Présents en janvier parmi les nouveaux polars de poches, Michel Bussi s’insinue dans le monde mystérieux des marionnettistes, Lisa Gardner, Camilla Grebe et Shari Lapena passent au thriller domestique, Eva Björg Ægisdóttir fait tomber les masques et Henri Lœvenbruck lâche un whodunit de facture gothique. Dans le même temps, Lars Kepler rappelle une vieille connaissance, Blake Crouch imagine un complot tordu alors que Jørn Lier Horst et Louise Penny retrouvent leur héros fétiche respectif.
Trois vies par semaine – Michel Bussi (Pocket)
Après avoir mené l’enquête sur la mort du Petit Prince, signé un roman de SF et écrit une poignée de BD, Michel Bussi reprend le chemin du suspense, et ses clins d’œil à la variété française, avec Trois vies par semaine. Cette fois, l’honneur de la référence revient au groupe Indochine et à un de ses tubes de 1985. Pour son retour au thriller, le romancier géographe s’éloigne donc de sa Normandie pour mettre le cap à l’est où le corps d’un homme détenteur de trois identités différentes est retrouvé au pied d’un célèbre site naturel des Ardennes. Meurtre ou suicide ? En marge de l’enquête officielle, les trois compagnes endeuillées vont s’unir pour lever le voile sur le passé trouble de l’homme qu’elles aimaient. De Charleville-Mézières jusqu’en Tchéquie, de la Lozère à Montmartre, le trio va se retrouver plongé dans l’univers fascinant et effrayant des marionnettistes.
N’avoue jamais – Lisa Gardner (LGF)
Attachée à créer des liens entre des héroïnes qu’elle fait parfois cohabiter dans des épisodes cross-over, Lisa Gardner vient d’ajouter une quatrième série à son actif. En 2022, juste avant de confier une affaire de disparition à une nouvelle enquêtrice dénommée Frankie Elkin, elle publie le dixième tome de la série menée par D. D. Warren, l’expérimentée détective de la brigade criminelle de Boston. Édité aujourd’hui en version poche, N’avoue jamais débute par la mise en cause d’une femme enceinte découverte pistolet à la main à côté du cadavre de son époux. Déjà connue des services de police pour avoir tiré mortellement, mais accidentellement, sur son père à l’âge de seize ans, cette dernière semble être rattrapée par son passé. Pourtant, alors que tout semble pointer vers un malheureux drame conjugal, l’enquête sinueuse à souhait va révéler une vérité bien plus complexe qu’il n’y paraît.
L’Énigme de la Stuga – Camilla Grebe (LGF)
À coup de thrillers à succès écrits à quatre mains avec sa sœur ou en solo, Camilla Grebe s’est imposée comme une des autrices phare du polar suédois aux côtés de Camilla Läckberg et Viveca Sten. Inscrits dans la plus pure tradition scandinave, ses romans lui permettent de porter un regard noir sur la société de son pays dans des intrigues au suspense toujours ciselé. Avec L’Énigme de la Stuga, elle entre dans l’intimité familiale d’un auteur et d’une éditrice ébranlés par la résurgence d’un terrible événement survenu huit ans plus tôt le lendemain d’une soirée arrosée. À cette époque, le corps sans vie d’une amie de leurs deux fils fut retrouvé dans la dépendance de la résidence où ils logeaient. Bâclée par le passé, l’enquête va être relancée suite aux confessions d’une mère rongée par le remords égratignant au passage un milieu de l’édition qui comporte lui aussi ses zones d’ombre.
Les garçons qui brûlent – Eva Björg Ægisdóttir (Points)
Nouvelle sensation du polar islandais depuis Elma en 2018, Eva Björg Ægisdóttir a pu compter dès ses débuts en littérature sur le soutien inconditionnel de deux poids lourds du genre comme Ragnar Jónasson et Yrsa Sigurdardóttir. Troisième volet de la série qui a fait sa réputation et son succès, Les garçons qui brûlent replonge dans l’envers du décor de la bourgade d’Akranes en compagnie d’Elma, l’ex-inspectrice de Reykjavik mutée dans sa ville natale, pour une affaire qui va une nouvelle fois faire craquer le vernis de respectabilité d’une communauté pétrie d’inavouables secrets. Tout commence par la mort d’un jeune homme dans l’incendie, apparemment criminel, de la maison de ses parents où il habitait. Retrouvés dans les décombres du sinistre, son ordinateur, révélant son intérêt pour la meilleure façon de se débarrasser d’un corps, et le téléphone d’une fille au pair hollandaise employée par les voisins de la famille vont sérieusement compliquer une intrigue aux multiples rebondissements.
Les Disparus de Blackmore – Henri Lœvenbruck (Pocket)
Éminent spécialiste de la littérature de genre, Henri Lœvenbruck passe avec aisance du polar historique, on pense aux quatre enquêtes sous la Révolution française menées par Gabriel Joly, au thriller ésotérique, avec La trilogie Mackenzie, du roman d’action et d’espionnage comme J’irai tuer pour vous à la fantasy avec la série BD La Moïra. Auteur prolifique, il débutait une année 2023 plutôt chargée en parution avec un roman d’époque sur fond de Whodunit à la Agatha Christie et d’occultisme. Cluedo gothique sur une île perdue au large de Guernesey en 1925, Les Disparus de Blackmore, publié aujourd’hui en version poche, présente une intrigue à énigme dont les rênes d’une enquête pour meurtres et disparitions sont confiés à la première femme diplômée de l’institut de criminologie de Paris.
L’Homme-miroir – Lars Kepler (Actes sud)
Couple à la ville faisant plume commune sous pseudonyme, le binôme suédois Lars Kepler s’est donné comme mission depuis L’Hypnotiseur en 2009 d’explorer les coins les plus sombres de la psyché humaine à travers une série portée par un inspecteur écorché vif officiant au sein de la police de Stockholm. Dans L’Homme-miroir, avant-dernier tome d’un cycle qui en compte désormais neuf, le duo a la bonne idée de faire revenir au centre de l’intrigue le personnage d’Erik Maria Bark, l’hypnothérapeute du premier opus de la série. Après avoir mis la main sur une vidéo qui relance l’affaire, Joona Linna reprend contact avec son psychiatre favori pour faire remonter les souvenirs d’un homme amnésique qui fut témoin cinq ans plus tôt de l’enlèvement, suivi du meurtre sauvage, d’une adolescente sur le chemin de l’école.
Wayward Pines, Tome 1 : Révélation – Blake Crouch (Gallmeister)
Auteur de roman horrifique, fantastique et SF situé entre Joe Hill (L’homme feu), fils de Stephen King, Robert Jackson Bennett (American Elsewhere) ou encore Neil Gaiman (American Gods), Blake Crouch a trouvé sa voie en faisant rimer avec précision action et anticipation. Rééditée en janvier dans une nouvelle version poche, sa série Wayward Pines, brillamment adaptée pour la télévision en 2015 avec Matt Dillon en tête d’affiche, concrétise à merveille son mode opératoire. Premier tome de la trilogie, Révélation débute comme un thriller paranoïaque avant de résolument bifurquer sur la route du fantastique. En partie amnésique après un accident de la route, un agent des services secrets américains se réveille cloué sur un lit d’hôpital d’une petite ville de l’Idaho où il venait enquêter sur la disparition de deux collègues. Retenu contre son gré par un shérif qui lui est clairement hostile et surpris par l’étrange ambiance qui règne dans la bourgade, l’agent Ethan Burke va rapidement découvrir que rien ne tourne vraiment rond à Wayward Pines…
En secondes noces – Shari Lapena (Pocket)
Après des débuts mitigés du côté de la comédie de mœurs, Shari Lapena change de dimension en passant au thriller domestique et psychologique avec Le Couple d’à côté en 2016. Best-seller de l’année en Grande-Bretagne et aux USA, ce roman tout en tension l’impose alors comme la nouvelle reine du polar canadien. Pour En secondes noces, sixième thriller de sa carrière, elle reste fidèle au suspense conjugal qui a fait son succès en développant une histoire de chantage menaçant de faire imploser une famille pourtant modèle. Les apparences étant évidemment toujours trompeuses, la crise commencera par une série de petits événements inquiétants avant d’atteindre son paroxysme avec l’apparition surprise d’une femme perfide et manipulatrice déterminée à repartir avec une belle somme faute de quoi elle déballera le passé compromettant de monsieur…
La Chambre du fils, Une enquête de William Wisting – Jørn Lier Horst (Folio)
N’étant jamais mieux servi que par soi-même, cela fait maintenant vingt ans que Jørn Lier Horst a quitté son poste d’enquêteur de la police norvégienne pour imaginer ses propres affaires criminelles. Taillées sur mesure et enrichies par son inestimable expérience du terrain, chacune de ses intrigues brillent par leur précision et leur ancrage dans la réalité sociale de son pays. Pour porter ses enquêtes, il a créé avec succès le personnage du commissaire William Wisting. Sixième épisode de la série, La Chambre du fils débute par le décès d’un ex-ministre, membre éminent du parti travailliste norvégien. Venu pour inspecter la résidence secondaire du défunt, un camarade découvre dans sa chambre une impressionnante fortune de plusieurs millions répartis en euros, dollars, livres et couronnes. Les élections approchant, Wisting est chargé par le procureur général d’Oslo de trouver dans la plus grande discrétion l’origine du magot…
Un outrage mortel – Louise Penny (Actes sud)
Autrice multi-primée pour la qualité de ses romans policiers, dont quatre prix Agatha Christie successifs récompensant le meilleur whodunit de l’année, la canadienne Louise Penny s’est illustrée en 2021 en cosignant État de terreur, un percutant thriller géopolitique d’action et d’espionnage avec Hillary Clinton. Pour Un outrage mortel, ses dix-huitièmes retrouvailles avec Armand Gamache, ex-patron de la brigade des homicides de la sûreté du Québec, elle fait reprendre du service à son héros en le plaçant à la tête de l’école de police pour lutter contre la corruption qui la gangrène. L’entreprise va s’avérer plus complexe que prévu lorsqu’est retrouvée dans la table de nuit d’un professeur assassiné une carte ancienne qui compromet Gamache.
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