
Connue pour ses rôles dans Unité 42 et Face à face, Constance Gay partage cette fois l’affiche avec Michaël Youn. Aussi intrigante que percutante, Flashback a toutes ses chances de briller sur TF1 – une intuition que partage la principale intéressée.
Commençons par une petite remise en contexte : quelle aventure Flashback fait-elle vivre à ses spectateurs ?
J’incarne le personnage d’Elsa, une trentenaire qui est agente de la police scientifique de Lyon. Trente ans après la mort de son père, elle est violemment agressée et reçoit un coup de couteau. Contre toute attente, elle est projetée en 1994, quelques mois avant le drame qui a coûté la vie à son père. Elle va donc devoir collaborer avec lui, mener des enquêtes à ses côtés, tout en cherchant à comprendre ce qui lui est arrivé.
Son objectif est simple : découvrir la vérité sur sa mort et, si possible, changer le cours de l’histoire pour le sauver. Mais très vite, elle est confrontée à une réalité qu’elle n’avait pas envisagée. Elle a idéalisé son père toute sa vie, le voyant comme un homme parfait : le bon papa, gentil, bienveillant, ouvert, presque un super-héros… Mais, en le côtoyant dans le passé, elle découvre un tout autre visage. C’est un policier des années 1990, avec des idées bien ancrées dans son époque : misogynes, racistes et homophobes.
Certaines blagues ou attitudes de la série seraient effectivement considérées comme inappropriées aujourd’hui…
Oui, mais c’est complètement assumé, car la série se déroule dans les nineties et elle veut justement montrer l’évolution de la société sur certains sujets. Sur le plateau, on a fait très attention à ne pas aller trop loin, on ne voulait heurter personne. Il fallait trouver le bon dosage, surtout dans la manière de dire certaines blagues – qu’on dénonce. Et c’est là que le personnage d’Elsa est essentiel : elle est là pour contrebalancer et remettre à leur place ces propos et ces comportements problématiques, qui ne viennent pas uniquement des hommes, d’ailleurs.
C’est vraiment la confrontation entre deux visions du monde, et mon personnage permet d’apporter ce contrepoint. Heureusement qu’elle est là. Si la série se résumait à un enchaînement de blagues racistes, misogynes et homophobes, ça n’aurait aucun sens ni intérêt. Ce qui la rend captivante, c’est justement cette collision entre deux époques, et Elsa hallucine face à ce qu’elle découvre. En fait, elle représente le regard du spectateur face à ces situations.
Qu’est-ce qui vous plaisait dans ce projet ?
Le pitch. Le concept même du retour dans le passé est un vrai bonbon pour un acteur. C’est juste génial à jouer. Le scénario était très bien écrit et, en plus, c’est porté par les producteurs d’HPI, ce qui est déjà un gage de qualité. J’ai beaucoup aimé le personnage d’Elsa.
C’est une femme qui côtoie encore l’enfant en elle, surtout lorsqu’il est question de son père. Elle sait ce qu’elle veut dans sa vie, elle est volontaire, indépendante, bosseuse… Mais dès qu’on évoque son papa, elle redevient cette petite fille qu’elle était au moment de sa perte.

Elle régresse, retrouve ses émotions d’enfant, ses failles. Jouer cette dualité, ce tiraillement entre la femme forte et l’enfant vulnérable, c’est génial. On a tous nos failles liées à l’enfance, et les explorer à travers ce rôle était délicieux. Le dernier argument de taille était Michaël Youn. Quand on m’a annoncé que j’allais jouer sa fille et partager toutes ces belles scènes avec lui, j’ai tout de suite dit oui, sans hésiter.
Comment avez-vous construit cette dynamique père-fille ?
Avec Michaël, on parlait le même langage. Les lectures et la préparation en amont du tournage nous ont permis d’être sur la même longueur d’onde. Ensuite, la question de l’alchimie entre les acteurs entre en jeu. Parfois, elle s’impose à nous, et d’autres fois, il n’y en a aucune. Je pense qu’avec lui, il y a eu quelque chose d’assez immédiat – et ça se ressent dans notre complicité à l’écran. On est vraiment dans un ping-pong permanent. Tout ce que l’un propose, l’autre le reçoit, et inversement. C’est génial.
Comment appréhendiez-vous ce tournage avec Michaël Youn ? Étiez-vous impressionnée, excitée, neutre ?
C’est drôle, parce que la fiction et la réalité se sont un peu rencontrées. Moi, j’ai beaucoup d’énergie dans la vie – vraiment beaucoup – et j’ai plutôt l’habitude de jouer des rôles comme celui de Michaël. Cependant, il ne pouvait y avoir ces deux mêmes énergies sur le tournage ni à l’écran. Ça aurait été totalement inregardable.

Souvent, dans la vie, quand quelqu’un a une énergie égale ou plus forte que la mienne, j’ai tendance à complètement redescendre pour qu’il y ait un juste milieu. Et c’est exactement ce qui s’est passé, sur et en dehors du plateau. J’étais plus en retrait, plus observatrice et plus calme – exactement comme Elsa.
Avez-vous été particulièrement émue ou marquée par un moment de tournage ?
J’attendais vraiment de tourner la séquence où je retrouve mon père. C’était un moment assez magique, tant pour l’équipe que pour nous, les acteurs. C’était le premier instant d’émotion où les deux personnages se retrouvent. L’un sait qui est l’autre, mais pas inversement. Ce moment marque l’alchimie entre les deux héros et pose les bases de la suite de l’histoire.
Flashback mêle deux grands tropes : le voyage dans le temps et le thriller. Comment la série parvient-elle à se démarquer des autres, malgré ce genre saturé ?
Elle peut compter sur un élément très fort : le sujet des enquêtes. Elles nous plongent dans l’univers des années 1990, on parle de croyance aux ovnis, de boys bands, de l’arrivée d’Internet… Le genre d’affaires qu’on ne voit pas souvent dans des séries policières. Ça apporte un vrai vent de fraîcheur.
En parallèle, on suit aussi l’investigation personnelle d’Elsa sur son père. Cette double dynamique rend l’histoire encore plus riche et le dosage entre l’aspect enquête et le côté feuilletonnant (tout ce qui touche à la famille et aux relations personnelles) est très équilibré.

Quand Elsa est projetée en 1994, elle se donne une mission : empêcher la mort de son père. Souhaiteriez-vous changer le passé si vous en aviez le pouvoir ?
Je pense que je refuserais ce pouvoir, parce qu’avec tous ces “et si”, on pourrait refaire le monde… mais est-ce qu’on le referait vraiment mieux ? Je n’en suis pas certaine. Je préfère croire aux choses de la vie, comme le disait si bien Claude Sautet dans l’un de ses films que j’adore. Je préfère laisser le destin suivre son cours. Je pense qu’essayer de changer le passé provoquerait un vrai bordel.
Il y a aussi la question de l’effet papillon. On entrerait dans un vortex temporel où tout se mélange : le conditionnel, le passé, le futur, le présent… En réalité, si je pouvais changer quelque chose, ce serait simplement le fait de mieux profiter de certains moments.
Dans ce cas, quel conseil donneriez-vous à la Constance des années 1990 ?
Amuse-toi et fais-toi confiance.