
Après des débuts très prometteurs, la série s’était perdue dans des intrigues trop lentes et peu convaincantes. Diffusée ce 24 avril sur Netflix, cette cinquième et ultime saison relève (enfin) le niveau.
Autant l’avouer tout de suite : les précédentes saisons de You ne nous avaient clairement pas convaincus. Alors, quand on a appris que l’amoureux le plus toxique du petit écran revenait pour une cinquième et ultime salve d’épisodes, on était curieux de voir si ce serait le massacre annoncé.
Lancée en 2018 et développée par Greg Berlanti (To the Moon, Avec amour, Simon) et Sera Gamble (Supernatural), la série phénomène de Netflix est une adaptation de la trilogie littéraire de l’autrice américaine Caroline Kepnes. L’œuvre originale a ainsi inspiré les deux premières saisons, les suivantes étant des histoires inédites.
Le fil rouge de ces cinq saisons et 50 épisodes ? Joe Goldberg (campé par Penn Badgley, inoubliable Dan Humphrey dans Gossip Girl), un libraire new-yorkais à l’apparence charmante qui cache en réalité un stalker obsessionnel et meurtrier, persuadé de commettre des crimes par amour. Après avoir brisé les vies de Beck, Love ou encore Marienne, le jeune homme semblait se ranger à la fin de la saison 4. L’âge de raison est-il (enfin) arrivé ?
Le calme avant la tempête
Joe a contenu ses pulsions pendant trois ans. Trois années durant lesquelles il a élevé son fils avec sa nouvelle épouse, Kate Lockwood (incarnée par Charlotte Ritchie). Femme accomplie et businesswoman reconnue, cette dernière est au courant de (certains) secrets de son mari et les accepte. Désormais protégé par la puissante famille Lockwood, Joe est de retour à New York sous sa véritable identité. Exit le quotidien de fugitif : le libraire retrouve le bonheur dans sa ville de cœur.

Cependant, cet équilibre précaire vole en éclats dès les premières minutes de cette cinquième et dernière saison. La cause ? Un article qui menace de révéler l’implication de sa femme dans un scandale sanitaire majeur ayant provoqué de nombreux cas de cancer. Grand chevalier blanc, Joe est déterminé à sauver sa femme, coûte que coûte. Il se lance alors une mission : supprimer cet article – ou son auteur.
Un retour convaincant
Le premier épisode donne le ton : rythmé, dense, sans temps morts. Les situations s’enchaînent et les fils rouges de l’intrigue se mettent en place progressivement. On rencontre toute une nouvelle galerie de personnages – pour la plupart des puissants fortunés, tantôt clichés, tantôt insupportables – et on suit Joe dans sa nouvelle enquête, dans son quotidien de parent qui lutte pour ne pas reproduire le même schéma de violence auprès de son fils, dans son combat intérieur contre ses vieux démons, mais aussi dans sa nouvelle obsession.

En effet, une rencontre fortuite avec Bronte (interprétée par Madeline Brewer), qui s’introduit dans sa librairie la nuit pour emprunter des livres, vient compliquer davantage sa situation. Une passionnée de littérature au caractère bien trempé, mais qui cache des failles ? Exactement son genre. Nous n’en dévoilerons pas davantage pour ne rien gâcher à votre surprise, mais nous devons avouer que cette ultime salve nous a agréablement surpris.
Contrairement aux saisons précédentes qui pouvaient s’essouffler en cours de route, celle-ci nous captive du premier au dernier épisode. Si l’on retrouve le côté obsessionnel de Joe qui a fait le succès de la série, les scénaristes ont su aller plus loin en ne focalisant pas toute l’intrigue sur ce seul aspect, abordant des thématiques plus profondes que les précédentes.

La réalisation ne révolutionne pas le genre, le jeu de Penn Badgley peine parfois à nous convaincre et on devine facilement certains rebondissements, mais ce cinquième chapitre nous présente néanmoins des personnages féminins forts et multiplie des intrigues rythmées qui maintiennent notre attention. Après s’être perdu durant plusieurs saisons, Netflix offre aux spectateurs la conclusion qu’ils méritaient. You ne s’imposera pas comme la série de la décennie, mais force est de constater que cette ultime salve est un divertissement très efficace qui se dévore en un week-end.