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Festival d’Angoulême : 10 Fauve d’or à (re)lire

29 janvier 2025
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Festival d’Angoulême : 10 Fauve d'or à (re)lire
©L. Trondheim & 9eArt+

Alors que le palmarès 2025 du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême s’apprête à être dévoilé, les archives du Fauve d’or, prix décerné au « meilleur album » chaque année depuis 1976, regorgent de pépites. En voici dix qui ont marqué l’histoire du 9e art.

| Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, tome 1, d’Emil Ferris

Alors que le deuxième tome, sorti en novembre 2024, trône fièrement dans toutes les vitrines de librairies, son premier opus avait déjà créé l’événement. Paru aux éditions Monsieur Toussaint Louverture, Moi, ce que j’aime, c’est les montres, de la dessinatrice américaine Emil Ferris, avait remporté le Fauve d’or en 2019.

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À juste titre : la bédéaste y décortique la figure du monstre, de ceux qui nous hantent enfant à ceux de l’adolescence et de l’âge adulte. Particularité graphique : le stylo bic, longtemps délaissé par les dessinateurs. Emil Ferris sublime tout son potentiel artistique dans ce roman graphique aux allures de carnet de croquis, mais qui révèle un trait fin et délicat. Un ouvrage monstrueux de beauté !

| L’Arabe du futur, tome 1, de Riad Sattouf

On ne présente plus Riad Sattouf, figure phare du 9e art français. Ce statut, il le doit notamment au succès planétaire de sa série autobiographique L’Arabe du futur (Allary Éditions) dans laquelle il lève le voile sur son enfance à cheval entre deux cultures : la France et la Syrie. À la sortie du premier tome en 2014, son humour mordant et adolescent, son trait et sa palette de couleurs avaient donné un nouveau souffle à la bande dessinée.

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Rien d’étonnant à ce qu’il soit récompensé par le Fauve d’or en 2017. Cinq ans plus tard, en 2023, c’est la consécration ultime : Riad Sattouf reçoit le Grand Prix d’Angoulême

| Quai d’Orsay, tome 2, de Christophe Blain et Antonin Baudry

Ce « thriller » politico-humoristique a remporté le prix du meilleur album en 2013. La série Quai d’Orsay, chroniques diplomatiques (Dargaud) du dessinateur Christophe Blain et du scénariste Abel Lanzac (alias Antonin Baudry), qui se décline en deux tomes, suit les péripéties d’Arthur Vlaminck, un jeune idéaliste qui débarque au ministère des Affaires étrangères. Le monde très fermé de la diplomatie internationale lui ouvre enfin ses portes… Un monde sans pitié et plein de magouilles.

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Très réaliste, cet album lève le voile sur les coulisses et les secrets de ce ministère. Il faut dire que le scénariste n’est autre qu’Antonin Baudry, qui, à l’instar de son protagoniste, a longtemps arpenté les couloirs du Quai d’Orsay.

| Poulet aux prunes, de Marjane Satrapi

Ce n’est pas juste un plat traditionnel iranien. Poulet aux prunes (L’Association) est aussi le titre du fabuleux ouvrage de Marjane Satrapi qui a remporté le Fauve d’or en 2005. Dans ce roman graphique, la dessinatrice parvient à recréer le Téhéran des années 1950, à travers l’errance de Nasser Ali qui ne vit que pour la musique et son instrument, le tar, qu’il va malencontreusement perdre… Sans son instrument de prédilection, ce dernier préfère se laisser mourir. L’histoire se déroule sur huit jours.

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Huit jours où le musicien déchu voit toute sa vie – réelle et fantasmée – défiler devant ses yeux. Un voyage à la recherche des rêves perdus, raconté sans une once de morbidité.

| Jimmy Corrigan, de Chris Ware

Grand Prix en 2021, le dessinateur américain Chris Ware avait déjà été honoré par le Festival d’Angoulême. En 2003, il reçoit le Fauve d’or pour son album Jimmy Corrigan (Delcourt) dans lequel il dépeint le quotidien d’un homme qui vit une vie monotone, sans couleurs… jusqu’à ce qu’il reçoive une lettre mystérieuse qui chamboule tout. L’univers graphique de Chris Ware est unique et il s’en dégage une harmonie géométrique singulière.

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Chaque planche se scrute à la recherche de détails dissimulés. Un bijou de bande dessinée qui repousse les limites narratives du 9e art. 

| Passage en douce, d’Helena Klakovar

Raconter la grande histoire à travers les petites. La bande dessinée est un formidable médium pour témoigner des bouleversements de la société de manière incarnée et sensible. En 2000, le Fauve d’or met la lumière sur Passage en douce (Frémok éditions) de la dessinatrice croate Helena Klakovar.

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Dans ce récit autobiographique, qui prend des allures de carnet de bord, cette dernière dévoile son histoire personnelle et retrace ses pérégrinations à travers l’Europe alors que l’ancienne Yougoslavie se disloque peu à peu. Une odyssée racontée avec une douceur amère pour mieux questionner le vécu de l’exil.

| Maus, d’Art Spiegelman

Deux Fauves d’or pour le prix d’un ! Respectivement en 1988 et en 1993, l’auteur de BD américain Art Spiegelman remporte ce prix pour les deux tomes de Maus (Flammarion). Ce diptyque est l’un des albums les plus marquants de l’histoire du 9e art. Avec une grande humanité, l’auteur y entremêle l’histoire de son père, survivant d’Auschwitz, et la mémoire de la Shoah.

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Depuis sa sortie, ce roman graphique contribue à libérer la parole des rescapés de cette tragédie et de leur famille, et fait émerger une mémoire collective avant qu’elle ne disparaisse. Sommet de l’art dessiné, ce chef-d’œuvre donne à la BD ses lettres de noblesse.

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| Jonathan, tome 7, de Cosey

Aventures, introspection et Himalaya. Voici les trois ingrédients incontournables de Jonathan (Le Lombard), la saga à succès du dessinateur suisse Cosey. Sortie pour la première fois en 1977, la saga touche à sa fin en 2021 et compte 17 tomes. Mais c’est son septième chapitre, Kate, qui est récompensé par un Fauve d’or en 1982.

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Dans cet album, le protagoniste s’enfonce toujours un peu plus loin dans son périple himalayen à la recherche du château de l’oiseau blanc. À la découverte du Tibet, du Népal et de l’Inde du Nord, de ses habitants et de ses traditions, sur fond de suspense et d’intrigues politiques, l’univers de Cosey invite depuis près de 50 ans à l’évasion. 

| Légende et réalité de Casque d’or, d’Annie Goetzinger

C’est la première femme à recevoir le Fauve d’or. Annie Goetzinger, alors à peine âgée de 25 ans, se voit décerner le prix du meilleur album en 1977 pour Légende et réalité de Casque d’or (Glénat), sa première BD. Inspirée par le film Casque d’or de Jacques Becker, sorti en 1952, la dessinatrice plonge dans le Paris de la Belle Époque et ses recoins sombres.

Au début du XXe siècle, les Apaches, une bande de criminels, multiplient les affrontements avec la police. Au centre de cette intrigue, une figure féminine : Amélie Élie, une prostituée plus connue sous le nom de Casque d’or. Un concentré rocambolesque de 44 pages à redécouvrir.

| Corto Maltese, la ballade de la mer salée, d’Hugo Pratt

Un incontournable de la bande dessinée franco-belge : Corto Maltese. Le marin aventurier du dessinateur italien Hugo Pratt est l’un des héros les plus emblématiques du 9e art. Prépubliées dès 1967 dans un magazine de BD italien, ses aventures trouvent tout de suite leur public et la parution du premier tome, La ballade de la mer salée (Casterman) en album lui vaut le premier Fauve d’or du Festival d’Angoulême, en 1976.

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Vingt tomes plus tard, ce premier volet reste l’un des meilleurs, pour son originalité et cette farandole de personnages, mystiques pour certains et hauts en couleur pour d’autres, qui rythment l’univers de Corto Maltese. Preuve de son succès, le héros d’Hugo Pratt continue d’inspirer les créateurs contemporains qui ne cessent d’imaginer de nouvelles aventures. Cinquante ans après sa sortie, l’album reste intemporel !

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