Entretien

Enya Baroux pour On ira, au festival de l’Alpe d’Huez : “L’essentiel est de faire le film avec sincérité, avec le cœur”

20 janvier 2025
Par Robin Negre
“On ira”,  en salles le 12 mars 2025.
“On ira”, en salles le 12 mars 2025. ©Zinc.

À l’occasion du festival de comédie de l’Alpe d’Huez, L’Éclaireur a rencontré Enya Baroux, réalisatrice d’On ira, présenté en compétition officielle, ainsi que ses deux actrices principales, Hélène Vincent et Juliette Gasquet, qui sont reparties avec un double prix d’interprétation féminine.

Qu’est-ce que ça signifie pour vous d’être au festival de l’Alpe d’Huez avec un film de comédie qui n’est pas qu’une comédie ?

Enya Baroux : C’est de la fierté, parce qu’avoir été sélectionnée dans un festival de comédie avec ce sujet-là, c’était un challenge. Je suis venue à l’Alpe d’Huez il y a six ans avec un court-métrage. Revenir ici avec un long, j’en suis très fière. Encore plus avec Hélène Vincent et Juliette Gasquet (Fiasco), mes deux actrices – qui ne sont pas à moi, mais qui sont à moi le temps de ce film.

Hélene, Juliette, quand vous arrivez sur le projet, comment vous le présente-t-on ? Est-ce que ça part d’une rencontre ou d’un scénario ?

Juliette Gasquet : Oui, ça part d’un casting, avec le scénario. J’ai beaucoup aimé, j’y suis allée et je me suis amusée ! [Rires]

Hélène Vincent : J’ai reçu le scénario chez moi et je l’ai lu avec un plaisir fou, au fur et à mesure, de voir comment ça se développait. J’ai ri et j’ai pleuré en le lisant. Je me suis dit : “Celle-là, je veux la jouer.” J’ai tout de suite dit oui à Enya. Je crois que j’ai lu le scénario, puis, je l’ai appelée en acceptant. Par la suite, on s’est vues et on s’est reconnues.

Le projet a mis plus de sept ans à se faire. On passe par quelles étapes pendant toutes ces années en essayant de faire un premier long-métrage ?

E. B. : On passe par beaucoup de gens qui vous disent non, principalement ! Par plusieurs étapes d’écriture, par deux ans de Covid aussi. Par beaucoup de gens qui vous disent qu’une comédie sur la fin de vie, ce n’est pas possible, que les gens n’ont pas envie de rigoler de ce sujet-là. On passe par des moments où il faut convaincre, où il faut être patient. Ça m’a appris la patience, la détermination. On passe aussi par des moments où on vous dit souvent que sur un film, il suffit qu’une personne vous dise oui pour que ça prenne, pour que ça se fasse. Puis, à un moment, quelqu’un vous dit oui. Moi, ça a été mon distributeur Zinc. et Canal+. Quand ces deux partenaires financiers ont dit oui, c’était parti. On a monté ce film avec peu de budget, on l’a tourné vite, mais on n’a rien lâché. L’adversité permet de créer des choses. Surtout, on revient à l’essentiel, qui est de faire le film avec sincérité, avec le cœur. Quand on n’a pas trop les moyens, c’est ça qui reste.

Après tout ce temps, est-ce que le film ressemble au script de départ ou est-ce qu’il a beaucoup évolué et changé ?

E. B. : Non, il a beaucoup changé, mais pour le mieux je crois. Il a évolué et il a grandi avec moi, en maturité. Je sais que je n’avais pas le même scénario au départ. Je crois que j’ai commencé à l’écrire à 26 ans et j’ai commencé à le tourner à 31 ans. Je ne suis pas la même personne qu’il y a sept ans. Il a pris en maturité, en recul aussi, et puis en finesse sur ce qu’on avait envie de faire comme blagues.

H. V. : Ce qui s’est affirmé, c’est la famille, les quatre.

E. B. : Oui c’est vrai ! C’était beaucoup plus Marie le personnage principal dans les premières versions.

H. V. : Marie, et les autres. Puis, c’est devenu la famille, la bande des quatre.

On sent l’esprit du road trip, du début à la fin avec les codes du genre. Est-ce une liberté ou une difficulté de s’attaquer à ce genre ?

E. B. : C’est une difficulté avec le budget qu’on avait. C’est-à-dire qu’il faut montrer une diversité de paysages et faire croire à un trajet quand finalement on est limité par les moyens et par le temps. C’est une difficulté et, en même temps, c’était une nécessité pour moi de raconter ces personnages qui voyagent, parce qu’ils vivent un voyage intérieur. Ils vont vivre une évolution folle et j’avais besoin que ce soit mouvant et qu’on s’éloigne de la résidence principale de Marie. Qu’elle quitte quelque chose, qu’elle dise au revoir à des choses et qu’elle vive ses derniers moments dans des paysages.

H. V. : En même temps, dans ce camping-car, l’exiguïté du lieu intensifie les rapports qu’ils ont les uns avec les autres. Parce qu’il y a un frottement tout le temps. Il n’y a pas d’espace, cela densifie ce qu’ils vivent ensemble.

E. B. : On voulait vraiment que le Rapido soit un personnage. Le Rapido est dans son jus, c’était le camping-car de Marie et de papy Jean. C’est un peu le fantôme de papy Jean qui les accompagne dans ce chemin. On trouvait ça chouette d’avoir un personnage un peu fantomatique comme ça.

Hélène, Juliette, dans le film, vous incarnez une grand-mère et sa petite-fille. Comment s’est passée la rencontre entre vous deux ? Comment le jeu s’est-il installé entre vous ?

J. G. : Je pense que ça s’est fait naturellement.

H. V. : Oui, on est porté par les séquences et par ce qu’on a à jouer. C’est ça notre boulot, c’est de faire croire à tout. Tout devient évident à partir du moment où on est porté par un scénario et une équipe, c’est simple. Il y a une collaboration qui s’est faite entre nous quatre, avec Enya Baroux bien sûr, mais aussi avec toute l’équipe technique.

La bande-annonce d’On ira.

La musique a vraiment une belle place dans le film. Comment l’avez-vous choisie ?

E. B. : On voulait que ce soit des musiques que Marie puisse avoir aimées, avoir écoutées. Voyage Voyage, c’était vraiment un choix. On voulait rendre hommage à une musique qu’on trouve tous un peu kitsch et peut-être un peu lancinante, parfois un peu agaçante, et la sublimer. Un morceau qu’on connaît tous, mais auquel on ne pense pas spécialement. Et Voyage Voyage, on la connaît vraiment tous.

H. V. : Mais une fois qu’on a chanté le “Voyage Voyage”, derrière, on ne sait pas les paroles !

E. B. : Oui, exactement, c’est des musiques qui vous restent en tête parce qu’elles sont hyper connues et, pour autant, vous ne savez pas forcément qui la chante et vous ne connaissez pas les paroles. Il y a une autre musique dans le film qui existe dans Dirty Dancing, dont j’étais absolument fan. C’est une chanson qu’on a posée au montage en se disant “Ça va nous aider à monter cette séquence du bowling”, sans forcément la prendre. On a montré le film à la production, au distributeur et même nous on s’est attachés à cette musique en se disant qu’il y avait un côté un peu 70’s, 60’s, à l’ancienne.

Je n’étais pas partante pour avoir un morceau qui existe déjà dans un autre film, mais en fait, ça collait. Ça soulignait ce moment juste familial. Celle du tout début, aussi, c’est une chanson de Dario Moreno. On se disait : “C’est la BO de Marie”. On voulait aller chercher des choses qu’on a un peu oubliées et qui soulignent aussi la comédie. Tout le reste est composé par une artiste qui s’appelle Dom La Nena, qui est incroyable, qui fait du violoncelle et qui a composé toute la BO du film. Je suis absolument fan.

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