En janvier, les polars de poche se portent à merveille : Bussi passe au noir social, Gardner lance une nouvelle héroïne, D’Aillon anticipe Jack l’éventreur, Férey revient en Afrique et Smirnoff reprend Millenium. Dans le même temps, Thorogood bat la campagne en mode cosy, Delaney ouvre un cas de conscience, Cosby met un shérif dans la panade, Loubière recycle les femmes de plus de cinquante ans et Wetterwald s’immisce entre deux jumelles pas faites pour s’entendre.
Mon cœur a déménagé – Michel Bussi (Pocket)
Après l’escapade ardennaise de Trois vies par semaines, Michel Bussi revient en Normandie avec un roman à la fois noir et social. L’histoire de Mon cœur a déménagé est celle d’une jeune femme qui a assisté au meurtre de sa mère par son père à l’âge de sept ans. Persuadée que la vérité est plus complexe que ce que sa mémoire lui a toujours dit, elle consacre quinze ans de sa vie à élucider ce drame fondateur. En une succession de chapitres courts et de points vues de personnages qu’il ne s’autorise jamais à juger, l’auteur normand explore les rapports ambigus et dévastateurs entre trauma, quête de justice et désir de vengeance.
L’Été d’avant – Lisa Gardner (LGF)
Nouvelle reine du polar US couronnée de succès pour la qualité de ses séries menées par des détectives féminines, Lisa Gardner ouvre avec L’Été d’avant un nouveau cycle dévolu à une nouvelle héroïne, spécialiste des disparitions non résolues. Femme touchante, obstinée et résiliente au parcours cabossé, Frankie Elkin plonge sans ménagement et courageusement dans les rues mal famées de Boston pour retrouver la trace d’une adolescente haïtienne, ce que personne ne semble vouloir faire.
Les chroniques d’Edward Holmes et Gower Watson, La prophétesse voilée – Jean D’Aillon (10/18)
Avant de se consacrer pleinement à l’écriture à la suite du succès de ses polars historiques, Jean D’Aillon fit cohabiter pendant dix ans sa passion avec une très sérieuse carrière d’universitaire et de haut fonctionnaire expert en économie. Parmi ses nombreuses séries, Les chroniques d’Edward Holmes et Gower Watson propose de revisiter l’univers de l’œuvre de Conan Doyle en transposant ses enquêtes dans le contexte fascinant des dernières années du Moyen Age au XVe siècle. Dixième affaire des célèbres limiers, La prophétesse voilée plonge Paris dans la terreur d’un tueur en série ultra violent qui décapite des femmes, souille les statues de Charles V et donne une dimension ésotérique à ses crimes.
Okavango – Caryl Férey (Gallimard)
Écrivain voyageur qui pose depuis près de trente ans ses noires intrigues aux quatre coins du globe, Caryl Férey retrouve le continent africain pour son millésime 2023. Situé à la frontière namibienne, près de l’Afrique du Sud qui a inspiré l’incontournable Zulu en 2008, Okavango entre dans une immense réserve animalière privée vouée au tourisme et à la chasse réglementée aux côtés d’une rangée spécialiste de la lutte anti-braconnage. Plus habituée à croiser des animaux morts que des cadavres humains, Solanah va se retrouver impliquée dans une enquête pour meurtre après avoir découvert le corps d’un jeune homme lors d’une patrouille. Elle va alors devoir composer avec un propriétaire des lieux aux intentions insondables.
Millénium, Tome 7 : La Fille dans les serres de l’aigle – Karin Smirnoff (Actes sud)
Encore inconnue du grand public français, Karin Smirnoff a été choisie pour ouvrir un nouveau cycle de la saga Millénium après les trois tomes confiés à David Lagercrantz. Retenue sur la base de son premier roman, best-seller en Suède, elle a promis de respecter les fondamentaux, politiques et sociaux, de l’œuvre de Stieg Larsson. Pour La Fille dans les serres de l’aigle, tome 7 de la série, Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander se retrouvent pour enquêter dans le grand nord suédois. Dans cet enfer blanc aux allures de far west où ne règne ni foi ni loi, les multinationales et les mafias rivalisent de brutalité pour exploiter sans aucun scrupule les hommes et la nature.
Les Dames de Marlow enquêtent, Tome 3 : Poison en huis-clos – Robert Thorogood (Points)
En plus d’être le créateur de la célèbre série TV Meurtres au paradis, Robert Thorogood est également l’auteur d’un whodunit délicieusement cosy et typiquement britannique. Dotée pour l’édition française de chatoyantes couvertures vintages au style ligne claire, typique de l’école belge du même nom, sa série des Dames de Marlow enquêtent est une réconfortante gourmandise où les investigations sont menées dans un petit village anglais du Buckinghamshire par une septuagénaire excentrique et ses deux comparses. Troisième enquête de Judith Potts, bien aidée par les fidèles Becks et Suzie, Poison en huis-clos débute par l’empoisonnement en plein conseil municipal du maire de Marlow. Une nouvelle énigme criminelle qui a de quoi porter à ébullition les neurones de cette cousine de Miss Marple.
Tu nous appartiens – J.P. Delaney (LGF)
Habitué à changer de pseudonyme selon le genre de roman qu’il produit, l’Anglais JP Delaney s’est fait connaître en France par les amateurs de polars en 2017 avec un thriller psychologique, domestique et domotique particulièrement éprouvant pour les nerfs (La Fille d’avant). Six ans plus tard et trois nouveaux opus qui ont confirmé son talent et son succès, il publie Tu nous appartiens, une sombre histoire de mensonge parental et d’enfants échangés à la naissance ouvrant sur un cas de conscience qui nous pousse dans nos retranchements moraux.
Le Sang des innocents – S.A. Cosby (Pocket)
Publié en France à partir de son troisième roman (Les routes oubliées en 2020), S.A. Cosby est aujourd’hui considéré comme un des plus grands auteurs de romans noirs aux côtés d’autres géants afro-américains de la littérature US comme Percival Everett et Colson Whitehead. Nouveau témoignage des tensions raciales et sociales qui gangrènent chaque jour les États-Unis, Le Sang des innocents adopte le point de vue d’un ex-agent du FBI devenu le premier shériff noir de sa ville natale de Louisiane. Victime du racisme de certains blancs et de la défiance de certains noirs, Titus va devoir agir vite pour éviter l’embrasement de son comté après qu’un jeune noir ait tiré sur un professeur blanc du lycée.
Obsolète – Sophie Loubière (Pocket)
Figure féminine du roman noir français, Sophie Loubière explore la littérature de genre sous toutes ses coutures, n’hésitant pas quand il le faut à s’aventurer avec talent en territoire fantastique. Pour son roman 2024, c’est du côté de l’anticipation sur le thème du sexisme, de la condition féminine et de l’effondrement écologique qu’on la retrouve. Dystopie grinçante imaginant une société devenue frugale, apolitique et hormonalement régulée, Obsolète nous parle d’un monde d’un futur pas si lointain où la fertilité est devenue rare et où les femmes ont une date de péremption officielle. Chaque femme de cinquante ans remplacée dans son propre foyer par une plus jeune en âge de procréer étant alors envoyée pour le Grand recyclage dans un endroit inconnu dont personne n’est jamais revenu.
La Fille d’encre et de lumière – Claudie O. Wetterwald (Pocket)
Jeune autrice française au talent prometteur, Claudie O. Wetterwald a remporté un important concours d’écriture avec son premier roman, un thriller psychologique et domestique qui a connu suffisamment de succès lors de sa parution en 2023 pour être aujourd’hui édité en version poche. Suspense familial oppressant et addictif, La Fille d’encre et de lumière met en scène l’histoire de deux jumelles fâchées. L’une, Alise, s’étant stabilisée comme tatoueuse à Londres après un parcours fait d’errances et de chaos, l’autre qui vivant en Normandie avant de mystérieusement se volatiliser. Laissant derrière elle trois enfants qui vont disparaître à leur tour trois ans plus tard…
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