
Kyle Soller, Denise Gough et Ben Mendelsohn incarnent trois figures de l’Empire dans la série Star Wars dont la seconde saison sera diffusée à partir du 23 avril sur Disney+. À l’occasion de cette sortie, les comédiens reviennent sur la complexité de leurs rôles, la noirceur du récit et les rouages d’un pouvoir en déclin.
Série dérivée de l’univers Star Wars, Andor revient sur Disney+ pour une seconde et dernière saison, diffusée à partir du 23 avril. Prouesse visuelle et scénaristique, l’œuvre signée Tony Gilroy s’attache à raconter la montée en puissance de Cassian Andor, ancien voleur devenu espion au service de l’Alliance rebelle. Situé en amont du film Rogue One, auquel il est directement lié, ce spin-off tranche avec le reste de la saga, adoptant un ton plus adulte, politique et intimiste.
Autour du personnage principal, la série déploie une riche galerie de personnages. À l’occasion de cette nouvelle saison, nous avons rencontré trois figures de l’Empire : Kyle Soller, qui incarne Syril Karn, soldat discipliné et rigide, déjà présent dans la première saison ; Denise Gough, glaçante dans le rôle de l’officière Dedra Meero ; et Ben Mendelsohn, qui reprend son rôle d’Orson Krennic, redoutable directeur de la division des armes avancées, découvert dans le film spin-off.
Comment expliquez-vous le succès d’Andor ?
Kyle Soller : Pour moi, tout part de l’écriture. Tony puise dans notre histoire commune, souvent tragique, pour explorer le cœur des conflits : guerre, pouvoir, politique, relations humaines… Ce sont des thèmes universels, auxquels George Lucas faisait déjà appel et qui restent d’actualité. Ce qui distingue Andor, c’est cette forme d’intimité inédite dans l’univers Star Wars. C’est sombre, adulte, émouvant, parfois même romantique. Et surtout, c’est exigeant.

Denise Gough : La force de la série est de ne pas se réduire à une œuvre d’actualité. Elle aurait résonné il y a dix ans, et elle parlera encore dans 20. C’est ce que font les grands récits : ils provoquent une réaction viscérale, sans chercher à marteler un message. La deuxième saison a été tournée il y a déjà quelques années, mais elle entre encore en résonance avec notre époque.
Vos trois personnages sont perçus comme des antagonistes. Tous évoluent du côté de l’Empire, mais chacun incarne une facette très différente. Le mot “méchant” vous semble-t-il approprié pour chacun d’entre eux ?
Ben Mendelsohn : Oui, en un sens. Ce sont des figures du mauvais camp. On peut les appeler “vilains”, ou autrement, mais ils sont du côté obscur.

D. G. : Mais tout le monde, dans Andor, fait des choses terribles. Cassian lui-même tue dès le premier épisode. Tony a précisément construit des personnages capables de basculer, quel que soit leur camp. Dedra, cette saison, va très loin. Elle incarne ce que produit une société où l’on est endoctriné dès l’enfance. Syril, lui, représente ce moment où une étincelle d’empathie peut naître au contact de l’autre. Et Krennic… C’est l’ambition, brute, sans frein. Il est prêt à tout pour gravir les échelons.
B. M. : Il agit avec la conviction d’avoir raison. Pour lui, c’est une évidence, une nécessité.
Un personnage qualifie Dedra de “monstre”, dans cette deuxième saison. Denise, est-ce justifié ?
D. G. : Quand je regarde cette saison, détachée de mon rôle, je suis horrifiée par ce qu’elle fait. Tony a glissé en deux lignes son passé : elle a grandi dans un “kinder block” impérial, ses parents étaient des criminels, elle a été endoctrinée dès l’âge de 3 ans. En fait, elle est dangereuse parce qu’elle ne connaît rien d’autre que l’Empire.

Et ce qui la fait chanceler, cette saison, c’est l’intimité. Syril déclenche en elle quelque chose qu’elle ne comprend pas. Une flamme qu’elle veut aussitôt éteindre. Elle ne sait pas ce que c’est. Elle panique et cette perte de contrôle la ronge de l’intérieur. Oui, elle agit comme un monstre. Et je comprends pourquoi. Mais je ne l’excuse pas.
Et vous, Kyle, comment décririez-vous la relation entre Dedra et Syril ?
K. S. : Leur lien est complexe ; on n’a jamais su comment le définir. Syril est un obsessionnel. L’Empire le fascine. Or, quand il rencontre Dedra, il est captivé, fasciné. Ils veulent se dominer, se posséder. Syril veut presque devenir Dedra.

Ben, vous reprenez le rôle de Krennic dans un contexte plus politique, plus sérieux que dans Rogue One. Cela a-t-il changé votre approche ?
B. M. : Je ne cherche pas à redécouvrir un personnage. Mon but, c’est de faire jaillir de petites étincelles à l’écran. Dans Andor, on découvre les rouages, les mécanismes du pouvoir. Dans Rogue One, Krennic exécute. Ici, on voit le pourquoi, le comment, les motivations. Il n’apparaît pas souvent, mais chaque apparition montre comment fonctionne l’Empire, comment un engrenage en active un autre. Il incarne cette mécanique. Et c’est parfois très fort.

Y a-t-il une scène ou un moment de tournage qui vous a particulièrement marqué ?
B. M. : Je pense à cette scène que nous avons tournée avec Denise dans une toute petite pièce… C’était un moment très intense, presque comme un cri. Quand je la revois, je me dis parfois : “Ah, ça, c’est raté” ou “Regarde cette tête…” Malgré tout, elle a vraiment quelque chose. Elle dégage une vraie puissance.

D. G. : Celle qui m’a vraiment donné des frissons, c’est un moment d’attente, juste avant une scène avec Ben. J’étais assise sur la chaise où j’avais fait asseoir Cyril dans la première saison. Il y avait comme une série d’échos magnifiques entre les saisons. Par exemple, dans les premiers épisodes, on voit Cyril se faire réprimander, puis au début de la saison 2, c’est lui qui annonce à quelqu’un qu’il va partir. C’est comme des rappels, des correspondances. C’est tellement beau.
K. S. : Pour moi, c’est tout l’épisode 8 [de la saison 2, ndlr]. Absolument chaque scène. Le fait d’en faire partie, de le vivre en direct, c’était incroyable.