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De la lumière des réseaux à l’ombre de la prison : Poupette Kenza raconte sa version

28 mai 2025
Par Sarah Dupont
“De Poupette à Kenza : les dix secondes qui ont changé ma vie” est disponible depuis le 22 mai.
“De Poupette à Kenza : les dix secondes qui ont changé ma vie” est disponible depuis le 22 mai. ©Éditions Plon

Condamnée à plusieurs reprises par la justice, l’influenceuse Kenza Benchrif retrace dans un ouvrage à la fois audacieux et controversé les grandes étapes de sa carrière, de son ascension à ses démêlés judiciaires.

Star des réseaux sociaux, Kenza Benchrif a bâti sa notoriété sur une exposition quotidienne de sa vie de famille. À seulement 24 ans, la jeune femme originaire de Rouen revient aujourd’hui avec un livre dans lequel elle retrace son ascension fulgurante, sa chute judiciaire et les mois passés en détention. En quelques jours, De Poupette à Kenza : les dix secondes qui ont changé ma vie s’est hissé parmi les meilleures ventes, confirmant le magnétisme d’un phénomène aussi fascinant que controversé.

Les dérives

C’est sur Snapchat que le visage de Kenza Benchrif, alias Poupette Kenza, s’est imposé à partir de 2020. Ses « poupettes », comme elle surnomme ses abonnées, la suivent alors dans son quotidien de mère, de femme au foyer et de créatrice de contenus spontanés, parfois maladroits. Avec des dizaines de stories par jour, elle documente mariages, déménagements, naissances et disputes, tissant un lien parasocial fort, voire exclusif, avec sa communauté.

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Mais cette proximité sans filtre engendre rapidement des dérives. Images d’enfants en pleurs, gestes inappropriés, propos polémiques : les signalements s’accumulent. En 2023, elle perd temporairement la garde de son fils après une fracture inexpliquée du crâne. Elle est aussi condamnée à une amende record de 50 000 euros pour promotions commerciales non déclarées et usage de produits interdits.

Le basculement judiciaire

En juillet 2024, l’influenceuse est mise en examen pour tentative d’extorsion en bande organisée et association de malfaiteurs. Elle reconnaît avoir engagé un « homme de main » pour intimider un couple — son ancienne agente et son compagnon — afin de récupérer plusieurs centaines de milliers d’euros. Placée en détention provisoire alors qu’elle est enceinte de six mois, elle passe quatre mois à la maison d’arrêt de Rouen, avant d’être libérée sous contrôle judiciaire. L’affaire est toujours en cours d’instruction.

C’est depuis cette cellule, dit-elle, qu’elle a commencé à écrire De Poupette à Kenza. Publié le 22 mai aux éditions Plon, le récit se veut introspectif, voire cathartique. Elle y évoque ses débuts, ses erreurs, sa solitude, sa dépendance aux réseaux, et le sentiment d’avoir été « mal entourée ». Elle affirme aussi vouloir « exercer [son] métier autrement », tout en reconnaissant avoir « mal agi ».

Un succès littéraire controversé

Le livre se lit comme une tentative de reprendre la main sur son récit, avec une mise en scène assumée : elle y rebaptise les protagonistes de l’affaire en personnages de Game of Thrones, entre autres effets narratifs. Si ses soutiens saluent une parole courageuse, ses détracteurs dénoncent une entreprise de victimisation et une minimisation des faits. Son avocat espère une requalification des charges ; celui de la partie adverse y voit une « banalisation du crime ». À l’heure où elle promet de se retirer des réseaux jusqu’à l’automne, Kenza Benchrif reste au cœur d’un paradoxe : tenter de tourner la page tout en la vendant.

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