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Hideo Kojima, l’homme qui voulait filmer les jeux vidéo

24 juin 2025
Par Sarah Dupont
Hideo Kojima est le créateur de “Metal Gear Solid” et “Death Stranding”.
Hideo Kojima est le créateur de “Metal Gear Solid” et “Death Stranding”. ©Microsoft

À quelques jours de la sortie de son nouveau jeu, le créateur japonais fascine toujours autant. Cinéphile obsessionnel et visionnaire du jeu d’auteur, Hideo Kojima a transformé l’industrie en y imposant ses propres règles – ou plutôt, en les supprimant.

Alors que Death Stranding 2: On the Beach s’apprête à sortir sur PS5, Hideo Kojima revient au centre de l’attention. Créateur de jeux vidéo adulé par les cinéphiles autant que par les gamers, le Japonais continue de bousculer les frontières de son médium. À contre-courant des standards du marché, il conçoit ses œuvres comme des récits totaux, philosophiques, visuels, techniques. « Quelqu’un comme Kojima est prêt à repousser les limites », résume le réalisateur George Miller dans The Guardian. Une œuvre d’auteur, nourrie par l’obsession de toujours : donner une âme au jeu.

Du cinéma au pixel

Rien ne prédestinait ce fils discret d’une famille modeste du Kansai à devenir l’un des esprits les plus iconoclastes de l’industrie. Né en 1963, Kojima grandit entre solitude et films de science-fiction. Kubrick, Argento, Kurosawa, Carpenter forment très tôt sa mythologie personnelle.

En 1986, il rejoint Konami sans savoir programmer. On lui confie Metal Gear sur MSX2, un jeu d’action qu’il transforme en infiltration pacifiste. Le concept choque : éviter le combat au lieu de l’embrasser. Une décennie plus tard, Metal Gear Solid impose son style. Narration déstructurée, décors cinématographiques, mise en scène soignée… Le titre devient culte.

Un auteur au sens plein

Dès lors, Kojima trace sa voie, autant comme cinéaste que comme développeur. Il signe ses jeux, dirige les cinématiques, choisit ses musiques, scénarise chaque plan. « Mon corps est composé à 70% de films », peut-on lire dans sa signature sur X.

Ce goût pour l’expérimentation le pousse à complexifier ses récits, souvent à rebours des attentes. Metal Gear Solid 2 anticipait déjà, en 2001, les manipulations de l’information, l’émergence des IA et les bulles de filtre. Ce qui fut jugé abscons à l’époque est désormais perçu comme prophétique.

Death Stranding©Kojima Productions/Sony Interactive Entertainment

En 2015, son divorce avec Konami marque un tournant. Kojima fonde son propre studio. « Même ma famille me disait que j’étais fou », raconte-t-il dans un entretien à Numéro. Il lance alors Death Stranding, une œuvre singulière, où le joueur devient un coursier solitaire chargé de reconnecter un monde éclaté. Une vision post-apocalyptique, lente et méditative, que la pandémie mondiale rendra cruellement actuelle. Le jeu séduit plus de 15 millions de curieux, malgré son gameplay atypique.

L’appel de la plage

Cinq ans plus tard, Kojima récidive. On the Beach, prévu pour le 26 juin, s’annonce encore plus personnel. Sam Bridges traverse cette fois des paysages ravagés au Mexique et en Australie, à la recherche de liens à reconstruire – ou à questionner.

« Dans le premier épisode, on devait reconnecter un monde isolé. Dans la suite, je pose la question : aurions-nous dû nous reconnecter ? », confie-t-il dans l’interview. Le jeu, porté par Norman Reedus, Elle Fanning, Léa Seydoux et George Miller, oscille entre action, contemplation et mythe. Entre cinéma et manette, une fois encore, Kojima brouille les pistes.

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