Première création de Jonathan Hazan et Matthieu Bernard, la série explore avec audace la sexualité et le handicap. À cette occasion, la chaîne nous a invités à découvrir les coulisses de sa création, en octobre 2023.
Présentée en avant-première mondiale lors du festival Series Mania en mars 2024, Extra a suscité un vif intérêt du public et des critiques – et pour cause. En effet, la production s’intéresse à un sujet longtemps resté tabou : la sexualité des personnes en situation de handicap. Le show suit Catherine Blondin (interprétée par Anne Girouard), une mère de famille sans histoire et cheffe de chœur d’une chorale inclusive.
Cependant, « son existence bascule lorsqu’elle surprend une de ses choristes en fauteuil avoir un orgasme grâce à un cunnilingus que lui prodigue un homme déguisé en Père Noël, détaille le synopsis. Cette vision la hante et la fascine. L’orgasme de sa choriste la renvoie à un plaisir qu’elle n’a jamais reçu, ni donné. Alors, à l’insu de tous, Catherine décide de braver les interdits et devient Cathy, assistante sexuelle pour personne en situation de handicap. »
Un sujet délicat abordé avec humour et bienveillance, et qui offre une réflexion sur la réappropriation et l’épanouissement de la sexualité. Interrogé entre deux prises, le co-créateur de la série et réalisateur Jonathan Hazan nous explique que « la question de l’accompagnement sexuel reste un tabou en France, contrairement à d’autres pays comme la Suisse. Nous voulions traiter ce sujet sous un angle accessible, à travers une comédie qui explore des besoins humains universels ».
Un tournage minutieux dans des décors authentiques
Le tournage d’Extra s’est déroulé sur 32 jours, dont trois semaines dans une grande maison des années 1930 à Colombes. L’équipe de décoration, présente sur place dix jours avant le début des prises de vue, a transformé les lieux pour correspondre à l’univers de la série. Certains décors ont posé des défis logistiques, comme la recherche d’une salle de concert ou d’une église désacralisée pour tourner des scènes intimes. « Tourner cette scène dans la chapelle était intimidant au départ, mais le décor, très lumineux et apaisant, nous a rapidement mis en confiance, confie le réalisateur. C’était étonnamment fluide, et ça reste l’un de mes meilleurs souvenirs. »
À 14 heures, la journée de tournage commence à Colombes. Dehors, des petites mains s’affairent pour les prochaines scènes et les techniciens demandent des outils de dernière minute dans un talkie-walkie. Dans la maison, chaque détail est soigneusement étudié : on ajuste la lumière, on coordonne les éléments scéniques et on assure la continuité grâce au travail rigoureux de la scripte. Chef opérateur, réalisateurs, cheffe maquilleuse… Une dizaine de personnes sont réunies (et serrées) autour du moniteur, dans le petit couloir, alors que les comédiens jouent dans la chambre d’à côté.
« Silence, annonce Jonathan Hazan. Moteur demandé. Ça tourne. Clap. Quand vous voulez… Action ! » Les acteurs interprètent leur scène à plusieurs reprises. Une fois, deux fois, trois fois… « La vraie difficulté, c’est de décider quand passer à un autre plan, admet le réalisateur. On sait qu’on pourrait faire mieux, mais on doit respecter le planning pour ne pas compromettre la journée. »
Une équipe soudée et des acteurs investis
Sur le plateau, l’ambiance est à la fois professionnelle et chaleureuse. Entre chaque prise, les acteurs relâchent la pression et échangent sur divers sujets, des améliorations possibles pour leur scène à leur saveur de sucette favorite. De leur côté, les cinéastes Jonathan Hazan et Matthieu Bernard dirigent leur première série avec une attention particulière aux détails, n’hésitant pas à multiplier les prises pour obtenir le résultat escompté.
« On tourne à un rythme soutenu, entre 15 et 20 plans par jour, mais on a la chance de travailler avec des comédiens incroyables, qui ont rapidement compris leurs personnages et sont force de proposition », relate le premier. Pour assurer une bonne préparation, « chaque acteur a eu deux heures d’essai intensif pour créer une vraie connexion avec son rôle. Cela nous a permis de gagner un temps précieux sur le tournage ».
Les artistes, dont Stéphane Debac et Anne Girouard, sont rapidement entrés dans leurs personnages respectifs. L’actrice, qui a été « complètement bouleversée par le scénario », a eu un vrai coup de cœur pour le rôle de Catherine, qu’elle juge « magnifique ». « C’est une femme qui part à la rencontre des autres, mais aussi d’elle-même, nous explique-t-elle entre deux prises. Le plaisir qu’elle apporte aux autres l’amène à réfléchir sur sa propre sexualité. Elle m’a beaucoup appris. »
À 15h30, le changement de séquence est annoncé. Chacun repart à son poste, on dégonde une porte en quelques secondes, on ajuste la lumière, on valide le prochain plan sur le moniteur, et on aide les comédiens à s’imprégner de leur prochaine scène. Six prises et une heure plus tard, les réalisateurs valident la séquence et il est temps pour nous de quitter le lieu de tournage.
On repart avec l’envie de se plonger dans ce show « qui nous fait vivre les doutes et les joies de Catherine et nous pousse à réfléchir à des questions profondément humaines », comme le souligne Jonathan Hazan, mais aussi avec la certitude qu’on ne regardera plus jamais de séries de la même façon, désormais bien conscients du travail acharné qui se cache derrière chaque microdétail.
Extra, dès le 7 janvier sur OCS.