Entretien

Leïla Bekhti et Jonathan Cohen pour Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan : “Il faut du temps avant de se rendre compte de ce qu’on nous a transmis”

19 mars 2025
Par Claire Ferragu
Leïla Bekhti dans “Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan”.
Leïla Bekhti dans “Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan”. ©Marie-Camille Orlando/2024 Gaumont/Égérie Productions/9492-2663 Québec Inc. (filiale de Christal Films Productions Inc.)/Amazon MGM Studios

À l’occasion de la sortie du dernier film de Ken Scott, Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan, ce mercredi 19 mars, L’Éclaireur a rencontré Leïla Bekhti et Jonathan Cohen. Les deux acteurs jouent une mère et son fils unis par un amour inconditionnel. Le film est une adaptation du livre éponyme de Roland Perez, qui raconte sa propre histoire.

Qu’avez ressenti quand vous avez découvert l’histoire de Roland Perez ? 

Leïla Bekhti : Plein de choses. On a découvert l’histoire de Roland avec le scénario de Ken Scott. Le livre, on l’a lu après. Cette histoire d’une famille qui déborde d’amour, de conviction, tient du miracle. Et il y a cette relation entre cette mère et ce fils qui est à la fois très intense, très belle, très forte et, en même temps, on parle aussi d’émancipation par rapport à ce lien, à la fois si beau, mais aussi très, trop vertigineux. Surtout, cette histoire est remplie de joie, au-delà de l’adversité. C’est un drame, mais ce n’est pas dramatique. C’est là toute sa singularité.

Cette histoire s’inscrit dans une mise en scène colorée, joyeuse et collective. L’entourage de Roland est unanimement soudé autour de lui. Que pensez-vous de cette façon d’aborder la maternité et la vie de famille de façon plus globale ? 

Jonathan Cohen : C’était un peu mon rêve, une telle vie de famille. Je suis fils unique, mais je rêvais toujours de grande fratrie, d’une famille où ça gueule de partout, un peu comme dans le film. Dans ce genre de famille, on sent que l’amour est présent partout, il n’y a pas de problème de sécurité affective, ça respire la joie. 

L. B. : C’est vrai que ce n’était pas très exotique pour moi, car j’en ai quatre à la maison, et quand il y en a un qui s’en va, il y en a un autre qui sort de je ne sais où. C’est très joyeux. J’ai l’habitude de tous ces bruits qui me rassurent. C’est mon plus grand refuge. J’ai aimé retrouver ça avec ce film.

L’amour que porte Esther (Leïla Bekhti) à son fils Roland est inconditionnel.©Marie-Camille Orlando - 2024 Gaumont - Egérie Productions – 9492-2663 Québec Inc. (filiale de Christal Films Productions Inc.) - Amazon MGM Studios

Le film oscille avec brio entre la comédie et le drame, dans une espèce d’énergie un peu vertigineuse. Comment avez-vous été dirigés par Ken Scott ? 

L. B. : On a fait quelque chose que j’adore, c’est-à-dire de beaucoup se voir avant le tournage. On s’est vus seuls avec Ken et on s’est vus ensemble. Il nous fallait trouver notre relation en tant que mère et fils. C’était important de parvenir à une vérité de lien, d’émotion entre nous. On a beaucoup travaillé. Roland Perez, l’auteur du livre adapté par le film, nous a rassurés. Il nous a dit : “Il va falloir que tu trouves ton Esther et que tu trouves ton Roland.” Parce que c’est une histoire vraie. Il fallait donc qu’on se débarrasse aussi de cette pression, même si elle a toujours été là.

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Sylvie Vartan occupe une place primordiale dans la vie de Roland et dans le film. Quelle image aviez-vous d’elle en amont ? Comment s’est passée votre rencontre ? 

J. C. : Sylvie Vartan fait partie de nos vies, c’est un monument de la culture française. Elle était dans nos maisons, à la télévision. On entendait ses chansons, on a grandi avec elle. Alors c’était fou de la rencontrer. Et ça s’est incroyablement bien passé. Elle avait très envie de jouer. 

L. B. : C’est une icône. J’étais très impressionnée de la rencontrer. Je suis très admirative de sa carrière. J’ai eu la chance d’aller avec Roland à son concert d’adieu. Il y avait plein de petits films qu’elle projetait sur scène. On la voyait à Vegas, avec McCartney, avec Sinatra… C’était fou. Je trouve sa carrière hallucinante. Je pense que cela raconte beaucoup d’elle. C’est quelqu’un de très fidèle. Ça fait plus de 30 ans qu’elle travaille avec certains de ses musiciens, avec ses amis les plus intimes. En cela, il y a quelque chose qui me rassure, qui me plaît chez elle. J’ai appris qu’elle avait aidé plein de gens, cela force l’admiration. Elle fait partie de ceux qui font sans dire. J’ai beaucoup de tendresse pour elle. 

Jonathan Cohen incarne Roland Perez dans Ma Mère, Dieu et Sylvie Vartan, de Ken Scott. ©Marie-Camille Orlando - 2024 Gaumont - Egérie Productions – 9492-2663 Québec Inc. (filiale de Christal Films Productions Inc.) - Amazon MGM Studios

Un autre grand sujet du film est la transmission. Qu’est-ce que le film dit à ce sujet ?

L. B. : Que c’est un éternel paradoxe d’être parent : tu dois absolument apprendre aux gens que tu aimes le plus au monde à se débrouiller sans toi. Je pense qu’il faut donc qu’on soit un peu plus indulgent envers nous-mêmes, se dire que les parents parfaits, ça n’existe pas. C’est aussi un film qui nous raconte en tant qu’enfants. À quel endroit s’émancipe-t-on de ce qu’on nous a transmis ? À quel moment doit-on un peu lâcher du lest ? Je pense que l’émancipation doit se faire des deux côtés, sans non plus nier quand c’est bien.

Bande-annonce de Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan.

J. C. : Ce qui est beau, c’est qu’il faut du temps avant de se rendre compte de ce qu’on nous a transmis. Quand on est jeune adulte, on ne se rend pas véritablement compte ; on veut s’émanciper, vivre sa propre vie. À un moment donné, on grandit, on a soi-même des enfants. Alors on prend véritablement conscience de ce qu’on nous a transmis, de toute cette richesse. Cela demande du recul.

L. B. : Ce qui n’empêche pas d’être reconnaissant. Je sais qu’une vie ne suffirait pas pour être à la hauteur de ce que m’a donné ma mère, qui m’a beaucoup inspirée pour ce rôle. Elle est mon héroïne.

Ma mère, Dieu et Sylvia Vartan de Ken Scott, avec Leïla Bekhti et Jonathan Cohen, 1h42, le 19 mars en salle.

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