Il est discret, mais mortel. Au cœur du décor thaïlandais de la troisième saison de The White Lotus, un arbre bien réel s’invite dans la fiction et sème le trouble parmi les personnages.
Il y avait, dans cette troisième saison de The White Lotus, un personnage insoupçonné, tapi dans les feuillages luxuriants du resort thaïlandais : un arbre. Silencieux, immobile, mais bien réel, le Cerbera odollam – surnommé « l’arbre du suicide » – a injecté son venin narratif dans la série diffusée depuis le 17 février sur Max (HBO), avec une conclusion ce 7 avril.
Attention, cet article contient des spoilers sur les événements de la saison 3.
Un décor paradisiaque mais empoisonné
Sous les palmiers impeccablement taillés du White Lotus thaïlandais, les névroses bourgeoises refont surface dans cette saison 3. Parmi ces nouveaux personnages, la famille Ratliff essaie de rester unie malgré les tensions. Timothy, le père, semble de plus en plus nerveux, Victoria reste perchée et les enfants observent en silence.
Tout commence par un fruit vert que Saxon, l’un des enfants Ratliff, ramasse au sol. Une employée, Pam, le prévient : c’est le fruit du pong-pong, un arbre local dont les graines sont mortelles. L’avertissement semble anodin, mais il annonce ce qui va suivre.
Face à ses problèmes financiers, Timothy envisage l’impensable : empoisonner sa famille avec les graines de l’arbre. Il broie les noyaux, les mélange à des piña coladas. Il hésite, renonce, mais oublie de nettoyer le mixeur. Le lendemain, son fils Lochlan s’en sert pour un shaker. Il tombe malade, mais survit.
Une menace bien réelle
Le Cerbera odollam n’est pas une invention des scénaristes. Cet arbre pousse dans les zones humides d’Asie du Sud, notamment en Inde et en Thaïlande. Son fruit, de la taille d’une petite pomme, contient une graine riche en cerbérine, une toxine cardiaque.
Dans l’État indien du Kerala, on l’appelle l’arbre du suicide. Selon une étude publiée en 2004 (dans Journal of Ethnopharmacology), ses fruits auraient mis fin à la vie d’environ 3 000 personnes par an au cours des siècles passés. Utilisé pour des suicides ou des meurtres, son poison agit rapidement et laisse peu de traces.
À Madagascar, l’arbre a longtemps été utilisé lors d’ordalies : avaler sa graine servait à prouver son innocence. En général, ceux qui survivaient étaient considérés comme purs. Les autres mouraient. Cette pratique a été interdite au début du XXe siècle.
« C’est une façon de faire porter la responsabilité de ces jugements de vie ou de mort au surnaturel, tout en protégeant les personnes qui infligent la punition des crimes du sentiment de culpabilité », expliquait alors le professeur Ty Matejowsky auprès du New York Times.
