
Le 4 mai 2025, Disney+ a dévoilé une minisérie animée en six épisodes de 15 minutes signée Dave Filoni et visiblement pensée pour séduire un public plus jeune. Mais, à force de vouloir plaire à tout le monde, cette proposition s’adresse-t-elle vraiment aux personnes à peine plus grandes que Grogu ? Retour sur les stratégies de Lucasfilm pour conquérir les jeunes publics.
Depuis deux décennies, Lucasfilm cherche la bonne formule pour attirer les jeunes dans sa galaxie très lointaine. Si The Clone Wars a fini par devenir une série culte malgré un démarrage timide, d’autres tentatives se sont avérées plus discutables. Star Wars Resistance, par exemple, visait les enfants avec une esthétique simplifiée et des intrigues édulcorées, mais n’a jamais su trouver son public.
Plus récemment, Young Jedi Adventures a tenté de séduire les tout-petits avec des épisodes de dix minutes taillés pour les cerveaux zappant entre deux scrolls de YouTube Kids. Quant au projet avorté de série live action Underworld, pensé dans les années 2000 comme un « Star Wars des bas-fonds », il a été abandonné pour des raisons budgétaires. Ce fantasme d’un Star Wars sombre, mais grand public, semble pourtant hanter Lucasfilm depuis longtemps.
La Force faiblit un peu
C’est justement cette idée que Tales of the Underworld, sortie le 4 mai 2025 sur Disney+ pour la journée annuelle Star Wars, remet au goût du jour. Produite par Dave Filoni (déjà à la manœuvre sur Clone Wars), la minisérie en animation propose six épisodes de 15 minutes centrés sur deux figures de l’ombre : l’assassin Asajj Ventress et le chasseur de primes Cad Bane (clairement inspiré de Clint Eastwood, mais pas sûr que les plus jeunes « aient la ref »).

Loin des gentils Jedi ou des Sith à sabres rouges, l’œuvre explore les coulisses criminelles de l’univers Star Wars dans une ambiance mêlant western et film noir galactique. L’animation est léchée, le rythme soutenu et l’intention hyper claire : proposer un snack de science-fiction pour une génération TikTok. Mais cette stratégie est-elle vraiment efficace ?
D’un côté, le format court et les visuels dynamiques répondent aux codes du divertissement numérique actuel. De l’autre, les intrigues supposent une connaissance solide de l’univers Star Wars : on y parle des Sœurs de la nuit, on ressuscite des personnages qu’on croyait morts dans des romans dérivés (Dark Disciple pour Ventress) et on explore les cicatrices psychologiques de figures déjà complexes. Difficile d’y accrocher sans bagages.

Dave Filoni, figure tutélaire du Star Wars contemporain, le reconnaît lui-même auprès de Fanthatracks : « Peu importe ce que nous faisons, cela doit être vraiment bien fait. Si on fait quelque chose pour les enfants, il faut que ça fonctionne aussi pour les adultes, et inversement. »
Une ambition louable, mais qui, dans le cas de Tales of the Underworld, se heurte à une certaine indécision. Trop dense pour les novices, trop superficielle (voire enfantine) pour les fans hardcore, la série flotte entre deux publics, sans jamais réellement ancrer son propos.
Petite récréation avant le film mandalorien
Côté réception, la série a suscité un accueil tiède sur les réseaux sociaux. Sur Reddit et X, la communauté Star Wars se montre divisée. Certains saluent le retour d’Asajj Ventress, longtemps laissée de côté par l’univers canon, tandis que d’autres dénoncent une esthétique « générique » et un manque d’enjeux émotionnels. « Ça se regarde, mais ça s’oublie aussi vite », résume un internaute sur le forum r/StarWars. Les discussions virent souvent à l’indifférence, ce qui, dans l’empire intergalactique d’Internet, est rarement bon signe.

D’autant que cette minisérie n’a pas vocation à ouvrir un nouvel arc narratif, mais à faire patienter jusqu’à la prochaine grosse échéance : The Mandalorian & Grogu, le film événement réalisé par Jon Favreau prévu pour le 22 mai 2026. Or, là encore, Tales of the Underworld peine à jouer ce rôle de pont. Sa brièveté, son absence de lien direct avec les intrigues en cours et sa structure en font plus une parenthèse qu’un véritable jalon dans la timeline galactique.
Verdict : l’œuvre ressemble davantage à un bel exercice de style qu’à une vraie porte d’entrée dans l’univers Star Wars. Les jeunes y verront peut-être un dessin animé plus cool que le look de Jar Jar Binks, les fans un clin d’œil bien ficelé. Mais de là à dire qu’elle forme une nouvelle génération de Padawan, il y a encore un saut hyperespace à franchir.