
Stalker obsessionnel et meurtrier, Joe Goldberg est persuadé de commettre des crimes au nom de l’amour. Cependant, l’antihéros de You n’est pas un romantique : il est atteint par plusieurs troubles.
Après près de sept ans de montagnes russes émotionnelles, Netflix a décidé de fermer le chapitre You. Bien qu’inégales, ses cinq saisons nous ont permis d’entrer dans la psyché de Joe Goldberg, un bibliophile passionné et séduisant qui se révèle être un tueur en série. Stalker obsessionnel, ce dernier voit ses crimes comme des preuves d’amour. Pourtant, ses actes n’ont rien de romantique. En effet, il a enfermé 13 personnes dans sa cage (dont Benji, Beck et Marienne) et en a tué 23 au total – du petit ami de sa mère à Love en passant par des gardes du corps et policiers.
Un profil complexe
Psychologue clinicienne et neuropsychologue, Charlotte Sancho s’est penchée sur le cas Joe Goldberg sur son blog. Selon la spécialiste, l’antihéros montre des caractéristiques du trouble de la personnalité narcissique, marqué par « un besoin excessif d’admiration, un manque d’empathie, des comportements manipulateurs et une perception déformée de sa propre importance ». Des traits qui se manifestent chez Joe par une obsession du contrôle et une manipulation constante de son entourage.

Elle identifie également plusieurs mécanismes psychologiques : la rationalisation, où il justifie ses actes violents par des raisons qu’il considère nobles ; la projection, attribuant ses propres défauts aux autres ; la dissociation, se détachant de la réalité pour maintenir ses schémas de pensée ; et la manipulation, utilisant des tactiques pour contrôler son environnement. Ces mécanismes contribuent à une distorsion de la réalité, renforçant son comportement pathologique.
Interrogé par Madame Figaro, le psychologue Michaël Stora partage le même diagnostic. « Il fait partie de ces serial killers qui vont justifier, sous prétexte d’une morale, d’être des tueurs. La dimension supplémentaire de Joe est son romantisme teinté de paranoïa. Le paranoïaque, souvent, explique son emprise sur une personne par le fait qu’il cherche à la protéger. C’est ce que l’on appelle de l’érotomanie – la conviction délirante d’être aimé. »

Selon le spécialiste, Joe présente des traits de paranoïa sensitive, caractérisée par une passion intense plutôt que par une froide logique. De plus, la pathologie inquiétante de Joe réside dans son passage à l’acte, franchissant la ligne rouge du meurtre. Son enfance, marquée par des expériences traumatisantes telles que l’enfermement dans une cage par son mentor, a contribué à développer une dynamique d’amour-haine et de punition-récompense, influençant son comportement adulte.
« Cela montre bien que Joe était lui-même sous l’emprise de quelqu’un, complète Michaël Stora. Il va donc, pour le bien de l’autre, retourner à une position dans laquelle il était passif pour devenir acteur. En pédopsychiatrie, les enfants qui auront des tendances psychopathiques ont souvent vécu de grands traumatismes. » Après avoir vécu dans l’impunité durant des années, Joe sera-t-il (enfin) puni pour ses actes ? La réponse est sur Netflix.