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J’emporterai le feu de Leïla Slimani : le dernier pan d’une fresque familiale

21 janvier 2025
Par Sarah Dupont
Leïla Slimani publie le 23 janvier “J'emporterai le feu”, ultime tome de sa trilogie “Le pays des autres”.
Leïla Slimani publie le 23 janvier “J'emporterai le feu”, ultime tome de sa trilogie “Le pays des autres”. ©Francesca Mantovani

Ultime tome de sa trilogie Le pays des autres, Leïla Slimani, prix Goncourt 2016 pour Chanson douce, publie ce 23 janvier J’emporterai le feu, une plongée dans le Maroc des années 1980-1990, toujours entre universalité et intimité.

C’est un point final particulièrement attendu en ce début d’année : la conclusion de la trilogie de Leïla Slimani, Le pays des autres. Cette fresque familiale, qui traverse les bouleversements du Maroc au fil de la seconde moitié du XXe siècle, a débuté en 2020 avec La guerre, la guerre, la guerre, avant de se poursuivre en 2022 avec Regardez-nous danser. Ce 23 janvier, l’autrice, couronnée par le prix Goncourt en 2016 pour Chanson douce, livre enfin la fin de cette saga bouleversante, avec J’emporterai le feu.

Une écrivaine à la plume acérée

En quelques années, Leïla Slimani est devenue une voix incontournable de la littérature contemporaine. Née en 1981 à Rabat, elle s’est d’abord fait remarquer par des romans abordant des thèmes tabous, comme la sexualité féminine dans Dans le jardin de l’ogre (2014) ou les tensions sociales dans Chanson douce, qui lui a valu une reconnaissance internationale.

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Chanson douce a fait l’objet d’une adaptation d’un film co-écrit et réalisé par Lucie Borleteau, avec Karin Viard et Leïla Bekhti.

Son écriture, réputée précise et incisive, explore sans détour les contradictions humaines, mêlant les fragilités intimes à des questionnements universels. Slimani, qui se définit comme une « artisane » de l’écriture, est aussi reconnue pour son engagement et sa capacité à faire entendre d’autres voix, qu’il s’agisse des récits de femmes ou des histoires postcoloniales.

Une trilogie à succès

Avec Le pays des autres, la romancière a entamé en 2020 une fresque retraçant une histoire familiale, inspirée de sa propre famille, et celle du Maroc à travers trois générations. Le premier tome suit Mathilde, une jeune Alsacienne partie s’installer au Maroc avec son mari Amine après la Seconde Guerre mondiale. Isolée dans une ferme aride, Mathilde découvre un pays où les tensions culturelles et politiques façonnent son quotidien.

Deux ans plus tard, Regardez-nous danser poursuit cette saga avec une plongée dans les années 1960 et 1970. Le Maroc vient de gagner son indépendance, et Amine et Mathilde se battent pour trouver leur place dans une société en mutation. Leur fille, Aïcha, revient en France pour ses études, affrontant un choc culturel et les attentes d’un monde qui semble toujours à reconstruire.

Le point final tant attendu

Avec J’emporterai le feu, Leïla Slimani conclut sa trilogie en s’intéressant à la troisième génération de la famille Belhaj, celle des années 1980-1990. Les petites-filles de Mathilde et Amine, Mia et Inès, évoluent dans un Maroc toujours en transition, tiraillé entre tradition et modernité, et font face à de nouveaux défis : mondialisation, montée de l’islamisme, exil, racisme, quête de liberté…

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Ce volet revêt une importance particulière pour l’autrice, qui y dépeint un Maroc qu’elle a connu enfant. « Ces années 1980-1990 ressemblent pour moi à un monde perdu, explique-t-elle dans une interview accordée à Télérama. Mes enfants ont du mal à me croire quand je leur raconte ce Maroc de ma jeunesse. » Elle y décrit un pays marqué par des contrastes profonds, où « se creuse un fossé croissant entre l’élite et la population — et, produites par ces inégalités, la colère immense, les émeutes, la montée de l’islamisme ».

Un roman inspiré du vécu

Les thèmes de l’exil et de l’identité trouvent également une résonance particulière dans le parcours de Mia, qui quitte le Maroc pour s’installer à Paris, reflétant l’expérience personnelle de Slimani. « La solitude, l’impression d’une ville à la fois très belle et inaccessible. La dureté des gens. Et ce sentiment ambigu de vouloir en être, et en même temps, comme on est vexé de ne pas en être, d’en rajouter sur sa différence : je ne suis pas comme vous, je suis marocaine… », confie-t-elle.

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Leïla Slimani se confit que J’emporterai le feu.

Pour Slimani, ce roman dépasse l’exploration du passé : « Ce n’est pas tant un récit sur le passé que sur les futurs qui ne sont pas advenus, pas un livre sur la mémoire, mais sur les utopies et les rêves avortés. »

Les critiques séduites

Ce dernier tome a été largement salué par la critique. Le Parisien le décrit comme un roman qui « nous embarque sans nous lâcher », mettant en lumière la puissance d’une écriture limpide et ancrée dans les contradictions du Maroc des années 1980-1990. Tandis qu’ActuaLitté souligne également sa capacité à « explorer les défis et les aspirations de la troisième génération », L’écho évoque une œuvre qui « mêle l’intime à l’universel, la mémoire individuelle à l’histoire collective ».

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