À l’occasion des cent ans, le 2 février prochain, de la parution d’Ulysse de James Joyce, l’essai que l’écrivain Philippe Forest a consacré à ce monument de la littérature est réédité aux éditions Gallimard.
Le 2 février 1922 paraissait à Paris l’un des romans les plus emblématiques du XXe siècle : Ulysse, de James Joyce. Particulièrement impressionnant, Ulysse est précédé par sa mauvaise réputation : l’écriture de Joyce serait laborieuse et inutilement absconse.
Un grand roman lie toujours ce qui se lit à ce qui se vit.
Philippe ForestBeaucoup de jours
Pour contrer, sans la nier, l’insurmontable difficulté que nombreux prêtent aux plus de 700 pages d’Ulysse, Beaucoup de jours se présente comme un « guide », un appui pour s’aventurer dans les méandres du roman : « Une sorte d’Ulysse pour les nuls, si l’on veut ! ». Mais ce texte est pourtant bien loin d’une lecture scolaire du classique de la littérature irlandaise. Bien au contraire, Philippe Forest y propose une lecture tout à fait personnelle de l’œuvre, menée à la première personne du singulier. S’il présente et explique Ulysse, il n’hésite pas à confier ce que ce dernier lui inspire, et à le mettre en lien avec ses propres textes.
Bien sûr, Ulysse évoque le personnage de l’Odyssée d’Homère ; comme lui, il n’est Personne – chacun de nous, surtout. L’Ulysse de Joyce ne traverse pas la Méditerranée des années durant, mais Dublin, un unique jour, le 16 juin 1904. Dans cette seule journée, Joyce fait tenir tout le temps de sa vie, de la vie de son personnage – tout le temps de l’Humanité entière. Véritable renoncement au romanesque et à l’action censée le porter, il ne se passe rien, ou presque, dans Ulysse. Comme dans cet autre indéboulonnable monument de la littérature qu’est À la recherche du temps perdu de Marcel Proust, c’est du temps qu’il est question.
Avec Ulysse, Joyce invente le roman moderne, affirme-t-on toujours. Il faudrait dire plutôt qu’il le révolutionne, qu’il fait faire un tour sur elle-même à toute littérature, la reconduisant vers ses origines les plus lointaines, la ramenant à son principe même.
Philippe ForestBeaucoup de jours