
L’autrice de La femme de ménage est de retour en France avec un thriller exaltant basé en Nouvelle-Angleterre dans un lycée.
En quelques mois, les livres de Freida McFadden sont devenus, en France, de véritables phénomènes littéraires. Après le succès de la saga La femme de ménage, l’autrice est de retour avec un nouveau thriller, La prof (City Editions), attendu dans les librairies ce 16 avril 2025 – le même jour qu’un autre de ses romans, La psy qui ressort en édition poche.
Jouant avec les mystères et les personnages ambigus, ce nouveau livre s’inscrit dans la continuité de la bibliographie de l’autrice. Un véritable « page-turner » addictif, qui se nourrit de son propre excès.
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Un corps à enterrer, une femme qui creuse en pleine nuit dans un champ et des bruits inquiétants autour… La prof commence dès sa première page avec la promesse d’un meurtre à venir avant de dévoiler plus largement son postulat.
Dans une ville de Nouvelle-Angleterre, la rentrée des classes de septembre oblige élèves et professeurs d’un lycée à retourner en cours. Pour la professeure de math, Eve Bennett, mariée au séduisant professeur d’anglais, Nate Bennett, c’est une rentrée plus ou moins comme une autre. Pour Addie Severson néanmoins, le retour à l’école s’annonce difficile après le scandale de l’année précédente ayant conduit au renvoi d’un professeur.
Une double narration
Outre la promesse issue du polar et du meurtre sauvage, La prof est une plongée authentique dans l’univers scolaire américain. Entre le mal-être d’une génération, le harcèlement physique et moral des élèves, les questions entourant la popularité et le rapport des enseignants vis-à-vis de leurs élèves, le roman de Freida McFadden utilise tous les codes du genre. Toutefois, et c’est le point fort du livre, l’autrice utilise une double narration pour développer son propos et son intrigue.
Dès les premiers chapitres, le lecteur suit ainsi, à la première personne, Eve et Addie dans leur quotidien. Les points de vue changent constamment et les évènements sont parfois vécus selon les deux personnages, confirmant l’idée qu’une vérité annoncée peut dépendre du ressenti de chacun. Freida McFadden brouille les pistes. En offrant deux protagonistes traités sur le même pied d’égalité, tout devient possible. De plus, l’autrice conserve son amour pour les personnages ambigus, et que cela soit Eve ou Addie, les secrets et les mensonges alimentent leur quotidien. Freida McFadden dépeint avec minutie des personnages complexes et denses.
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Autour d’Eve et d’Addie, toute une galerie d’hommes et de femmes également imparfaits, ambigus et contradictoires. Derrière l’apparence et l’innocence clamée, Freida McFadden rappelle qu’il ne faut « faire confiance à personne ».
Elle pousse ainsi son intrigue dans une série de rebondissements et de coups de théâtre, visant à remettre en question tout ce que le lecteur était persuadé de savoir, tout ce que les deux protagonistes affirmaient comme seule vérité. La prof enchaîne ainsi les retournements de situation, les surprises et les révélations jusqu’à la toute dernière page. Après avoir posé son postulat et ses protagonistes, Freida McFadden a toutes les cartes en main pour s’amuser avec ses personnages et ses lecteurs.
Surprendre à l’excès
Tel un véritable « page-turner » aux cliffhangers constants, La prof en devient obsessionnel. Avec une fluidité constante dans le style et l’écriture, l’autrice amène ses personnages au bord du précipice et les fait tomber inlassablement, ou bien, fait croire aux lecteurs qu’ils tombent. La structure en devient presque trop importante, trop grosse. Chaque retournement de situation appelle le suivant, au point que le lecteur finisse par douter, in fine, des aspects les plus authentiques et réalistes de l’intrigue. Une sorte de générosité dans l’excès qui semble être totalement assumée par Freida McFadden.
Grâce à cet excès, l’écrivaine peut développer d’autres thèmes en cours de route. En particulier, un propos lié aux relations entre les personnages. Si la sur-enchère aurait pu tomber dans l’absurde, Freida McFadden revient in extremis au terre-à-terre grâce à sa grande révélation, faisant de La prof un exercice de style et de genre particulièrement réussi.
Parlant autant de la détresse des adolescents que de celle des jeunes trentenaires, La prof parvient à développer des thématiques complexes autour d’une intrigue généreuse et des personnages aussi détestables qu’attachants.
Acceptant d‘être un thriller aux nombreux retournements de situation, le livre de Freida McFadden ne va pas forcément dans la subtilité en matière d’évènements quasi-improbables, mais c’est pour la bonne cause : le plaisir instantané du lecteur et l’idée principale développée par l’autrice jusqu’à la fin de son roman.