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Le tatoueur d’Auschwitz : la série diffusée sur M6 est-elle basée sur une histoire vraie ?

17 janvier 2025
Par Agathe Renac
“Le tatoueur d'Auschwitz”, le 22 janvier sur M6.
“Le tatoueur d'Auschwitz”, le 22 janvier sur M6. ©Martin Mlaka / Sky UK

À l’occasion du 80ᵉ anniversaire de la libération d’Auschwitz, M6 diffuse une mini-série inspirée du best-seller d’Heather Morris. Entre fiction et réalité historique, l’œuvre questionne.

C’est sûrement l’un des romans qui nous a le plus bouleversés. Publié en 2018 en France, l’œuvre d’Heather Morris suit l’histoire d’amour entre deux prisonniers dans le camp d’Auschwitz, entre 1942 et 1945. Le tatoueur d’Auschwitz est rapidement devenu un véritable phénomène littéraire, traduit dans plus de 40 langues et vendu à plus de 13 millions d’exemplaires dans le monde.

À l’occasion des 80 ans de la libération du camp de concentration, M6 a pris le parti de diffuser l’adaptation sérielle de l’œuvre, le 22 janvier à 21h10. Mais la mini-série en six épisodes portée par Jonah Hauer-King (La petite sirène), Anna Próchniak (Yellowjackets) et Harvey Keitel (Reservoir Dogs) interroge : son histoire est-elle inspirée de faits réels ?

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L’histoire d’une rencontre

La production télévisuelle oscille entre le présent et le passé. On y suit Lali, un juif slovaque qui a été déporté à Auschwitz en 1942. « Peu après son arrivée, il devient l’un des tatoueurs chargés d’inscrire les numéros d’identification sur les bras des autres prisonniers, indique le synopsis. Un jour, il rencontre Gita alors qu’il lui tatoue son numéro. C’est ainsi que commence une histoire d’amour courageuse et inoubliable. »

Soixante ans plus tard, Lali est un octogénaire. La femme de sa vie est décédée, et il décide de raconter leur rencontre et leur parcours au monde entier. Il tombe alors sur Heather Morris, une jeune écrivaine qui va capturer ces moments dans un livre.

©Martin Mlaka / Sky UK

Dans les faits, l’autrice a bien rencontré Lale Sokolov à Melbourne, en 2003. Alors âgé de 87 ans, le survivant a décidé de raconter cette histoire qu’il avait tue durant plus de 60 ans. Pendant trois ans, Heather Morris a méticuleusement recueilli ses récits hebdomadaires, mêlant détails intimes et horreur du quotidien. Lale est décédé en 2006, à l’âge de 90 ans, laissant à l’écrivaine la charge de transformer ses souvenirs en roman.

La vraie vie de Lale Sokolov

Dans les grandes lignes, les faits relatés dans Le tatoueur d’Auschwitz sont justes. Retour en 1942. En avril, Lale Sokolov est déporté. Dans un premier temps, il est chargé de construire des blocs d’habitation destinés à l’expansion du camp. Cependant, un prisonnier français connu sous le nom de Pepan lui demande de travailler avec lui en tant que tatoueur.

C’est dans ce contexte qu’il rencontre Gisela Gita Furman en juillet, alors qu’il tatoue un groupe de femmes qui arrivent dans le camp. Le jeune homme tombe immédiatement amoureux. Il profite alors de sa position privilégiée pour lui envoyer de la nourriture et des messages, et ainsi maintenir un lien.

©Martin Mlaka / Sky UK

Deux jours avant la libération d’Auschwitz, Lale est transféré au camp de concentration de Mauthausen-Gusen. Il réussit à s’échapper et décide de retourner dans son pays natal. Il se lance ensuite dans un travail de recherche conséquent afin de retrouver Gita. Le couple se marie en 1945 et donne naissance à leur seul enfant, Gary, en 1961. Après le décès de Gita en 2003, l’octogénaire évoque pour la première fois son expérience en déportation avec Heather Morris. Une série d’interviews qui durera trois ans, et inspirera l’autrice dans son écriture du Tatoueur d’Auschwitz.

La critique des historiens

Ainsi, la série diffusée le 22 janvier sur M6 est l’adaptation de ce best-seller. Heather Morris a affirmé que 95% du récit était factuel. En revanche, le média CBC souligne le fait que l’écrivaine néo-zélandaise n’a jamais rencontré Gita Furman, et qu’elle a donc dû imaginer les dialogues entre les amants. De plus, des historiens ont vivement critiqué l’œuvre littéraire, pointant du doigt de nombreuses inexactitudes.

©Martin Mlaka / Sky UK

Parmi les erreurs relevées : les descriptions incorrectes des conditions de vie dans le camp, des numéros de matricule erronés, ou encore des scènes fictives attribuées à Josef Mengele. Wanda Witek-Malicka, auteure de la revue Memoria, a remarqué des exagérations, des sous-estimations et des simplifications problématiques. Le rôle de tatoueur, attribué exclusivement à Lale dans le roman, était en réalité partagé entre plusieurs prisonniers. De même, l’idée d’une relative liberté de mouvement des détenus ou d’une rébellion spectaculaire au sein du camp est jugée fantaisiste.

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Heather Morris s’est défendue en affirmant que son travail s’inscrivait dans une démarche artistique, et non académique. Elle a rappelé que son objectif premier était de transmettre l’humanité de Lale et Gita, et non de produire un document historique exhaustif. La série, en reprenant cet avertissement, semble assumer son statut de fiction inspirée de faits réels.

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Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste