Entretien

Omar Sy pour Dis-moi juste que tu m’aimes : “Le bonheur n’a pas forcément besoin d’être flamboyant”

19 février 2025
Par Claire Ferragu
Omar Sy et Élodie Bouchez partagent l'affiche de “Dis-moi juste que tu m'aimes” d'Anne Le Ny.
Omar Sy et Élodie Bouchez partagent l'affiche de “Dis-moi juste que tu m'aimes” d'Anne Le Ny. ©Emmanuelle Jacobson-Roques

À l’occasion de la sortie du dernier film d’Anne Le Ny, Dis-moi juste que tu m’aimes, ce mercredi 19
février, L’Éclaireur a rencontré Omar Sy et Élodie Bouchez. Les deux acteurs incarnent, dans ce thriller intime, un couple uni mis à rude épreuve.

Omar, ce rôle détonne dans votre filmographie. On a coutume de vous voir davantage en père de famille ou en figures historiques et populaires qu’en conjoint salvateur. Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir ce rôle ?

Omar Sy : Justement, le personnage de Julien est aussi père de famille, j’avais donc ce repère sur lequel m’appuyer. Et j’aime aller vers la nouveauté et la découverte. Anne Le Ny, la réalisatrice du film, était la bonne personne selon moi pour aborder un tel rôle. C’était également le bon timing. Aujourd’hui, je suis plus mûr, dans la vie, en tant qu’homme et dans mon couple pour incarner un personnage comme Julien. J’ai plus de recul sur certaines choses qui m’étaient plus compliquées à faire dans le passé. Cette histoire est aussi très belle dans son propos, remplie de messages importants.

Omar Sy est de retour au cinéma, ce 19 février. ©Emmanuelle Jacobson-Roques

Dans ce film, vous incarnez deux figures modernes du couple. D’un côté, on a ce conjoint combatif. De l’autre, Marie, très singulière dans cette façon d’incarner une épouse et une mère comblée, mais qui, animée par sa peur d’être trompée, va elle-même commettre un adultère et tomber sous l’emprise d’un pervers narcissique. Comment avez-vous abordé ce tournage ?

Élodie Bouchez : Ça s’est passé très simplement. Anne Le Ny, qui m’a fait lire le scénario, a très vite insisté sur le fait qu’elle voulait aller au-delà des apparences, que le personnage de Marie ne devait pas être qu’une victime. Elle désirait que, sous ses airs simples et tourmentés, Marie soit habitée d’une grande force et d’une grande détermination. J’ai senti que ça lui tenait vraiment à cœur de jouer sur ces deux registres. Puis, tout s’est déroulé très simplement. À partir du moment où on accepte de participer à un projet, on adhère à l’écriture du récit et à celle des personnages.

Bande-annonce du film Dis-moi juste que tu m’aimes.

Marie a une réelle ambivalence. On a à la fois l’impression qu’elle subit ce qui lui arrive et qu’elle choisit d’elle-même de commettre cet adultère. Qu’en pensez-vous ?

É. B. : Oui, c’est très juste. Il y a une grande ambivalence chez Marie, parce qu’elle se plonge elle-même dans une incertitude absolue quand elle se raconte cette histoire de cet ancien amour de jeunesse qui va revenir et à nouveau lui voler l’homme de sa vie. C’est un délire qu’elle se crée. C’est comme dans ces moments où on perd pied, on commence à paniquer, voire à délirer, on perd le sens de ce qu’il faut faire, de ce qui est bien, de ce qui est mal.

Diriez-vous que le couple que vous formez au début du film est heureux ou qu’il bat un peu de l’aile du fait de l’usure du temps ?

O. S. : Oui, je dirais que c’est un couple heureux et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle mon personnage se bat pour le sauver. Ce qui me plaît dans ce film, c’est qu’il raconte la méprise d’une forme de routine. Mais c’est aussi ça le bonheur, il peut être simple et n’a pas forcément besoin d’être flamboyant ou intense. Quand ils dînent en famille tous les quatre dans la cuisine, c’est un vrai moment de bonheur. Et c’est un bonheur qu’ils ont construit ensemble, dans le temps.

D’ailleurs, quand Thomas, le personnage qu’incarne José Garcia, voit cette famille aller au cinéma, il la trouve pathétique. Alors qu’eux sont heureux dans ce quotidien de vie familiale. Dans la vie, on peut se méprendre et se sentir usé par de petites choses. Mais, justement, quand on les retire, on perd ses repères. Et ce couple qu’on forme à l’écran se bat pour préserver ce bonheur. Je suis convaincu que les gens ont besoin d’une histoire comme celle-ci.

José Garcia dans Dis-moi juste que tu m’aimes.©Emmanuelle Jacobson-Roques

Dans quelle mesure le retour d’Anaëlle, incarnée par Vanessa Paradis, l’ancien grand amour de jeunesse de Julien, le bouscule-t-il ? 

O. S. : Ce retour le déstabilise, évidemment. D’ailleurs, on ne sait jamais s’il commettra ou non l’adultère. Il est un peu tenté à un moment, il la suit dans une boutique, il se remet un petit peu à flirter, à se questionner. Cela vient réveiller quelque chose chez lui et il est tenté par ce petit truc un peu flamboyant, un peu plus intense justement. Seulement, lui est peut-être un peu moins vulnérable à ce moment précis. Il se rappelle qu’il a souffert de cette histoire passée et il a peut-être la chance d’avoir l’événement qui le sauve de la tentation, là où Marie a l’événement qui la fait basculer de l’autre côté, dans les bras d’un manipulateur autoritaire. Je pense que personne n’est à l’abri dans ce genre de situation.

Vanessa Paradis et Omar Sy dans Dis-moi juste que tu m’aimes.©Emmanuelle Jacobson-Roques

Quel partenaire de jeu avez-vous été l’un pour l’autre ? Comment s’est déroulé le tournage ? 

É. B. : C’était un tournage extrêmement bienveillant. Omar était le partenaire idéal. Nous étions constamment dans l’échange, la générosité, la recherche. C’était simple, drôle et agréable.

O. S. :  C’était très agréable, effectivement. Une forme de confiance immédiate s’est installée entre nous. Cela nous a permis de partir sur de très bonnes bases, nous ne posions aucun jugement l’un envers l’autre. Il y a effectivement ce goût de la recherche que l’on partage tous les trois, Élodie, Anne et moi.

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