
L’adaptation animée du manga à succès s’offre un passage sur grand écran les 7 et 8 juin. Concentré d’action et d’excès visuel fidèle à l’ADN de l’œuvre, Evil Eye donne un aperçu de la seconde saison de DanDaDan en réunissant ses trois premiers épisodes.
Quoi de mieux qu’une salle obscure pour retrouver l’univers foutraque et déchaîné de DanDaDan ? Projeté en France les 7 et 8 juin dans plus de 200 cinémas, Evil Eye condense les trois premiers épisodes de la très attendue deuxième saison de l’anime produit par le studio Science Saru.
La suite sera officiellement diffusée à partir du 3 juillet sur ADN, Netflix et Crunchyroll. En attendant, ADN mise sur ce format long-métrage, sorte de mise en bouche spectaculaire, pour happer les fans avant la reprise épisodique.
Une adaptation à la hauteur des attentes
Phénomène éditorial depuis son lancement en 2021, le manga de Yukinobu Tatsu s’est imposé comme l’un des titres les plus singuliers de sa génération. Mélange audacieux de combats surnaturels, de romance adolescente et d’humour absurde, DanDaDan séduit par son ton déjanté et sa vitalité narrative. Ancien assistant de Tatsuki Fujimoto (Chainsaw Man), Tatsu insuffle à son récit un rythme frénétique porté par un trait vif et une galerie de personnages loufoques.

Très attendue, l’adaptation animée n’a pas déçu. Réalisée par Fuga Yamashiro et dévoilée à l’automne 2024, la première saison a restitué avec brio la folie graphique du manga grâce à une direction artistique inventive. Science Saru a signé 12 épisodes tour à tour délirants, tendres et explosifs autour du duo Momo-Okarun, dont l’alchimie singulière a conquis les fans. La série s’est achevée sur l’ouverture d’un nouvel arc, au seuil d’un mystère plus inquiétant.
Retour vers l’étrange
Après un récapitulatif d’une vingtaine de minutes pour se replonger dans les aventures déjantées du premier volet, Evil Eye relance l’intrigue là où elle s’était interrompue quelques mois plus tôt. Nos deux protagonistes sont invités dans la ville thermale où vit Jiji, ami d’enfance de Momo.

Mais la maison qu’il occupe semble dissimuler un secret ancien : une pièce murée, saturée de talismans et d’une aura inquiétante, pourrait abriter une entité inconnue prête à se manifester. Parallèlement, Momo est agressée dans les bains, faisant osciller l’ambiance entre mystère poisseux, tension sexuelle et dérive fantastique.
Un triangle instable au cœur du chaos
Jiji s’impose très vite comme une figure centrale de ce nouvel arc. Rival affectif d’Okarun et élément perturbateur dans le duo, il introduit une nouvelle dynamique relationnelle, plus complexe. Mais le trouble qu’il apporte ne s’arrête pas là : sa personnalité, d’abord exubérante et familière, révèle des zones d’ombre. Sans trop en dire, Evil Eye le désigne comme un pivot narratif ambigu, à la frontière du danger et de l’allié.

Côté animation, DanDaDan confirme une fois de plus sa singularité. Son style – contrastes criards, traits épais, couleurs néon, angles vertigineux – explose à l’écran. Chaque affrontement est un feu d’artifice visuel, parfois à la limite de la surcharge, et pourtant toujours porté par une précision étonnante.

Le film s’articule presque entièrement autour de scènes d’action, d’autant plus percutantes qu’elles s’inscrivent dans une chorégraphie toujours ciselée entre Momo et Okarun. Un déchaînement visuel parfaitement maîtrisé en substance, où la vitesse devient un langage à part entière.
Des personnages qui gagnent en intensité
Cette reprise n’est pas qu’un simple déferlement de bastons : elle esquisse les premiers signes de la maturité grandissante des personnages. Momo maîtrise désormais mieux ses pouvoirs, tout comme Okarun, rendant leur synergie plus palpable, presque chorégraphiée. Mais c’est Jiji qui intrigue le plus : en quelques scènes, il délaisse sa fonction comique pour devenir une figure trouble, à la fois inquiétante et tragique, marquant un virage plus sombre dans le ton du récit.

Soyons clairs : Evil Eye n’a pas vraiment été conçu pour les néophytes. Le résumé initial ne suffit pas – loin de là – à compenser la richesse des références et la complexité des relations. Ce film s’adresse à celles et ceux qui ont déjà été happés par le premier volet et souhaitent prolonger l’expérience. En cela, il remplit son rôle : raviver la flamme, donner un avant-goût grisant de la suite et poser les jalons d’un virage narratif plus ambitieux.