
Après Salto, Netflix accueille les deux premières saisons de la série américaine Chucky. Ce prolongement direct des films cultes poursuit l’histoire de la poupée possédée et tente d’insuffler un vent nouveau à la franchise.
Même sans avoir vu ses films, tout le monde connaît son nom. Un sourire cousu de fil blanc, des yeux de porcelaine trop brillants et un goût prononcé pour le meurtre au couteau de cuisine. Chucky, la plus célèbre poupée tueuse du septième art, revient dans une série télévisée signée Don Mancini, son créateur de toujours.
Diffusée pour la première fois en 2021 aux États-Unis, puis en France sur Salto, elle débarque désormais sur Netflix avec ses deux premières saisons. Une nouvelle incarnation qui puise dans le passé pour mieux trancher dans le présent.
La suite d’un massacre annoncé
Que les fans soient rassurés : le show ne reprend pas tout depuis le début. Bien au contraire : il s’inscrit dans la continuité directe des films, notamment du long-métrage Le retour de Chucky (sorti en 2017). Pas de reboot ni de remake donc : Chucky version série reprend les grandes figures de la saga tout en dévoilant l’enfance du tueur, Charles Lee Ray, à travers des flashbacks. On y retrouve également la voix grinçante et inimitable de Brad Dourif, fidèle au poste derrière la poupée « Brave Gars » dans la version originale.

Ici, le protagoniste se nomme Jake Wheeler. À 14 ans, il n’a rien d’un héros d’horreur classique. L’adolescent collectionne les objets vintage, sculpte des œuvres étranges et tente de survivre dans une ville où être différent ne pardonne pas. Son père est violent, ses camarades cruels et son crush — Devon, podcasteur amateur — inaccessible. Alors quand Jake achète cette fameuse poupée pour en faire une installation artistique, il ouvre sans le savoir la boîte de Pandore. Chucky ne tarde pas à reprendre les armes : il tue, manipule, et pousse Jake à explorer ses propres ténèbres.
Un accueil critique plutôt positif
La série alterne alors scènes de meurtres et plongée dans les douleurs adolescentes. Et pour The Guardian, cela fonctionne comme au bon vieux temps : « Tous les rythmes traditionnels sont là. Les yeux qui pivotent. Un couteau manquant par-ci, des doigts caoutchouteux qui tremblent par-là… Le sang et le gore. »

Mais ce qui rend l’œuvre actuelle, c’est sa manière d’aborder les fractures sociales : l’homophobie, l’isolement, la violence domestique. « Ces thèmes résonnent avec notre époque », poursuit le journal britannique, qui conclut :« Chucky est une poupée pour toutes les saisons. »
Sang neuf et visages connus
Ce projet sériel a permis à Mancini, le créateur original, de varier les registres : teen movie, comédie noire, slasher pur jus… Pour Horreur Québec, la recette s’avère également efficace : « Chaque épisode est supérieur au précédent (…) Drôle, touchant et effrayant, Chucky saura satisfaire autant les fans des films originaux que ceux apparus depuis l’arrivée de sa fiancée. »

L’arrivée d’un casting adolescent solide – notamment Zackary Arthur (La 5e vague) dans le rôle principal – y contribue, de même que le retour des « chouchous » de la franchise comme Jennifer Tilly ou Fiona Dourif.
Des spécialistes moins convaincus
Mais cette générosité scénaristique a un prix. Écran Large le souligne : « Obsédée par la rencontre entre la nouvelle et la vieille génération, Chucky finit par gâcher les thématiques de la première et la générosité de la seconde. » Entre les clins d’œil pour initiés et la volonté de séduire des nouveaux venus, la série oscillerait dangereusement, sans jamais choisir entre hommage et renouvellement.
« Les poncifs du teen movie plombent les velléités bis héritées des opus précédents, et vice-versa », déplore encore le site. Il reste pourtant dans cette œuvre une forme de jubilation intacte, une façon de faire parler les lames et les traumas avec le même sens du spectacle.