
Publié le 7 mai chez Flammarion, La meute s’est hissé en tête des ventes en quelques jours. Signée Charlotte Belaïch et Olivier Pérou, cette enquête sur les coulisses de La France insoumise fait vaciller l’image de son fondateur, Jean-Luc Mélenchon.
Paru chez Flammarion début mai, La meute s’impose comme l’un des livres les plus discutés du moment. Selon le classement GFL-Libre hebdo, l’ouvrage figure en tête des ventes dans les librairies indépendantes, à quasi-égalité avec L’heure des prédateurs de Giuliano da Empoli. Signée par Charlotte Belaïch, journaliste à Libération, et Olivier Pérou, du Monde, cette enquête plonge au cœur du fonctionnement interne de La France insoumise (LFI).
Un mouvement sous emprise
Fruit de deux années d’investigation et de plus de 200 témoignages, La meute explore les rouages d’un mouvement politique que les auteurs décrivent comme autoritaire, vertical, marqué par une loyauté féroce envers son fondateur. Le titre, métaphore animale, désigne la cohésion agressive d’un groupe structuré autour d’un chef. « Ce qu’on nous décrit, c’est un fonctionnement sectaire », rapporte Charlotte Belaïch, évoquant une « croyance folle » dans la figure de Jean-Luc Mélenchon.
Dans l’ouvrage, il est décrit comme un « homme violent », « paranoïaque », capable de harceler par message des figures politiques rivales ou dissidentes. À Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Écologie Les-Verts, il aurait écrit : « Je vais te mettre la dose que tu mérites. » L’ambiance décrite par les journalistes est celle d’un parti sous surveillance, où les cadres critiques sont systématiquement écartés. « Le parti se renforce en s’épurant », résumait la journaliste au micro de France Inter.
Les purgés : Ruffin, Garrido, Corbière
L’enquête revient également sur les exclusions internes du mouvement. Clémentine Autain, Alexis Corbière, Raquel Garrido, François Ruffin ou Danielle Simonet sont cités comme victimes d’un harcèlement persistant sur des boucles Telegram. Le livre affirme que leur mise à l’écart tient souvent à des désaccords stratégiques, notamment sur une potentielle quatrième candidature de Mélenchon à la prochaine présidentielle.
Parmi les témoignages anonymes, plusieurs parlent d’un « gourou », d’une « emprise » et d’un climat de peur. Cette ambiance est renforcée par des scènes de prêche et de liesse militante, au cours desquelles Jean-Luc Mélenchon harangue la foule. Olivier Pérou estimait au micro de RTL que « les Insoumis sont décrits comme des croyants » et que le charisme du chef devient un vecteur d’autorité incontestable.
Le rôle central de Sophia Chikirou
L’enquête aborde également un sujet longtemps tabou : la relation entre Jean-Luc Mélenchon et sa conseillère Sophia Chikirou. Présentée comme sa compagne, elle est décrite comme l’une des figures les plus influentes – et les plus redoutées – du mouvement. Les journalistes affirment qu’elle a activement participé à la marginalisation des figures contestataires et qu’elle bénéficie d’une impunité totale au sein de LFI.
Sans surprise, la publication du livre a suscité de vives réactions. Jean-Luc Mélenchon a déclaré : « Je ne veux pas le lire. Je ne veux pas qu’il m’abîme. » Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, dénonce de son côté « des mensonges », tandis que Manuel Bompard, coordinateur de LFI, évoque une « fiction ».