Avec À l’aube de l’Amérique, Netflix signe un western brutal, dans l’Utah de 1857. Entre fiction et réalité, cette histoire déconstruit les mythes de la conquête de l’Ouest, révélant un récit de survie.
À l’aube de l’Amérique fascine autant qu’elle choque. Disponible depuis le 9 janvier, le western écrit par Mark L. Smith (The Revenant) et mis en scène par Peter Berg (Du sang et des larmes) redéfinit les codes du genre en s’éloignant des clichés.
Avec une violence crue, la série déconstruit des décennies de romantisation pour offrir une plongée sans concession dans l’Amérique du XIXᵉ siècle. Mais cette fresque dramatique repose-t-elle sur une histoire vraie ?
Une fiction ancrée dans l’Histoire
La réponse est non : le récit conté dans les six épisodes relève avant tout de la fiction. En revanche, la série s’appuie largement sur de véritables événements historiques, explorant les conflits entre pionniers, tribus amérindiennes et communautés mormones dans l’Utah de 1857, époque où les États-Unis se redessinaient dans un contexte de conquête et de colonisation effrénée.
Dès le premier épisode, la reconstitution du massacre de Mountain Meadows donne le ton. Cet événement survenu le 11 septembre 1857 a vu des miliciens mormons et des membres des tribus païutes attaquer un convoi de pionniers, entraînant la mort d’environ 120 hommes, femmes et enfants.
Considéré comme l’un des épisodes les plus sombres de la conquête de l’Ouest, ce massacre est ici revisité avec une intensité dramatique. Le show met en scène l’ambiguïté des motivations religieuses et territoriales, tout en soulignant la complexité des responsabilités partagées entre Mormons et Amérindiens.
Un antagoniste historique
Personnage clé, Brigham Young, interprété par Kim Coates, est lui aussi, inspiré d’une figure historique réelle. Gouverneur du territoire de l’Utah et président de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Young était un homme influent et controversé.
Dans la série, il est dépeint comme un leader fanatique, prêt à tout pour préserver l’autonomie de son peuple face aux pressions fédérales. Les dialogues et les actions attribués à Young dans la série, bien qu’exagérés pour servir la fiction, reflètent le climat de méfiance et de tension politique de l’époque.
Une représentation fidèle des autochtones
Globalement, les créateurs d’À l’aube de l’Amérique ont veillé à représenter les tribus de la manière la plus réaliste possible. Ils ont bénéficié à ce titre des conseils de Julie O’Keefe, consultante experte des cultures amérindiennes, déjà consultée par Martin Scorsese dans le film Killers of The Flower Moon.
« Julie était là chaque jour pour s’assurer que tout était juste — que les coiffures étaient correctes, les bijoux authentiques, les vêtements appropriés, les langues fidèles, et les comportements conformes à l’époque et aux Nations concernées », a expliqué Peter Berg à Tudum.
Porter un regard nuancé
En revanche, la consultante, elle aussi interrogée par le magazine, a insisté sur le caractère fictionnel et romancé de la série. Malgré une grande minutie de la part de la réalisation, elle estime que la violence et la cruauté dépeintes n’égalent pas ce qu’ont réellement subi les peuples amérindiens. « Après avoir lu des récits historiques sur ce qui est arrivé aux peuples autochtones à cette époque, on peut dire que la violence dans À l’aube de l’Amérique est modérée », a-t-elle assuré à Tudum.
Outre le massacre de Mountain Meadows, le show intègre d’autres éléments historiques, comme Fort Bridger, un poste de commerce stratégique disputé entre Mormons et l’armée américaine. En s’appuyant sur des bases historiques solides tout en développant une narration romancée, À l’aube de l’Amérique parvient à captiver sans jamais prétendre être un documentaire.