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Un Musée des Féminismes devrait voir le jour en 2027

18 février 2023
Par Margaux Seux
Un Musée des Féminismes va ouvrir ses portes.
Un Musée des Féminismes va ouvrir ses portes. ©Shutterstock/Jacques Julien

Ce projet de musée soutenu par l’historienne Christine Bard, devrait voir le jour au sein de l’Université d’Angers dont la bibliothèque universitaire accueille d’ores et déjà le Centre des archives du féminisme.

Prévue pour 2027, l’ouverture de ce nouveau lieu serait inédite puisqu’aucun espace d’exposition consacré à l’histoire des luttes et conquêtes féministes n’est à l’heure actuelle recensé en France. Un manque mis en lumière par la magistrate et secrétaire générale à la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, Magali Lafourcade dans une tribune publiée par Le Monde en 2022. Cette parution appuyait notamment sur le fait qu’une telle initiative « légitimerait la place des femmes dans tous les champs des arts et de la connaissance ».

Teaser de l’exposition Parisiennes Citoyennes ! du musée Carnavalet.

Un projet finalement mené à bien

Bien que l’on puisse considérer que le mouvement #MeToo (2017) a indéniablement accéléré la nécessité de réhabiliter et diffuser le combat féministe, l’organisation de regroupement d’archives et la volonté de créer un environnement propice à les exposer, remonte à plus loin.

Dès 2002, l’historienne Christine Bard mûrit l’idée d’un Musée d’histoire des femmes qui sera approuvée par Bertrand Delanoë maire de Paris, mais ne verra finalement jamais le jour. Échec surmonté par les bibliothèques et archives de l’université d’Angers qui, depuis deux décennies s’occupent de former et nourrir ce qui est devenue la plus importante collection française de documents en lien avec le féminisme. Et n’attendant pas de pouvoir exposer le fruit de ce travail en physique, la structure a proposé au public dès 2004 de suivre l’enrichissement de son fond d’archives par le biais d’expositions numériques, comme le rappel le journal Le Monde. Au fil des années, la collection s’est vue enrichie par des dons privés comme le lègue des archives personnelles d’Yvette Roudy, ministre des droits de la femme sous François Mitterrand, ou ceux du planning familial.

Réévaluer l’apport et la grandeur de l’œuvre des femmes

L’opportunité était là et il ne fallait pas la manquer alors que la bibliothèque de l’université d’Angers décrochait une enveloppe de 10 millions d’euros pour sa rénovation prévue d’ici 2027. C’est donc en son sein, une fois les travaux achevés, que les archives sur les conquêtes féministes seront exposées et continueront d’être augmentées. Un travail fait dans l’optique d’atteindre la représentation du féminisme sous toutes ses formes et au travers de ses différents spectres d’expression. C’est d’ailleurs dans ce même contexte universitaire qu’historiquement sont nés les tous premiers lieux d’expositions européens traitant du féminisme.

Centre des archives du féminisme, hébergé par la bibliothèque universitaire d’Angers©ALAIN JOCARD/AFP

La concrétisation de ce projet de musée dédié, qui tente de voir le jour depuis le début des années 2000, serait d’après Magali Lafourcade une réelle opportunité de comprendre aussi comment se sont formés « les mécanismes de marginalisation des femmes » et ainsi d’en interrompre le cours. Phénomène que subit encore visiblement l’industrie du cinéma quand l’on apprend l’absence injustifiée de femmes parmi les nommés de la catégorie Meilleure réalisation aux Césars 2023. Ce qui fausse entre autres la bonne dynamique de La Berlinale il y a tout juste un an qui leur avait fait la part belle, primant notamment de l’Ours d’Or la réalisatrice catalane Carla Simón pour son film Alcarràs (2021).

Tout du moins, si le travail de fond semble encore laborieux, on peut se réjouir en perspective de l’ouverture de ce premier musée dédié aux féminismes, de l’attractivité de l’exposition Parisiennes citoyennes ! Engagements pour l’émancipation des femmes 1789-2000. Tout juste clôturée au musée Carnavalet, l’évènement aura rassemblé pas moins de 90 000 visiteurs.

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