Critique

Skeleton Crew : Disney a-t-il créé un Stranger Things de l’espace ?

09 décembre 2024
Par Thomas Ducres
“Skeleton Crew”, le 2 décembre sur Disney+
“Skeleton Crew”, le 2 décembre sur Disney+ ©Lucasfilm, Disney+

Quoi de neuf dans la galaxie Star Wars ? Une nouvelle série mettant en scène des ados au look très eighties devant affronter des monstres tout droit venus d’une autre planète. La création Disney+ est-elle vraiment à des années-lumière du Stranger Things de Netflix ? On sort le télescope pour comparer ces jeunes étoiles.

Star Wars, c’est comme les impôts : ça revient tous les ans. On se souvient de The Mandalorian (2019 et 2020), de la série animée Visions (2021), d’Andor (2022), d’Ahsoka (2023)… Sans surprise, 2024 ne fera finalement pas exception pour la franchise vendue par George Lucas à Disney pour 4 milliards de dollars. Sauf que cette fois, il ne s’agit pas d’une suite aux aventures de Grogu, mais d’une escapade interstellaire pour quatre personnes pas beaucoup plus grandes que lui.

Dans Skeleton Crew, nouvelle série Star Wars écrite par Jon Watts (à qui l’on doit les trois derniers Spider-Man), on suit une bande d’ados égarés qui n’est pas sans rappeler – sur le papier – celle créée par les frères Duffer pour Netflix voilà bientôt dix ans. Coïncidence ? Pas vraiment.

La guéguerre des étoiles

Après avoir fait les poches des fans historiques avec une nouvelle trilogie très contestée, le patron de Disney, Bob Iger, tente comme d’autres avant lui de surfer sur la vague Stranger Things. D’autres, comme Prime Video avec Paper Girls, se sont cassé les dents sur cette envie de draguer une nouvelle génération de streamers biberonnés au fantasme des années 1980.

©Lucasfilm, Disney+

Mais rares sont ceux à posséder les moyens de Disney quand il est question de transmettre la passion pour les Jedi à des gamins qui n’étaient même pas nés au moment de la sortie de Star Wars épisode VII (spoiler : ils n’ont rien raté). Et c’est ainsi qu’on se surprend à découvrir le quotidien rétrofuturiste a priori très banal de quatre ados dans un monde où walkman à piles et scooters volants auraient parfaitement pu cohabiter. Sauf que l’histoire prend place dans une autre galaxie, sur At Attin, à l’époque du Retour du Jedi.

©Lucasfilm, Disney+

Et, comme on s’en doute, tout va basculer très vite pour Wim, Fern, KB et Neel (un enfant éléphant évidemment très attachant) après la découverte d’un vaisseau enterré à deux pas de leur lycée du futur, qui, en décollant accidentellement, lance définitivement l’intrigue de Skeleton Crew : les voilà, pour paraphraser la série Netflix de 2018, perdus dans l’espace.

Sur sa route, ce compagnonnage boutonneux croisera celle de Jude Law, aka Jod Na Nawood. Objectif : ramener tout ce beau monde sur sa planète origine. Là encore, rien ne va se passer comme prévu dans cette saison en huit épisodes.

George Lucas vs Steven Spielberg

Plus que Stranger Things, ce sont surtout les Goonies qui viennent à l’esprit après le visionnage des premiers épisodes. C’est à se demander si la série produite par Jon Favreau (l’homme derrière les succès de The Mandalorian et Le Livre de Boba Fett) ne pioche pas plus chez le Spielberg des eighties que chez le créateur de Star Wars.

Car des clins d’œil appuyés à Skywalker & co, oui, il y en a. Mais ce qu’on retient surtout, c’est ce mix intersidérant entre Indiana Jones et Retour vers le futur, et tous ces blockbusters à chewing-gum et couleurs flashy qui doivent tant au père d’E.T.

©Lucasfilm, Disney+

Moins aventureux que The Mandalorian, mais plus ludique et léger, Skeleton Crew n’est donc pas adressé aux vieux fans de Star Wars, mais à leurs enfants qui ont toujours trouvé la coupe de cheveux de la princesse Leia complètement ringarde.

Pas sûr à 100 % que ça marche : la série Lucasfilm cible clairement les 10-14 ans, mais il ne suffit pas de filmer des ados pour les scotcher à l’écran, et c’est que prouvèrent à l’époque les aventures du Mandalorien, avec ces millions de Grogu vendus en peluche parlante pour Noël.

©Lucasfilm, Disney+

Si les moyens de production sont, comme toujours avec Star Wars, complètement bluffants, on reste un peu sur sa faim avec ces épisodes très courts (29 minutes pour le deuxième) et trop écrits pour un public qui doit se coucher tôt parce qu’il a école le lendemain matin. Outre Jude Law, seule petite surprise du casting est la présence de Tunde Adebimpe dans le rôle du père de Wim, et bien connu des mélomanes pour son groupe TV on the Radio.

Meilleur que The Mandalorian, vraiment ?

Malgré ces quelques réserves, et contre toute attente, le démarrage de Skeleton Crew est tonitruant. Notée 96 % sur Rotten Tomatoes, la série devance The Mandalorian et Ahsoka au classement. En ciblant la dernière génération à n’être pas encore tombée dans la marmite Star Wars, Disney semble avoir réussi son pari en forme de grand écart ; et certains parlent déjà d’une saison 2 alors que la première ne se clôturera que le 14 janvier prochain avec la diffusion du huitième épisode.

©Lucasfilm, Disney+

Pour Jon Watts, une chose est déjà sûre : pas question de faire la même erreur que les producteurs de Stranger Things avec des ados grandissant de saison en saison. Si suite il y a pour Skeleton Crew, le showrunner promet déjà « un saut important dans le temps ».

Un saut dans l’hyperespace, peut-être ? Quoi qu’il arrive, tout cela laissera un peu de temps à Pedro Pascal pour renfiler son casque puisque le long-métrage The Mandalorian & Grogu est quant à lui déjà prévu pour le 22 mai 2026. D’ici là, on espère qu’à l’instar d’E.T. l’extraterrestre, les ados de l’espace de Skeleton Crew auront réussi à « téléphoner maison ».

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