Décryptage

10 mangas coup de poing qui nous plongent dans le monde de la boxe

31 mars 2023
Par Samuel Leveque
Le manga “Levius” a été adapté en anime par Netflix.
Le manga “Levius” a été adapté en anime par Netflix. ©Netflix

La boxe et les mangas, c’est une longue histoire d’amour qui n’en finit pas de livrer des œuvres marquantes, et certaines ont même influencé la pop culture tout entière. Aujourd’hui, nous vous proposons une petite rétrospective de dix titres qui ont rendu un hommage particulièrement vibrant au Noble Art et ont marqué bien plus que les seuls amateurs de sport.

1 Katsu ! de Mitsuru Adachi : celui qui parle de la boxe au féminin

Satoyama et Kawakami, deux adolescents, cherchent à séduire la jeune Mizutani, une des plus belles filles du lycée, dont le père possède un club de boxe. Bien vite, ils vont découvrir que Mizutani semble détester ce sport pour lequel elle paraît pourtant si douée. Pour tenter de se rapprocher d’elle, Satoyama va s’engager à fond dans cette discipline à laquelle il ne connaît rien.

©ADACHI Mitsuru / Shôgakukan

Mêlant sport et romance, Katsu ! n’est pas seulement un des très nombreux mangas dans lesquels Mitsuru Adachi a lié ces deux genres (Rough, Tough, H2, Mix…). C’est aussi l’un des tout premiers à évoquer en détail le monde de la boxe féminine, et notamment le piètre traitement réservé aux championnes comparé à celui reçu par leurs homologues masculins. Ce thème avait par ailleurs été exploré quelques années plus tôt (de manière moins fouillée) par le méconnu Nozomi Witches publié dans le magazine Young Jump.

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2 Ippo de George Morikawa : l’interminable saga qui a rempli les clubs de boxe à travers le monde

Malgré sa faible notoriété en France, Hajime No Ippo est l’un des mangas les plus populaires du monde, avec plus de 100 millions d’exemplaires écoulés. Alors que la barre des 150 tomes se rapproche, la popularité des aventures d’Ippo Makunochi ne faiblit pas.

On y suit depuis plus de 30 ans les aventures d’un petit étudiant timide et sans amis, persécuté par les voyous locaux, qui va se révéler et se transcender avec la pratique de la boxe, jusqu’à en devenir un champion incontournable.

©George Morikawa / Kodansha Ltd

Pilier du shonen et notamment remarqué pour son réalisme, Ippo a été adapté en plusieurs séries télévisées ainsi qu’en de très nombreux jeux vidéo. Mais il a surtout donné le goût du ring à plusieurs générations de boxeurs qui se réclament de lui.

Il a aussi eu une influence impressionnante sur le reste de la pop culture, qui ne peut pas s’empêcher de caser des références au manga de George Morikawa un peu partout. Michael B. Jordan a lui-même récemment confirmé que le manga l’avait en partie inspiré pour l’écriture et la réalisation de Creed III.

3 Ring ni Kakero de Masami Kurumada : le manga qui a abouti à la création de Saint Seiya

C’est peut-être le moins connu de cette sélection, et pourtant Ring ni Kakero a abouti à la création de l’un des mangas les plus populaires de tous les temps. Dessinée par un très jeune mangaka alors inconnu et passionné de boxe, l’œuvre met en scène le jeune Ryuji, sa sœur Kika et leurs compagnons. Ces derniers entament une longue quête pour vaincre sur le ring des adversaires dotés de capacités quasi surnaturelles et influencés par les mythologies des différentes parties du monde.

©Masami Kurumada / Shûeisha

Ça vous dit quelque chose ? Normal ! Comme le souligne Hiroki Goto dans Jump – L’Âge d’or du manga, cette série à succès (13 millions d’exemplaires) est à bien des égards le brouillon de Saint Seiya, mieux connu sous nos latitudes sous le nom des Chevaliers du Zodiaque.

Même esthétique (les armures en moins), mêmes archétypes de personnages, et parfois même découpage des planches : par bien des aspects, Ring ni Kakero a préparé le terrain à ce qui sera le plus grand succès de son auteur.

Ce dernier dessinera d’ailleurs une suite, Ring ni Kakero 2, et à cette occasion modifiera en profondeur le manga d’origine pour lui faire gagner en cohérence et en originalité… Et le détacher un peu de son aura de « brouillon de Saint Seiya ».

4 Saotome – Love and Boxing de Naoki Mizuguchi : l’art d’inverser les stéréotypes

Yae Saotome est une jeune fille très réservée avec des difficultés à s’affirmer socialement, mais c’est aussi une championne de boxe extrêmement douée ainsi qu’une montagne de muscles capable d’étaler n’importe qui viendrait lui chercher des noises.

À l’inverse, Satoru Tsukichima est un petit bonhomme plein de bonne volonté, mais profondément nul en boxe. La série s’ouvre sur le moment précis où Yae décide de confesser son amour à Satoru, et où s’amorce une romance sur fond de championnat de boxe féminine qui va défier les stéréotypes de la romance classique.

©Naoki MIZUGUCHI / SHOGAKUKAN

Dans Saotome – Love and Boxing, c’est le personnage féminin qui accomplit les exploits sportifs, et c’est le garçon qui lui sert de support moral – et accessoirement de coach. La dynamique entre les deux personnages fonctionne à merveille, et la romance est absolument délicieuse à suivre.

Succès surprise du magazine seinen Big Comics Spirit ayant remis les mangas de boxe à la mode, il a aussi révélé son auteur, Naoki Muziguchi, qui a brièvement mis sa carrière en pause pour élever sa fille, avant de revenir discrètement pour illustrer une série de romans sur le MMA.

Il s’agit par ailleurs d’une œuvre traitant de manière ultraréaliste du monde de la boxe féminine, que l’on retrouve régulièrement dans des sélections établies par des pratiquants aguerris de sports de combats.

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5 Rokudenashi Blues de Masanori Morita : l’hybridation entre la boxe et le combat de rue

Nommé en l’honneur du célèbre boxeur Mike Tyson, Taïson Maeda est un garçon de 16 ans au comportement puéril et violent. Incapable de se canaliser, il est tout aussi incapable de confesser son amour à Chiaki que de s’empêcher de se retrouver dans des situations de bagarre de rue. Mais Taïson à un rêve : arriver à quitter le monde des délinquants pour exprimer sa rage sur le ring et devenir champion du monde de boxe.

Avec 50 millions d’exemplaires vendus, Rokudenashi Blues est tout simplement l’un des mangas ayant codifié le genre du furyô, ces œuvres mettant en scène de jeunes délinquants japonais avides de confrontations violentes.

©Masanori Morita / SHUEISHA INC

Avec son trait réaliste, son amour inconditionnel de la boxe et son histoire beaucoup plus subtile que son pitch le laissait penser, Masanori Morita (ancien disciple de tetsuo Hara, l’auteur de Ken le survivant) a marqué une génération d’amoureux du Noble Art.

Il est désormais parti écrire des mangas bien différents (des œuvres comiques ou horrifiques), mais Morita a également livré Rookies, qui mélange baston et base-ball (et qui a été adapté dans une série télévisée à succès).

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6 Cestvs: The Roman Fighter de Wazarai Shizuya : celui qui nous fait voyager aux lointaines origines gréco-romaines de la boxe

Il s’agit probablement de l’une des seules œuvres de la bande dessinée mondiale à s’intéresser au pugilat, un ancêtre direct de la boxe anglaise qui aurait été pratiqué pendant plus de 1 000 ans en Grèce puis Rome antiques.

Manga ultraviolent assez bien documenté sur son époque, il nous fait suivre le quotidien brutal du jeune Cestvs, esclave tirant son nom du ceste qui lui sert d’arme. Obligé de participer à des combats à mort, le gladiateur devra arracher sa liberté en survivant à 100 combats d’affilée.

©Wazarai Shizuya / Hakusensha

Titre à succès remarqué pour l’originalité de son cadre et sa capacité à mettre en lumière le monde oublié des combats de gladiateurs à mains nues, Cestvs a engendré une suite toujours en cours de parution.

Il a également eu le privilège d’être l’un des premiers mangas de boxe à recevoir un anime en 3D. Produit en 2021 par Bandai Namco Studio et par les spécialistes de l’animation 3D Logic&Magic, l’anime (disponible sur Crunchyroll) n’est cependant pas tout à fait à la hauteur des attentes et a un peu déçu les fans qui en attendaient énormément.

7 Levius de Haruhisa Nakata : celui qui revisite la boxe par le steampunk et la cybernétique

Dans une Europe alternative qui a développé des technologies robotiques basées sur l’usage de la vapeur, la boxe est devenue un sport extrêmement dangereux, les combattants étant physiquement améliorés par des prothèses métalliques.

Dans le monde de Levius, on suit le quotidien de l’un de ces boxeurs, mutilé et cybernétisé suite à une blessure de guerre, qui va progressivement découvrir les enjeux politiques majeurs liés à ce sport brutal.

©Haruhisa NAKATA/SHOGAKUKAN

Manga court (bien qu’une seconde série, Levius/Est, soit toujours en cours de parution), il compense sa concision par son intensité narrative, la beauté somptueuse de ses combats et son esthétique steampunk flirtant avec le cyberpunk à la Gunnm.

Cette dernière emprunte autant aux classiques du manga de science-fiction qu’à l’école franco-belge et au comics, en faisant une œuvre à la croisée des genres esthétiques, adorée par les amateurs de cyberpunk. Il a d’ailleurs tapé dans l’œil de Netflix, qui a choisi cette licence pour en faire son premier contenu original consacré à la boxe, avec une adaptation signée par le prestigieux studio Polygon Pictures en 2019.

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8 Zero de Taiyou Matsumoto : un manga underground qui raconte la fin de carrière d’un boxeur

Miyabi Goshima est un boxeur en toute fin de carrière, quasiment invulnérable ; plus personne ne lui arrive à la cheville depuis longtemps. Dépressif et apathique à l’idée de ne plus trouver d’adversaire à sa hauteur avant de raccrocher définitivement, il voit surgir une lueur d’espoir quand il rencontre le jeune Travis Bal, une étoile montante du ring.

Deux tomes pour (plus ou moins) un seul combat ? C’est le pari que s’est lancé Taiyo Matsumoto, alors en tout début de carrière (nous sommes quelques années avant Amer Beton qui révélera le mangaka aux yeux du monde).

©Taiyô MATSUMOTO / SHOGAKUKAN

Avec sa science du découpage époustouflante, sa capacité à mettre en avant la profondeur des noirs et des gris et sa capacité à installer une tension narrative extraordinaire, le mangaka livre une œuvre de jeunesse stupéfiante.

Zero reste un des exemples de mise en scène de la boxe les plus bluffants de ces 30 dernières années. Il s’agit aussi de l’une des rares œuvres à aborder la question de la fin de carrière et du déclin d’un boxeur, à rebours des habituelles histoires d’adolescents jeunes et pleins d’espoir : une dimension sur laquelle l’auteur est revenu à de nombreuses reprises.

9 RRR: Rock‘n’Roll Ricky de Jun Watanabe : le parfait manuel pour comprendre la boxe

Musicien raté, Rikitaro a manqué sa chance de devenir une rock star. Un jour, il rencontre par hasard Ooishi, ancien boxeur professionnel reconverti en producteur de téléréalité. Celui-ci lui propose un deal : s’il accepte d’être filmé en train de se remettre en forme en pratiquant la boxe, Rikitaro aura l’opportunité de signer avec une prestigieuse maison de disque. Mais voilà que ce sympathique loser se révèle beaucoup, beaucoup plus doué que prévu.

©WATANABE Jun / Kôdansha

Plus que d’autres mangas sur ce sport, RRR est un parfait titre d’initiation à l’art de la boxe. Puisque l’on y suit un véritable novice, nous traversons avec lui toutes les étapes de l’apprentissage d’un jeune boxeur. Surprenant et instructif, RRR est une petite pépite qui a été remarquée par de nombreux amateurs du genre et dont on désespère d’avoir un jour une véritable édition française.

10 Ashita no Joe d’Asao Tamakori et Tetsuya Chiba : la référence ultime qui a fait chavirer tout un pays

Impossible de ne pas terminer cette liste par l’œuvre fondatrice qui a popularisé le manga de boxe et révolutionné l’industrie de la BD japonaise dans son ensemble. L’incroyable Ashita no Joe est peut-être le manga de sport le plus célèbre de la fin des années 1960. On y suit Joe, orphelin malicieux, mais turbulent, errant dans les quartiers les plus pauvres de Tokyo.

Un jour, il fait la rencontre de Danpei, un ancien champion devenu alcoolique et sans-abri. Ce dernier va alors essayer de faire rentrer Joe dans le droit chemin en lui apprenant les vertus de son sport.

©Asao Takamori, Tetsuya Chiba / Kodansha Ltd.

Œuvre absolument fondamentale, Ashita no Joe est un formidable manga sur la boxe qui dresse aussi un portrait saisissant de la classe ouvrière japonaise des années 1960. Il s’agit de l’un des premiers mangas à parler ouvertement de la pauvreté, des prisons, de la violence juvénile et des exclus du modèle du miracle économique de la reconstruction du Japon après-guerre.

Devenu un symbole politique extrêmement puissant au Japon, le manga a également marqué par sa capacité à innover graphiquement et à mettre en scène ses combats de manière spectaculaire et brutale. Quant à son ultime page, particulièrement belle et tragique, elle a été parodiée un nombre incalculable de fois et reste l’une des conclusions les plus discutées de tous les temps.

Un magnifique remake futuriste sous forme d’anime, Megalo Box a été produit en deux saisons entre 2018 et 2021, et transposait l’intrigue dans un monde cyberpunk désertique où Joe devient un lutteur à mains nues affrontant des boxeurs transformés en cyborgs meurtriers.

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