Critique

Terminator Zero : que vaut vraiment le reboot en animation de Netflix ?

29 août 2024
Par Thomas Ducres
“Terminator Zero”, le 29 août sur Netflix.
“Terminator Zero”, le 29 août sur Netflix. ©Netflix

« I’ll be back ». Pile 40 ans après le premier film, les cyborgs tueurs de Terminator sont rallumés grâce à un anime en huit épisodes à découvrir sur Netflix. S’agit-il d’un retour atomique ou d’une vraie fin du monde pour la franchise de James Cameron ? On a déjà notre petite idée.

En analyse de l’image, la persistance rétinienne désigne la capacité de l’œil à garder en mémoire quelques instants un objet ou une personne après son apparition. Dans le cas de Terminator, impossible de ne pas penser à l’œil rouge furieux des robots venus du futur pour exterminer l’humanité. Et cette persistance dure depuis 40 ans, puisque le premier volet réalisé par James Cameron est officiellement sorti en salles en 1984, avec Arnold Schwarzenegger et Linda Hamilton dans les rôles principaux.      

Tout cela ne rajeunit personne, et surtout pas le premier opus rétrospectivement très pénible à regarder. Mais impossible de ne pas saluer l’avant-gardisme du film de science-fiction grand public qui, bien avant Matrix et ChatGPT, prophétisait l’émergence des machines savantes et incontrôlables.

Oui, il est ici question de la fameuse intelligence artificielle désormais sur toutes les lèvres et que Cameron imagina avant tout le monde avec Skynet, la très méchante IA à l’origine d’un feu nucléaire censé détruire l’espèce humaine.

©Netflix

Impossible d’imaginer que Netflix n’ait pas eu les 40 ans du Terminator en tête au moment d’imaginer la première série animée dédiée au colosse de fer, où l’IA occupe évidemment une place centrale. Mais, après plusieurs films pressés comme du mauvais jus de citron et une licence tirée jusqu’à la corde – la série télévisée Les Chroniques de Sarah Connor –, il y avait tout de même de quoi s’interroger sur cette énième sortie du placard pour ces robots en métal liquide qui ne sourient jamais.

Une série garantie sans Schwarzy

Disons-le d’emblée : Terminator Zero dit clairement « hasta la vista, baby ! » aux six films réalisés entre 1984 et 2019. Et si l’arc narratif reste le même, avec un Terminator venu du futur pour corriger le passé en tuant des humains, cette série d’animation prend rapidement ses distances avec la franchise historique. Et c’est extrêmement rafraîchissant.

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À celles et ceux qui auraient espéré voir Schwarzenegger en anime, c’est raté. L’histoire prend cette fois place en 1997 au Japon – grande première ! –, avec dans le rôle du héros principal Malcolm Lee, un chercheur ayant bâti Kokoro, une IA bienveillante destinée à contrer Skynet. À l’autre bout du tunnel temporel, en 2022, on retrouve Eiko, une résistante téléportée 25 ans plus tôt pour empêcher Malcolm de se faire liquider par le Terminator.

Au milieu de ce combat entre le bien et le mal, entre le futur et le passé, et entre deux IA que tout oppose, les trois enfants du scientifique ainsi que leur nounou Misaki. Et pas mal de violence et d’hémoglobine, Japon oblige.

Made in Japan

L’autre grand absent du générique de Terminator Zero ? C’est James Cameron. Le réalisateur américain à qui l’on doit également Titanic ou Avatar est absent des crédits. Et là encore, le changement de casting est bénéfique : l’écriture a été confiée à Mattson Tomlin (déjà aperçu sur The Batman en 2022 et sur sa suite prévue pour 2026) et, pour le reste, c’est le studio nippon Production I.G., à qui l’on doit notamment l’adaptation de Ghost in the Shell, qui est à la manœuvre.

©Netflix

Un premier gage de sérieux auquel il faut ajouter les remarquables animations de Masashi Kudō, reconnu pour son travail sur Bleach. Et dont le travail sur Terminator Zero est absolument impeccable, puisqu’il réussit à faire oublier les lourdes influences américaines pour, à l’inverse, injecter du Japon de son enfance ainsi qu’une empreinte « godzillesque ».    

Last but not least, les fans seront heureux d’entendre la voix de Timothy Olyphant (le doubleur du Terminator) et le duo Michelle Birsky et Kevin Henthorn pour les musiques originales, à la fois éthérées et minimalistes, dans la veine Blade Runner. En résumé, il était sur le papier difficile d’imaginer meilleure dream team pour redonner vie à ce Terminator un peu rouillé.

Un reboot salutaire

Le visionnage des huit épisodes achève quant à lui les derniers doutes : en combinant un passé nostalgique (une franchise culte pour au moins trois générations) et un enjeu très actuel (l’intelligence artificielle et ses dangers), Terminator Zero vise encore plus juste que Schwarzenegger dans son perfecto en cuir. Parce qu’elle s’affranchit du poids de la saga par le format anime, la série réinvente littéralement cette histoire alambiquée de retour vers le futur du passé.

©Netflix

La chasse à l’homme entreprise par le Terminator pour refroidir le chercheur Malcolm Lee et ses enfants, comme les questionnements éthiques de l’IA Kokoro sur l’intérêt à sauver cette humanité si coupable, sont autant d’éléments accessibles aux ados comme aux adultes.

L’ambiance poisseuse, la durée des épisodes (30 minutes) et l’esthétique en clair-obscur font le reste : Terminator Zero se regarde comme un thriller tokyoïte qui vire parfois au film noir. À la différence qu’ici, le tueur en série ne craint pas les balles. Mais le final de l’épisode 8, lui, réserve son lot de surprises. De quoi espérer une saison 2 ? Laissons le temps au T-1000 de revenir dans un futur prochain. Mais pour l’heure, cette réanimation se révèle clairement tout sauf artificielle.

Terminator Zero, dès le 29 aout sur Netflix (série en huit épisodes).

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