
Présenté hors compétition au Festival de Cannes 2025, Vie privée parvient à séduire grâce à un portrait de femme faillible, mais surtout grâce à l’interprétation subtile de Jodie Foster. Critique.
Après la Quinzaine des cinéastes pour Une fille facile (2019), Rebecca Zlotowski a passé, pour la 78e édition du Festival de Cannes, les portes du Grand Théâtre Lumière afin de présenter hors compétition son nouveau film.
Sixième long-métrage de la réalisatrice et scénariste française, Vie privée met en scène Lillian (Jodie Foster), une psychiatre qui, après le décès d’une de ses patientes, Paula, (Virginie Efira), décide de mener l’enquête. Persuadée que Paula a été tuée, Lillian enquête sur sa mystérieuse disparition aux côtés de son ex-mari, Gabriel (Daniel Auteuil).

Jodie Foster en toute intimité
Vie privée a suscité beaucoup d’intérêt au moment de sa présentation sur la Croisette. De son parterre de stars durant la montée des marches aux retrouvailles cinématographiques entre Rebecca Zlotowski et Virginie Efira – qu’elle avait déjà dirigée dans son précédent film Les enfants des autres (2022) –, en passant, bien évidemment, par le retour de Jodie Foster sur grand écran, Vie privée représentait l’une des plus grandes attentes de cette quinzaine.
Pour son nouveau film, Rebecca Zlotowski a réussi l’exploit : s’offrir les services de l’actrice américaine et la diriger dans un rôle en français. Une première pour Jodie Foster – qui s’était cantonnée à des partitions secondaires dans son pays d’adoption –, qui parvient à chaque instant à nous embarquer à ses côtés dans son enquête hors norme autour de la mort de sa patiente.

Sur le fil
Toutefois, en utilisant le polar intime, Rebecca Zlotowski entend davantage sonder son héroïne en bousculant ses certitudes que présenter un véritable thriller. La réalisatrice dresse ainsi le portrait d’une femme aux 1000 visages. Entre force et fragilité, Jodie Foster prête ses traits à un personnage multiple. Psychiatre reconnue, ex-femme légère et mère absente : Lillian, à travers la performance subtile de Jodie Foster, est l’incarnation d’une féminité moderne et faillible. Un thème que l’on retrouvait déjà dans Les enfants des autres, dans lequel la réalisatrice explorait le statut de la belle-mère, ou dans Une fille facile avec Zahia Dehar et Mina Farid.
Ceci étant dit, là où la réalisatrice visait juste avec ses précédents drames, restant toujours sur le fil d’une démonstration et d’un propos nuancés, Vie privée tombe dans le piège d’un cinéma trop expérimental. En montrant la folie supposée de son personnage, Rebecca Zlotowski a du mal à savoir où aller. Bien qu’elle offre une véritable résolution, elle se perd par moments dans une démonstration abstraite, presque inutile, pour montrer la descente en enfer de son héroïne, sans véritable tension ou suspense.
Finalement, c’est quand l’artiste parle de la difficulté des relations humaines et du couple – brillamment formé par un Daniel Auteuil malin et une Jodie Foster rieuse –, mais aussi quand elle nous séduit avec des dialogues justes et piquants qu’elle excelle. Malgré quelques écueils,Vie privée reste un film prenant dans lequel on plonge avec plaisir. En même temps, avec Jodie Foster en tête d’affiche, comment résister ?