
En mai, le rayon poche se remplit des romans chargés d’émotions de Bruno Combes, Thomas Schlesser et Jim Fergus, des fresques familiales et historiques de Katarina Fuchs et Anne Jacobs ou encore des romances torrides de Scarlett St Clair et Rina Kent…
Les Yeux de Mona – Thomas Schlesser (LGF)
Historien de l’art et journaliste, Thomas Schlesser a œuvré à travers ses écrits, ses articles ou ses émissions de radio à initier le grand public à l’art. Il concrétise pleinement cette approche l’année dernière en publiant Les Yeux de Mona, un roman bâti à partir d’un drame où il décrypte plus d’une cinquantaine d’œuvres majeures. Atteinte d’une mystérieuse cécité subite, Mona, dix ans, risque de perdre définitivement la vue. Bouleversé, son grand-père décide en secret de l’emmener au musée voir des œuvres d’art plutôt que de l’accompagner chez le psychologue. Commence alors pour l’enfant un voyage initiatique à la fois poignant, par son issue fatale, et jubilatoire pour l’émerveillement qu’il procure face à la puissance de l’art.
Hadès et Perséphone, Tome 4 : A Touch Of Chaos – Scarlett St Clair (Hugo poche)
Adepte d’une romantasy musclée penchant volontiers vers le côté sombre de la romance, Scarlett St Clair s’est fait un nom en France avec la série Hadès et Perséphone où elle revisite le destin d’un des couples phares de la mythologie grecque. Dans cette version moderne et américaine, le dieu des enfers a investi sur terre le costume d’un puissant patron de boîte de nuit alors que la jeune déesse du printemps a choisi de renoncer à son immortalité et de travailler comme journaliste. Dans A Touch of Chaos, quatrième et ultime épisode de la saga, la guerre des dieux fait rage. Engagée malgré elle dans une bataille titanesque aux côtés de son époux Hadès, Perséphone se retrouve contrainte, pour survivre, de renouer avec ses pouvoirs divins et de renoncer le temps du combat à ses idéaux pacifiques.
Le Magasin des souvenirs, Angelika & Christine – Katarina Fuchs (J’ai Lu)
Raconter l’histoire de l’Allemagne par la romance, la saga familiale et le regard des femmes est un exercice que Katarina Fuchs maîtrise à la perfection. Avec Le Magasin des souvenirs, trilogie courant sur une période qui va de 1913, à la veille de la Grande Guerre, jusqu’à la fin des années 1950, elle raconte les parcours de deux femmes fortes, inspirées de ses grands-mères, qui ont su traverser avec dignité les turpitudes d’une histoire marquée par la folie guerrière des hommes. Troisième et dernier épisode indépendant de la trilogie, Angelika & Christine croise les destins à partir de 1956 d’une photographe de RFA confrontée au sexisme de sa profession et d’une jeune gymnaste prodige de RDA maltraitée par un régime qui la considère comme un objet de propagande.
La neige ne tombe pas en hiver – Bruno Combes (J’ai Lu)
Bruno Combes n’écrivait pas des romans feel good par légèreté mais pour poser de profonds questionnements existentiels. Emporté brutalement par une crise cardiaque en 2024, il laisse derrière lui La neige ne tombe pas en hiver, son dernier roman, malheureusement testament, où il sonde l’âme humaine à travers le prisme d’une rencontre intergénérationnelle. Dans cet intense et émouvant huis clos dans les Cévennes, une jeune femme bloquée dans son périple initiatique par une tempête de neige trouve refuge durant trois jours chez une libraire à la retraite qui vit seule et isolée. Entre ces deux femmes, une véritable connexion va s’établir.
La Statuette – Victoria Hislop (LGF)
Amoureuse transie de la Grèce et de ses îles à qui elle consacre presque tous ses romans, la Britannique Victoria Hislop est passée à la postérité en 2005 grâce au succès international d’un premier roman adapté dans la foulée pour la TV grecque et en BD. Vingt ans et plus d’une dizaine de romans plus tard, on la retrouve avec La Statuette, l’histoire d’une jeune Anglaise d’origine grecque découvrant avec stupeur la participation de son grand-père paternel, qu’elle a toujours craint, à la dictature des colonels des années 60-70. Installée dans la maison familiale pour l’été, elle met également la main sur un inestimable trésor archéologique d’origine suspecte. Abasourdie par ces révélations, elle décide de tout faire pour réparer le mal causé par son aïeul.
Royal Elite, Tome 2 : Steel Princess – Rina Kent (Hlab)
Parce qu’elle adore les bad boys un peu bourreaux sur les bords et les jeunes filles en fleur émoustillées par l’appât du mal, l’Anglaise Rina Kent a choisi de s’engager sur la voie de la dark romance la plus débridée. Avec la série Royal Elite, elle s’intéresse au cas d’une élève d’un lycée réservé à la très haute société harcelée par un camarade de classe détestable. Refusant de s’installer dans le rôle de la victime, elle n’hésite pas à le provoquer pour le faire enrager. Dans Steel Princess, second épisode de leur corrida destructrice, la charge érotique passe au niveau supérieur entre ces deux individus qu’il vaut mieux croiser dans un roman que dans la vraie vie.
Café Engel, Tome 2 : Les Années fatidiques – Anne Jacobs (HarperCollins)
Après une saga coincée entre la Première Guerre mondiale et les prémisses de la seconde, Anne Jacobs poursuit son immersion dans l’histoire allemande du XXe siècle avec une fresque de l’immédiat après-guerre centrée sur une famille propriétaire du Café Engel à Wiesbaden. Deuxième acte de la série, Les Années fatidiques permet de retrouver la famille Koch en 1951 confrontée à la concurrence féroce d’un nouvel établissement voisin, certes moins historique mais bien plus moderne. Consciente du danger qui les guette, Hilde doit convaincre ses parents d’entamer des travaux pour garder l’attractivité de leur bistrot. Dans le même temps, des éléments extérieurs viennent perturber la vie de toute la famille.
Déserter – Mathias Enard (Actes sud)
Auteur érudit par excellence, grand spécialiste du monde oriental, amateur d’art et Goncourt 2015 (pour Boussole), Mathias Enard est reconnu pour l’exigence et la complexité de ses romans comme de l’ensemble de son travail littéraire. Avec Déserter, il procède comme à son habitude en partant cette fois d’un double récit traversé d’une multitude de digressions érudites et de réflexions marginales. Le premier s’accroche aux questionnements existentiels d’un déserteur dont on ne connaît ni l’armée d’origine ni le conflit qu’il a fui. Alors que le second s’intéresse aux personnages qui ont gravité autour d’un éminent mathématicien est-allemand rescapé de Buchenwald et resté fidèle jusqu’à sa mort à l’idéal communiste de la RDA.
La Librairie disparue – Evie Woods (J’ai Lu)
Très à l’aise avec les fantômes qui hantent les vieilles demeures et les histoires d’amour, l’Irlandaise Evie Woods écrit des romances où le surnaturel traîne toujours dans les parages. Parfait exemple de son style, La Librairie disparue se présente comme un roman choral, multi-temporel et relevé d’un trait de fantastique situé dans une librairie de livres rares de Dublin. Un endroit mythique qui fut le décor au début du XXe siècle de l’histoire touchante d’Opaline, la libraire qui a fait contre mauvaise fortune bon cœur. De nos jours, un homme et une femme en quête de vieux manuscrits se lancent sur ses traces et tentent de prouver l’existence de ce lieu légendaire.
Le Monde véritable – Jim Fergus (Pocket)
Après avoir clos une trilogie épique sur ce même fait historique de l’histoire américaine, Jim Fergus revient sur le thème des Mille femmes blanches livrées contre mille chevaux et bisons aux chefs indiens par le gouvernement à la fin du XIXe siècle. Dans Le Monde véritable, il se cale sur le destin d’une ex-détenue, volontaire au mariage, épanouie au contact de la culture cheyenne. Malheureusement, le bonheur de Molly sera brisé par l’extermination de sa tribu par une armée US trahissant ses propres traités de paix. Refusant de se soumettre, elle prend la fuite aux côtés de plusieurs survivantes et d’une vieille Indienne pour rejoindre un légendaire pays de cocagne issu de la mythologie cheyenne.