Critique

Look Back : une ode à l’amitié et au dessin

15 septembre 2024
Par Sarah Dupont
“Look Back”, au cinéma les 21 et 22 septembre.
“Look Back”, au cinéma les 21 et 22 septembre. ©Eurozoom

Ce film d’animation japonais inspiré du manga de Tatsuki Fujimoto (Chainsaw Man) sera diffusé dans les salles obscures les 21 et 22 septembre. Entre le court et le long-métrage, ce petit bijou visuel vous plongera dans une magnifique histoire d’amitié et de rivalité entre deux adolescentes, toutes deux animées par une même passion : le dessin.

Alors que l’été touche à sa fin, quoi de mieux pour se réchauffer le cœur qu’une animation japonaise empreinte de sensibilité ? Ce début d’automne nous réserve justement une petite perle éphémère à ne pas manquer : Look Back, un film adapté du manga du même nom de Tatsuki Fujimoto, auteur acclamé de Chainsaw Man.

Très loin de l’univers sanglant et violent de sa célèbre série, ce one shot (manga en un seul volume), porté à l’écran par le réalisateur Kiyotaka Oshiyama (Flip Flappers) et le studio Durian, nous offre un voyage poétique à travers une histoire touchante et un esthétisme original.

Entre rivalité et amitié

De la rivalité à l’amitié profonde, Look Back raconte l’évolution de la relation de deux adolescentes qui ont une passion commune pour le dessin. Dévouées au manga, Fujino et Kyomoto voient leurs destins s’entrelacer de manière inattendue. L’histoire commence lorsque Fujino, habituée à illustrer le journal de son école, découvre avec amertume l’existence de Kyomoto, une nouvelle élève au talent exceptionnel qui semble éclipser le sien. Piquée au vif et résolue à surpasser sa rivale, Fujino s’immerge totalement dans l’amélioration de son art, poussée par un mélange de jalousie et d’admiration.

Fujino et Kyomoto©Eurozoom

Tout bascule lorsqu’elle rencontre enfin cette élève qui se révèle absente, emprisonnée par sa phobie sociale. Contre toute attente, Kyomoto avoue être une fervente admiratrice du travail de Fujino, donnant naissance à une amitié inespérée. De cette rencontre naît une collaboration extraordinaire et, sous le pseudonyme de « Kyo Fujino », les deux jeunes artistes parviennent à publier leur premier manga, qui rencontre un succès éclatant.

Entre court et long-métrage

Le format du film, d’une durée de 57 minutes, est à la fois original et parfaitement adapté. Il permet de concentrer toute l’attention sur l’évolution de ces deux protagonistes et sur la complexité de leur relation, sans s’embarrasser de fioritures ou de personnages secondaires.

L’intimité du récit se nourrit de l’écart marqué entre les personnalités de Fujino et Kyomoto, deux jeunes filles aux tempéraments opposés. Fujino, malgré ses doutes, affiche une certaine assurance, tandis que Kyomoto est littéralement paralysée par la vie en société. Pourtant, au-delà de ces différences, elles se rejoignent sur des points essentiels : un profond manque de confiance en elles, une capacité de travail remarquable et, surtout, une détermination sans faille à réussir.

Entre destin et décision

L’une des forces de Look Back réside dans son déroulement imprévisible, qui mêle simplicité et subtilité. L’intrigue se dévoile progressivement, notamment lorsque l’amitié entre Fujino et Kyomoto vacille à l’approche de leur diplôme.

©Eurozoom

Kyomoto annonce son intention de s’inscrire à la faculté d’art pour perfectionner son style, souhaitant ainsi s’émanciper de Fujino. Cette décision survient alors que leur duo est sur le point de réaliser un nouveau manga. Se sentant abandonnée, Fujino décide de relever le défi seule.

À l’instar du film La La Land, Look Back ne cède pas à la tentation d’une fin heureuse et réconfortante. La réalité reprend ses droits et l’anime fait vivre des épreuves tragiques à ses personnages – comme à ses spectateurs.

Entre beauté visuelle et sonore

Vous l’aurez compris, esthétiquement, Look Back est un véritable bijou. L’animation, bien que simple, possède une singularité marquée par des traits volontairement grossiers qui confèrent au film un charme unique. Mais ce qui séduit particulièrement, c’est le contraste saisissant entre l’animation principale et celle des mangas créés par les deux protagonistes qui prennent littéralement vie à l’écran.

©Eurozoom

Les premiers dessins de Fujino, avec leurs personnages aux yeux immenses, évoquent les mangas shōjos des années 1990-2000, offrant un style enfantin et nostalgique. En parallèle, les dessins de Kyomoto, d’une grande précision et focalisés sur des paysages réalistes, soulignent son rôle de spécialiste des décors dans leur collaboration. Impossible, aussi, de faire l’impasse sur la bande originale, qui accompagne l’image avec une justesse remarquable.

Composée par Haruka Nakamura, la musique, principalement axée sur des mélodies au piano, intensifie et sublime les émotions véhiculées par le film. Ces moments musicaux, puissants et évocateurs, créent un contraste saisissant avec les scènes de silence absolu, amplifiant ainsi l’impact des moments dramatiques.

Entre bonheur et tristesse

À l’arrivée du générique de fin, on réalise que ces 57 minutes se sont écoulées en un instant, emportées par une histoire à la fois belle et réaliste, teintée de tristesse. Il nous a semblé que Look Back ne cherchait pas à délivrer une morale évidente ou un message explicite, si ce n’est peut-être l’importance de ne pas sacrifier une amitié précieuse au nom du travail ou de chemins de vie divergents. Une chose est sûre : on ressort de la salle avec des étoiles plein les yeux, mais aussi un poids sur le cœur.

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