Janvier n’est pas que le premier mois de l’année, c’est aussi le début de la rentrée littéraire d’hiver. Une période riche en parution où l’on peut compter cette année encore sur la présence de poids lourds et d’habitués comme Pierre Lemaitre, Leila Slimani, Haruki Murakami, Vanessa Springora, Agnès Ledig, Philippe Besson et d’un petit nouveau nommé Marc Lavoine. Par ailleurs, la romance est également de la partie avec Ana Huang, Emma Green et Anita Rigins.
Un Avenir radieux – Pierre Lemaitre (Calmann-Lévy)
Pour le troisième volet de sa saga romanesque des Années Glorieuses, Pierre Lemaitre poursuit son immersion dans la France des Trente Glorieuses aux côtés de la famille de savonniers français de Beyrouth. Après les conséquences désastreuses de la guerre d’Indochine (Le Grand Monde) et les bouleversements sociaux durant l’année 1952 (Le Silence et la Colère), Un Avenir radieux met sept ans plus tard le destin de la jeune génération des Pelletier sur un axe Paris-Prague où se mêlent dans un même élan jubilatoire intrigue policière, thriller social et fresque familiale.
Les sept péchés capitaux, Tome 1 : La colère – Ana Huang (Hugo roman)
Après plusieurs romances « ennemies to lovers » (ennemis à amants en VF) bien sages, Ana Huang vise désormais le côté dark de l’amour avec le premier tome d’une nouvelle série qui s’annonce pour le moins piquante. La colère s’intéresse à un milliardaire caractériel et célibataire endurci victime d’un chantage qui le contraint à épouser la fille de son pire ennemi. Décidé à refuser cette relation forcée malgré les conséquences, il va pourtant changer d’avis après avoir rencontré celle dont il ne voulait pas. Contre toute attente, les deux amants devenus inséparables au lit comme au bureau vont se construire un avenir commun à coup d’incroyables expériences intimes et professionnelles.
Le Pays des autres, Tome 3 : J’emporterai le feu – Leila Slimani (Gallimard)
Deux ans après Regardez-nous danser, Leila Slimani clôt sa trilogie familiale du Pays des autres inspirée par l’histoire de ses grands-parents. À travers cette fresque franco-marocaine mettant en perspective traditions et émancipation, elle explore le parcours d’un couple mixte depuis les années 60 avant de se tourner aujourd’hui vers leurs petites filles Mia et Inès avec J’emporterai le feu. Nées dans les années 80, ces deux sœurs, filles de la génération Y tiraillées entre double culture et quête d’identité, vont devoir affronter chacune à leur façon le déracinement pour trouver leur place dans la société. Avec une émotion et une détermination palpable, la lauréate du prix Goncourt 2016 inscrit définitivement sa propre histoire dans celle de sa famille.
La Cité aux murs incertains – Haruki Murakami (Belfond)
Après l’univers du manga et du roman graphique, Haruki Murakami est de retour à la littérature avec La Cité aux murs incertains. Dans ce roman fantastique mêlant comme à son habitude onirisme et réalisme magique, on suit un homme hanté par la disparition brutale de son amour de jeunesse. Ensemble, ils avaient imaginé une ville fictive où pourrait se cacher leur « véritable moi ». Quarante-cinq ans plus tard, il part à sa recherche dans cette cité aux murs mouvants incarnant les limites du subconscient. À travers ce récit fantastique et métaphorique qui navigue entre amour, mémoire et dimensions intérieurs, Murakami explore la force de la fiction et interroge la valeur du réel face à l’imagination.
Répondre à la nuit – Agnès Ledig (Albin Michel)
Marquée par une tragédie familiale qui l’a amenée à écrire, Agnès Ledig s’est lancée avec une indéfectible conviction dans une quête du bonheur et de l’amour qu’elle traduit dans des romances bienveillantes sans pour autant occulter les épreuves de la vie. D’origine alsacienne, c’est en amoureuse des Vosges qu’elle revient à nouveau dans ses forêts préférées avec Répondre à la nuit. Un roman plus sombre qui exprime la difficulté de vivre selon ses idéaux où une tatoueuse aux convictions écologistes se retrouve au centre d’une affaire de meurtre dans son village, aux côtés d’un homme au passé trouble.
Quand arrivent les chevaux – Marc Lavoine (Fayard)
Dix ans après une autobiographie qui marqua également son entrée en littérature, Marc Lavoine troque pour la seconde fois le micro pour la plume avec cette fois un vrai roman à la clé. À la fois poignant et lumineux, Quand arrivent les chevaux s’immisce dans l’intimité et la réalité d’un rapport fusionnel mis à l’épreuve brutale de la fin de vie. Celui entre un fils aimant, totalement bouleversé par l’approche d’une fin inconcevable, et d’une mère adorée qui se prépare à faire le grand saut.
Wicked Game – Anita Rigins (Addictives)
Française comme son nom ne l’indique évidemment pas, Anita Rigins se distingue depuis plusieurs années dans l’univers torride et tourmenté de la dark romance. Un monde où l’amour vache est roi et dont elle maîtrise les codes à la perfection. Toujours bien calé sur un traditionnel schéma « ennemies to lovers », Wicked Game apporte toutefois de la nuance en distillant une bonne dose de psychologie dans une histoire de cohabitation entre un chirurgien ténébreux et potentiellement dangereux et une fille exilée à Londres pour échapper à un passé douloureux.
Patronyme – Vanessa Springora (Grasset)
Quatre ans avoir fait entrer le sujet du consentement sexuel des mineurs, et plus généralement des femmes, dans le débat public grâce à un livre où elle racontait en détail comment, adolescente, elle a vécu sous l’emprise de Gabriel Matzneff, Vanessa Springora fait son retour dans l’actualité littéraire en janvier 2025. Avec Patronyme, elle remonte cette fois le cours de son histoire familiale après la mort de son père qu’elle n’avait pas vu depuis dix ans. En vidant l’appartement de cet homme mauvais avec qui elle avait coupé les ponts, elle tombe sur une photo de son grand-père en uniforme nazi. Un cliché surprenant et explosif qui pourrait bien remettre sérieusement en cause le narratif familial du petit tchèque enrôlé de force dans l’armée allemande avant de déserter et d’épouser la française qui le cacha.
À nos cœurs battants – Emma Green (Addictives)
Sous le pseudonyme, inspiré de la série Friends qu’elles vénèrent, d’Emma Green se cache en réalité deux autrices passionnées de romance new adult à l’américaine. Duo phare d’un genre où la concurrence est pourtant rude, elles tirent leurs épingles du jeu en plaçant presque toutes leurs intrigues de l’autre côté de l’Atlantique et en proposant un savant dosage entre sensualité et sentiments. Dans la même veine, À nos cœurs battants met en scène les retrouvailles de deux séduisants secouristes de Chicago après une parenthèse de trois ans. Alors quand la belle et inaccessible Maxima demande à Roméo, qui l’aime en secret depuis l’enfance, de se prêter au rôle de son faux petit ami, ce dernier va vivre une véritable torture.
Vous parler de mon fils – Philippe Besson (Julliard)
Devenu un sujet récurrent de l’actualité, le harcèlement scolaire, reconnu grande cause nationale en 2024, révèle une jeunesse soumise beaucoup trop tôt par la violence des réseaux sociaux. Horrifié par cette succession de faits divers inadmissibles, Philippe Besson s’engage avec force contre cette haine qui brise chaque jour des familles en publiant Vous parler de mon fils. L’histoire est celle d’Hugo, un adolescent de Saint-Nazaire qui met fin à ses jours après avoir été harcelé. Lors de la marche blanche qui suit le drame, son père remonte le fil des événements, interrogeant sa capacité de résilience face à l’irréparable. Entre indifférence complice et culpabilité tardive, cette tragédie horriblement réaliste pointe aussi les failles et les manquements d’une institution trop souvent démunie face à cette violence.
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