Depuis quelques années, le sujet s’immisce au cœur des intrigues de films et séries. C’est notamment le cas du phénomène Heartstopper, de retour sur Netflix avec une saison 3.
« Il n’y a pas de santé sans santé mentale », a déclaré l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Indispensable pour se sentir épanoui dans sa vie, cette dernière va de pair avec la santé physique. La source des maux peut aussi bien venir d’un traumatisme, d’un échec ou encore de la vie sociale et familiale. Un sujet des plus complexes, qui est néanmoins de plus en plus évoqué dans nos programmes préférés, dont Heartstopper.
Disponible sur Netflix ce 3 octobre, la troisième saison de la série feel good se concentrera davantage sur la santé mentale de Charlie et des autres personnages. Loin des clichés, cette fiction parvient à transmettre des messages puissants, au-delà des tendres histoires d’amour. Comme de plus en plus de programmes, la production a pour objectif d’aider les spectateurs dans leur quête de bien-vivre.
Dans le cas de Charlie, le jeune homme a encore du mal à se remettre du harcèlement qu’il a subi après avoir fait son coming-out. Dans la saison 2, le jeune homme avouait à Nick qu’il s’était automutilé et souffrait d’un trouble du comportement alimentaire. Aussi dramatique que dangereuse, cette situation peut néanmoins trouver un écho chez un grand nombre de spectateurs.
L’objectif de la série ? Leur montrer qu’ils ne sont pas seuls. Ce type d’histoire peut même aider le public à se tourner vers des professionnels de la santé, à condition que le problème du protagoniste soit traité avec justesse et bienveillance – ce qui est le cas de récentes fictions telles que Mental, Normal People ou encore Euphoria.
Une évolution du traitement de la santé mentale à l’écran
Commandées par MTV Entertainment Studios dans le cadre de sa « Mental Health Storytelling Initiative » et de son « Mental Health Media Guide », deux études publiées en mai 2024 ont démontré qu’il y avait une hausse significative de la représentation de la santé mentale dans les séries et les films.
Plus important encore, le Los Angeles Times relève qu’il a été prouvé que ces productions ont un effet plus bénéfique qu’avant sur le public et qu’il y a moins de stigmatisation. Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont épluché les scripts des fictions avec les mots-clés « TDAH » ou encore « psychothérapie », ainsi que des termes plus péjoratifs sur le sujet.
Les chercheurs ont comparé un échantillon de programmes diffusés entre 2021 et 2022, avec des fictions diffusées entre 2015 et 2019. Les résultats ont montré une augmentation de 39 % des scripts mentionnant ces mots-clés et une diminution de 15 % de l’utilisation d’un langage péjoratif ou désobligeant.
Les études ont également révélé que les personnages souffrant de problèmes de santé mentale étaient moins montrés comme stigmatisés, mais plutôt en train de recevoir de l’aide. Une représentation essentielle pour le public, surtout si le spectateur se sent concerné ou connaît quelqu’un dans la même situation. Cela lui permet ainsi de mieux comprendre la situation.
Un impact positif sur le public
« Pour dépasser une souffrance, il faut l’affronter », nous explique Marie Chaudagne, psychologue spécialisée dans la gestion des émotions. La spécialiste souligne le fait qu’il est beaucoup plus facile de se plonger dans son mal-être à travers des personnages de fiction, ce qui explique le fait qu’ils ont un rôle essentiel dans notre société, aujourd’hui.
Les deux études ont d’ailleurs montré que le public était plus enclin à s’informer sur la santé mentale et à suivre une thérapie après avoir vu les récents films et séries sur ce vaste sujet. La raison ? Tout simplement l’empathie que peut éprouver un spectateur envers un personnage, qui pousse à un sentiment d’identification.
Dans le cas d’Heartstopper, une personne qui vit la même situation que Charlie peut, grâce à la série, prendre conscience qu’elle n’est pas un cas isolé et qu’elle a également besoin d’aide. « Cela permet d’alléger la culpabilité, de plus facilement libérer la parole et, avec du temps, de se soigner », commente la psychologue. À condition qu’il y ait une morale et de véritables clés dans le programme télévisé pour comprendre ce qu’est la santé mentale et comment en prendre soin.
En abordant la santé mentale avec authenticité et nuance, les séries et les réseaux sociaux – avec des comptes comme @bonjouranxiete – ouvrent un dialogue essentiel, brisant les tabous et reflétant la réalité de milliers de spectateurs. Désormais, l’écran ne sert plus seulement à divertir, mais aussi à guérir, en offrant des repères, des modèles, et surtout, de l’espoir. Alors que les récits évoluent, la stigmatisation, elle, recule. Finalement, la véritable victoire de ces productions ne réside pas seulement dans leurs intrigues, mais dans l’impact qu’elles ont au-delà du cadre : elles nous rappellent que demander de l’aide n’est ni un signe de faiblesse, ni une fiction.