
Le géant du streaming enrichit son catalogue sud-coréen avec un nouveau thriller psychologique. Loin des romances et des récits surnaturels, Karma tisse une intrigue sombre et bien ficelée autour de six personnages liés et confrontés à leurs choix les plus troubles.
« Dogme central de l’hindouisme et du bouddhisme, selon lequel la destinée d’un être vivant est déterminée par l’ensemble de ses actions passées, y compris celles de ses vies antérieures. » C’est ainsi que Le Robert définit le karma. En clair : chaque geste laisse une trace, chaque choix nous revient, tôt ou tard. Bonne action : bon retour. Mauvais choix : douloureuse conséquence. Une mécanique ancienne, implacable, qui nourrit de nombreux récits, dans la culture orientale comme dans la fiction occidentale.
Sans surprise, ce principe de cause à effet a inspiré de nombreux créateurs : le roman Maudit karma de David Safier, la série Earl, le film choral Cloud Atlas, ou encore le récent Bullet Train. Une idée qui n’a évidemment pas échappé à Netflix. Le 4 avril, la plateforme dévoilera sa nouvelle production sud-coréenne au titre sans détour : Karma. Un thriller sombre et nerveux, signé Lee Il-hyung, réalisateur des films A Violent Prosecutor et Remember.
Un casting solide pour un projet ambitieux
La série est adaptée d’un webtoon publié en 2019, Ill-fated Relationship, signé Choi Hee-seon. Sur le papier comme à l’écran, Karma ne fait pas dans la demi-mesure. En tête d’affiche, on retrouve Park Hae-soo, révélé dans la première saison de Squid Game, qui incarne un homme hanté par ses décisions passées.

À ses côtés, Shin Min-a (vue dans la romance Hometown Cha-Cha-Cha) joue Joo-yeon, une femme marquée par un traumatisme d’adolescence. Lee Hee-joon, Kim Sung-kyun, Lee Kwang-soo et Gong Seung-yeon complètent le casting, incarnant des personnages hauts en couleur, liés par un même événement clé.
Un puzzle narratif à reconstituer
Tout débute par un incendie dans un bâtiment abandonné. Un lieu qui devient rapidement le centre névralgique d’une intrigue éclatée, où chaque épisode adopte plus ou moins le point de vue d’un protagoniste. C’est ce qu’on appelle, en cinéma, un « récit diffracté » : une même histoire revisitée par plusieurs prismes, façon Rashomon de Kurosawa.
Résultat : six épisodes, six angles, six récits entremêlés. Flashbacks, timelines superposées, indices disséminés… Loin d’un visionnage passif, Karma réclame de l’attention, invitant le spectateur à recomposer le récit pièce par pièce.
Des portraits sombres, entremêlés
On suit d’abord Moon Kyuk-nam, un homme criblé de dettes après avoir spéculé sur les cryptomonnaies. Prêt à tout pour échapper à ses créanciers, il enchaîne les actes les plus vils et déclenche un engrenage infernal dont il ne maîtrise plus les conséquences.

Autour de lui gravitent Joo-yeon, une médecin tourmentée, contrainte de faire face à son passé. De son côté, Gil-ryong vient tout juste de perdre son emploi et accepte une mission douteuse impliquant une somme d’argent considérable. Do-hyuk est quant à lui un chirurgien fortuné dont la vie bien rangée bascule à la suite d’un brutal événement. Enfin, Yu-jeong, la compagne de ce dernier, est une femme séduisante et énigmatique.
Une mécanique à installer
Il faut patienter un peu avant de saisir les rouages du récit. C’est à partir du deuxième épisode que les pièces commencent à s’emboîter : le passé des uns éclaire les fautes des autres, les révélations s’enchaînent et la tension monte. Chaque personnage porte une part de responsabilité, toujours lourde de conséquences. Karma explore ainsi comment un choix, une action, aussi anodine soit-elle, peut devenir le point de départ d’un désastre.

La série prend son temps, au risque de quelques longueurs. Ce rythme permet en revanche à l’intrigue de gagner en densité. L’écriture tisse progressivement les liens entre les personnages, dans un jeu de miroirs plutôt maîtrisé. Le casting, quant à lui, est impeccable : tous incarnent avec justesse des figures ambivalentes, souvent détestables et pourtant profondément humaines.
Une conclusion sans éclat, mais bien menée
Le dénouement, difficile à anticiper, tient la route. Il révèle l’un des personnages sous un jour inattendu. Ce n’est pas un twist fracassant, mais une fin cohérente, en phase avec les intentions de la série. Karma n’a pas vocation à tout bouleverser, mais elle sait mener son récit avec rigueur. Et laisse derrière elle un goût amer, comme une leçon froide sur la nature humaine.

Elle saura donc s’adresser à celles et ceux qui aiment les thrillers psychologiques et autres récits labyrinthiques. C’est une série-puzzle, où chaque épisode éclaire les précédents, où chaque détail compte. L’œuvre confirme le savoir-faire des productions sud-coréennes en matière de thriller noir. Un conseil : ne lâchez pas l’affaire trop vite, et méfiez-vous des apparences. Rien n’est innocent dans cette histoire.