La troisième saison de Sweet Home débarque ce 19 juillet sur Netflix. Un k-drama riche en rebondissements, qui nous fait passer par toutes les émotions. Mais pour quelle raison continuons-nous de regarder des fictions dramatiques, d’autant plus quand on sait qu’elles vont nous faire pleurer à chaudes larmes ?
Lovely Runner, 13 Reasons Why, La Reine des larmes, Breaking Bad, One Day, Game of Thrones… Vous avez probablement pleuré devant une ou plusieurs de ces séries à succès. La dernière en date qui vous fera très probablement lâcher une ou plusieurs larmes est Sweet Home, dont la troisième et dernière saison sera mise en ligne sur Netflix ce 19 juillet. Préparez-vous, il faut s’attendre à de nouvelles morts des plus atroces et bouleversantes.
Nous savons déjà que les épisodes inédits seront tristes et, pourtant, de nombreuses personnes vont les regarder, un mouchoir à la main. Mais pour quelle raison nous torturons-nous ainsi ? Pour mieux comprendre, nous avons demandé l’avis d’une psychologue spécialisée dans la gestion des émotions et épluché les différentes études sur le sujet.
La tristesse, une émotion pas si négative qu’il n’y paraît
En préambule, la psychologue Marie Chaudagne a tenu à préciser que les émotions dites « négatives » devraient plutôt être appelées « désagréables ». La tristesse fait partie des émotions indispensables à notre équilibre émotionnel. Elle nous permet de nous adapter aux situations et d’évoluer. Ce sentiment répond par exemple à « un besoin de soutien dans le cas d’une perte ou d’une séparation, de toute nature ».
En regardant une série ou un film triste, le spectateur peut prendre du recul et réfléchir à sa propre vie, relativiser et même mieux comprendre ce qui lui arrive. « Il peut y avoir un effet thérapeutique et réconfortant beaucoup plus fréquent et profond qu’une comédie, où je vais le plus souvent rester en surface », décrypte la psychologue.
Regarder des fictions qui nous font pleurer a plusieurs effets positifs. Une étude publiée fin 2023 a confirmé qu’« un film triste peut nous aider à évacuer nos émotions ». La maîtresse de conférences en thérapies psychologiques à l’université de Lincoln, à l’origine de cette enquête, a notamment expliqué qu’en passant en revue la bibliographie scientifique, elle a relevé que la thérapie par la fiction réduisait l’anxiété et les conflits entre parents et adolescents, en augmentant l’empathie et en améliorant la communication entre eux. Des résultats confirmés par la psychologue, qui ajoute qu’en versant des larmes, nous libérons des endorphines, les hormones du bonheur.
Être plus heureux en regardant des fictions dramatiques, c’est possible
« Quand on est stressé, le système parasympathique ne fonctionne pas correctement. Alors que lorsqu’on décharge certaines énergies, on active ce système, qui permet de retrouver de la sérénité, nous explique la spécialiste en TCC (techniques cognitivo-comportementales). Rechercher à être dans cet état émotionnel en regardant des séries peut ainsi paradoxalement donner de la satisfaction et du plaisir. » Il s’agit d’un moyen très facile et rapide de « drainer » les émotions que l’on garde au fond de nous, au lieu de les laisser exploser ou imploser plus tard, et de se sentir plus léger.
Une sorte de « libération émotionnelle » qui nous pousse à revoir par exemple le même programme triste dès que l’on en ressent le besoin. « Pour dépasser une souffrance, il faut l’affronter », rappelle Marie Chaudagne. Il faut se plonger pleinement dans notre mal-être pour le traverser, guérir ou se sentir mieux.
Regarder une comédie dramatique qui va probablement nous faire pleurer n’est ainsi pas une si mauvaise idée lorsque l’on traverse une période difficile. Cela ne va pas nous enfoncer, bien au contraire. Certaines personnes ne voudront pas regarder de programmes tristes pour éviter de souffrir davantage, mais on dit en psychologie que « l’évitement est le meilleur moyen d’arroser le problème ».
Un moyen de développer son empathie
D’après la professionnelle, ces fictions nourrissent davantage notre besoin de réflexion et de compréhension, car elles sont souvent plus profondes que les comédies. « N’oublions pas que l’être humain est avant tout un être pensant, émotionnel et social », ajoute-t-elle. Le dernier point, le besoin de sociabiliser, est directement lié à l’empathie qui se développe en regardant des histoires tristes. Selon une étude publiée en 2023, relayée par Mail Online, les personnes qui pleurent de façon incontrôlée devant une série ou un film auraient un meilleur sens moral.
Les scientifiques ajoutent que laisser libre cours à ses larmes déclenche l’altruisme et l’empathie envers les personnages. Marie Chaudagne confirme que nous créons de la proximité avec les héros d’une fiction et développons une plus grande ouverture et un engagement inconscient dans l’histoire en étant empathiques. Nous répondons ainsi à l’un des besoins de l’être humain : « Créer du lien et des connexions avec autrui. »
Cela signifie-t-il que les personnes qui ne pleurent pas ou peu devant des fictions sont insensibles ou moins empathiques ? Absolument pas. La psychologue indique que nous pouvons beaucoup pleurer devant la mort d’un personnage, sans pour autant être hypersensibles. « Il ne faut pas oublier que la fatigue et l’état émotionnel peuvent jouer dans nos réactions, ajoute Marie Chaudagne. Il s’agit alors d’une sensibilité qui n’est pas structurelle. »
Quant aux spectateurs qui ne comprennent pas pourquoi quelqu’un pleure pour le héros d’une fiction, ce sont des personnes « rationnelles », qui sont dans le mental. Elles n’auront pas la même réaction qu’un « affectif », qui réagit avec le cœur, ou qu’un « créatif », qui entre plus naturellement dans la peau d’un personnage. En revanche, si une scène fait écho à un événement que nous avons vécu, d’autant plus s’il est récent ou traumatisant, cela va bien évidemment nous toucher, que l’on soit rationnel ou non.