pages avec son meilleur ami Ryuji Danma (que l’on retrouvera dans la suite). Cette première incursion des voyous attachants auprès du public français dans les années 1990 a été accompagnée par la montée en puissance d’un autre classique du manga : Slam Dunk.

Créée par l’incontournable Takehiko Inoue, l’œuvre suit l’équipe de basket d’un lycée à la conquête du titre national. Pas très furyô compatible ? Le héros Hanamichi Sakuragi a pourtant tout du « délinquant » : la chevelure orange, le coup de poing facile et un refus de l’autorité. Preuve, s’il en fallait, que ces récits de gros bras se mélangent très bien à d’autres styles.

Un écho aux gangs japonais

Au pays du Soleil levant, le genre n’a pas attendu Tokyo Revengers pour devenir incontournable. Il faut dire que les histoires font écho à un imaginaire japonais très ancré de gangs de jeunes qui ont explosé dans les années 1980. Elles sont aussi des occasions de s’émanciper des premiers titres d’Osamu Tezuka.

Tokyo Revengers.©Liden Films

Très inspiré par un certain Walt Disney, l’auteur d’Astro Boy est considéré comme le « père du manga ». Mais la génération suivante a cherché à proposer un style plus sombre et moins enfantin que celui que le maître avait imposé. Beaucoup de genres ont alors été créés, dont le furyô. Ce dernier est d’autant plus inspirant dans un pays très codifié comme le Japon, où ces jeunes qui s’affranchissent des normes incarnent un idéal de liberté.

La relève est déjà là

À peine Tokyo Revengers fini, un nouveau challenger reprend le flambeau. Publié depuis 2024 en France, Nine Peaks est l’une des belles surprises de la maison d’édition Ki-oon, souvent dans les bons coups. Bien évidemment, les balafres sont à nouveau distribuées à la pelle et, encore une fois, le lecteur se retrouve plongé dans une histoire de saut temporel. Le personnage principal n’est pas catapulté dans sa jeunesse, mais dans celle de son père, qui se révèle être un petit voyou.

Nine Peaks.©Ki-oon

Toujours au rayon nouveautés, le manga Crows sera disponible en France, fin juin. Une acualité qui n’en est pas une : prépublié entre 1990 et 1998 au Japon, il est devenu avec le temps le titre le plus emblématique de la nostalgie de l’adolescence rebelle. Preuve ultime que les maisons d’édition croient en l’engouement durable du public français pour la bagarre et les méchants garçons.

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