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37 secondes : la série d’Arte s’inspire-t-elle d’un naufrage bien réel ?

03 avril 2025
Par Sarah Dupont
“37 secondes”, le 3 avril 2025 sur Arte.
“37 secondes”, le 3 avril 2025 sur Arte. ©Arte

Une série au plus près du réel. Avec 37 secondes, Arte ravive les zones d’ombre d’un drame maritime encore inexpliqué, où la fiction s’empare d’un accident tragique pour en sonder les silences.

Trente-sept secondes. C’est le temps exact qu’il a fallu au chalutier breton Bugaled Breizh pour être englouti par la mer, entraînant la mort de cinq marins. C’était il y a 21 ans. Pour que cette histoire tragique ne sombre, elle aussi, dans l’oubli, Arte en propose une série poignante et documentée.

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Composée de six épisodes de 52 minutes, 37 secondes, diffusée à partir du 3 avril, est réalisée par Laure de Butler et coécrite par Anne Landois et Sophie Kovess-Brun. Nina Meurisse incarne Marie Madec, belle-sœur d’un des marins disparus, qui devient le visage obstiné de la quête de vérité. À ses côtés, Mathieu Demy joue Christophe Costil, un avocat prêt à affronter l’épaisseur bureaucratique d’un drame aux zones d’ombre tenaces.

Un drame maritime inexpliqué

Le 15 janvier 2004, au large du cap Lizard, dans les eaux britanniques, le Bugaled Breizh – « Enfants de Bretagne » en breton – coule en moins d’une minute. Aucun des cinq hommes à bord n’en réchappera. Le dernier message radio du capitaine est sans appel : « Viens vite, je chavire ».

Pourtant, ce jour-là, les conditions météo ne sont pas extrêmes. Très vite, les familles s’interrogent. Le chalutier aurait-il été happé par un sous-marin en exercice ? Ce jour-là, plusieurs engins militaires étrangers se trouvaient dans la zone.

Marc Bodnar et Eric Pucheu dans 37 secondes.©Shoot Again Productions - Col

L’hypothèse de l’accrochage sous-marin devient alors centrale. Mais les années passent, les commissions s’enchaînent, et les conclusions officielles n’apportent que frustration et colère. En 2016, la justice française conclut à un accident de pêche. En 2021, la justice britannique enterre à son tour la thèse du sous-marin.

Fiction documentaire, vérité sensible

Inspirée de ces faits réels, la série prend le parti d’une fiction aux contours documentés. Les personnages sont inventés, mais nourris de témoignages et de rencontres. Marie Madec évoque ouvertement Nathalie Gloaguen, belle-sœur de l’un des marins du Bugaled Breizh, qui a porté la parole des familles.

Nina Meurisse dans 37 secondes.©Shoot Again Productions - Col

Les scénaristes ont rencontré avocats, juges, responsables du comité des pêches, et même des experts sous-mariniers pour rendre compte de la complexité d’une affaire aussi technique qu’humaine. « Ce n’étaient pas des gens de la mer. Ils ont dû tout apprendre d’un monde qui leur échappait, précise Anne Landois, la co-créatrice (connue pour son travail sur Engrenages), à Télérama. Ça les a rendus extrêmement humbles, mais, face à l’inconnu, leur désir de comprendre a été décuplé. »

Nina Meurisse et Jonas Bloquet dans 37 secondes.©Shoot Again Productions - Col

Le tournage s’est installé durant trois mois en Bretagne : au Guilvinec, à Penmarc’h, Brest, Rennes ou Lorient. Un bateau renommé temporairement Bugaled Breizh a même repris la mer. Les équipes ont multiplié les échanges avec les habitants, sans toutefois approcher directement les familles : « Si elles avaient partagé avec nous leur chagrin, nous nous serions senties obligées de le raconter à la lettre et de renoncer à la fiction », confie Sophie Kovess-Brun au magazine.

Le temps d’un naufrage, le poids d’une mémoire

Sous ses allures de thriller judiciaire, 37 secondes creuse plus profond. Elle évoque la douleur, la dignité et l’endurance d’un combat inégal face au silence des institutions. Dans ce Finistère meurtri, la mémoire reste vive. « Où que vous alliez autour de Quimper, la plaie est encore ouverte », observe Sophie Kovess-Brun. Le pari est réussi : rendre hommage sans édulcorer, raconter sans trahir.

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