
Signée par Steven Moffat (le créateur de Sherlock), la nouvelle mini-série en quatre épisodes d’Arte explore l’engrenage vertigineux d’un scandale médiatique.
Un simple tweet, quelques mots publiés dans la précipitation, et une carrière vacille. Douglas Is Cancelled, la mini-série britannique signée Steven Moffat (Sherlock, Doctor Who), nous plonge dans cette spirale infernale où l’image publique ne tient qu’à un fil.
Composée de quatre épisodes d’environ 45 minutes, cette comédie dramatique s’attaque à la « cancel culture », quand l’opinion publique et les réseaux sociaux deviennent juges et bourreaux. Diffusée sur Arte ce jeudi 6 mars et disponible en replay sur arte.tv, la fiction dissèque les rouages d’un scandale médiatique qui échappe à tout contrôle.
Le tribunal des réseaux sociaux
Douglas Bellowes (Hugh Bonneville, vu dans Downton Abbey), présentateur vedette du Live at Six News, partage depuis des années l’antenne avec Madeline Crow (Karen Gillan, vue dans Les gardiens de la galaxie). Son monde s’effondre lorsqu’un tweet anonyme l’accuse d’avoir prononcé une blague sexiste lors d’un mariage, une remarque dont il n’a aucun souvenir.

À peine le temps de s’interroger que le message se propage à la vitesse de l’éclair. L’affaire aurait pu s’éteindre d’elle-même, mais elle prend un tournant brutal lorsque Madeline repartage le tweet, accompagné du commentaire sibyllin : « Not my co-presenter ! » (Pas mon co-présentateur !). Manipulation calculée ou simple réflexe de distanciation ? La machine s’emballe.
Une mise en scène équilibrée
Dans un ballet de tensions et d’ambiguïtés, Douglas doit faire face à son entourage : son épouse Sheila (Alex Kingston, vue dans Urgences), rédactrice en chef d’un tabloïd, sa fille Claudia (Madeleine Power, vue dans The Power), militante survoltée, et son producteur Toby (Ben Miles, vu dans The Crown), qui cherche à contenir l’incendie avant qu’il ne réduise leur émission en cendres.

Au fil des épisodes, la série interroge la notion même de « culture de l’annulation » – ou « culture de la mise au ban » –, ce processus social où une figure publique est écartée après des propos jugés problématiques. Mais Moffat, loin d’un simple plaidoyer pro ou anti, met en scène un jeu d’échecs où chaque pièce cherche à sauver sa propre image.
La critique conquise
Dans la presse, Douglas is Cancelled fait réagir. Pour Télérama, la série est « une savoureuse satire emmenée par Hugh Bonneville », soulignant son écriture acérée et son sens du théâtre. Le magazine salue notamment l’ambivalence du personnage principal, dont la chute n’est jamais caricaturale : « La minisérie observe le présentateur et son rédacteur en chef paniquer. Elle excelle à circonscrire l’intrigue à une rédaction en crise, mettant Douglas face à lui-même et à sa famille. »

De leur côté, Les Inrocks insistent sur la subtilité du propos, loin d’un simple pamphlet contre la cancel culture. Selon eux, la mini-série dépasse le seul débat autour des scandales numériques pour aborder « les rapports de domination, le mensonge social, avec comme terrain de jeu la télévision ».
À aimer ou détester
Steven Moffat joue avec la temporalité du récit, retardant volontairement la révélation des propos exacts tenus par Douglas. « Pendant deux épisodes, la série montre à la fois la gestion de crise d’une célébrité et la manière dont ce présentateur, bonne pâte installée dans son fauteuil depuis des décennies, imagine que son privilège de mec blanc sexagénaire pourra éternellement le protéger. »
Enfin, pour The Guardian, Moffat se livre à une entreprise de démolition des « dogmes libéraux » et n’hésite pas à provoquer : « Douglas Is Cancelled n’est pas toujours subtil. Il y a des répliques maladroites et un sentiment occasionnel que Moffat coche tous les sujets sensibles. Mais c’est globalement rapide, drôle et absolument furieux. Certains spectateurs l’aimeront sans réserve, d’autres le détesteront pour des raisons qu’ils peuvent articuler clairement, et certains le haïront simplement parce qu’il ose exister. »